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  • Ven 5 Jan - 22:03
    Une mouette plana tranquille, son repas coincé dans son bec pendant qu'elle cherchait un lieu où se poser, à l'abri de ses voraces congénères. Un navire se mouvait lentement, se rapprochant lentement de Brumerive, vers ce qui ressemblait à un arsenal naval construit de briques et de brocs. L'oiseau marin n'était pas effarouché par la silhouette du navire, faisant le tour en profitant gracieusement de la légère brise qui remontait des flots tranquilles. Elle vira sur l'aile pour se poser sur la figure de proue carbonisée. Elle hésita à poser ses pattes palmées à l'agression olfactive de la résine qui émanait de la sculpture à l'allure totalement méconnaissable. Sa pêche était toujours dans son bec, elle se posa dessus, tant pis pour l'odeur. Toute fière d'avoir pris un maquereau, elle commença à le becquer, morceau par morceau, au rythme des petites vagues qui se brisaient sur l'étrave. Soudain, un bruit de chaîne intense claqua juste derrière elle, côté bâbord. La mouette s'envola d'un coup, en délaissant son dîner, lâchant un cri rauque de peur doublé de frustration. Le Charbon Ardent stoppa sa lente mouvance. La lourde chaîne cliqueta en se tentant. La corvette venait d'arriver à côté d'un quai qui aurait mérité d'être plus solidement construit.

    "Voulez-vous que j'aille voir le Vieux Charpentier, Capitaine ? "

    Frenzo, voyant la mine du demi-elfe, se demandait s'il l'avait entendu surtout. Altarus passa la main sur son visage, tout en inspirant longuement. De son autre main gantée, il se retenait à la rambarde comme s'il craignait de ne plus pouvoir tenir debout. Le Blondin ne put s'empêcher d'être perplexe. Déjà la veille, il avait vraiment redouté le pire pour le borgne, débarquant à terre avec quelques marins, avant de voir la pagaille qui se trouvait autour de la taverne du Brochet Cramoisi. Tout le monde avait été foutu dehors ? En interrogeant quelques pirates dépités, il put apprendre qu'une soirée arrosée prometteuse s'était terminée à cause d'un languard trop bavard, qui avait cru bien jouer les délateurs auprès de Bigorneau. Rien que ces deux faits avaient suffi à faire blêmir Frenzo, qui avait pressenti ce genre d'emmerdes. Mais la suite ne le rassura qu'à moitié. Alors, il avait décidé de jouer les pieds de crues, d'attendre que le Capitaine sorte de là-dedans, non sans manquer de sortir son sabre pour entrer à l'intérieur quand il crut à un début d'échauffouré, avant d'entendre des ovations et des rires.

    Il avait pu patienter quasi toute la nuit, avant de récupérer un Capitaine un peu shooté. Qu'est-ce qu'il avait pris pour être à moitié... comme le définir ? Puisque c'était la toute première fois qu'il le voyait dans cet état.

    "Bon sang, Capitaine, c'est pas sérieux..."s'était-il alors exclamé, avant de l'entendre maugréer une petite série d'injures, quand aux effets d'une certaine poudre.

    Altarus déglutit. On était le début d'après-midi et les effets de la poudre verte n'étaient pas totalement estompés. Son corps n'avait pas fini de les purger. Le cœur se mit à battre plus sourdement en même temps que son estomac manqua de se révulser ! Par les abysses, il avait l'impression d'avoir pire que cette sensation de mal de mer qu'il avait ressentie en voguant pour la première sur le Cetus, après près d'un an à demeurer à terre.

    "Capitaine, vous devriez...."
    "Ça va, Frenzo...."Fit le capitaine en marmonnant, tout en levant sa main libre pour le rassurer. "Peux-tu voir avec le maître coq pour qu'il me prépare une tisane..."
    "Une tisane... d'accord Capitaine... une tisane à quoi ? "
    "Menthe, thé vert, mélisse..."

    Frenzo hésita quelques secondes, regarda son Capitaine qui essayait de se redresser un peu pour se donner meilleure mine, puis alla voir le cuistot.

    Altarus entendit son Second s'éloigner par le bruit de ses bottes épaisses sur le pont. Il soupira. par les Abysses ! Jamais il n'aurait dû accepter de respirer cette horreur verdâtre. Il avait réussi à sombrer dans les bras du sommeil, quelque peu agité toutefois. Son esprit était encore un peu altéré par les effets de la drogue. Il le sentait bien, essayant de faire un point global de la soirée de la veille avec Bigorneau... Bon sang, qu'est-ce qu'il avait plus déblatéré comme fadaise... et maintenant, il devait assumer tout ce qu'il avait plus dire comme conneries... Mais à bien y penser, n'était-ce pas le fond même de ses songes qu'il avait laissé sortir par les effets de la substance. Il exprima et inspira plus longtemps pour savourer l'odeur saline de la mer... mélangée à quelques effluves peu agréables et indéfinissables. Lentement, il retenta de faire le point de la soirée d'hier, quitte à réfléchir plus longuement.

    Il avait donc accepté de rejoindre la flotte de Bigorneau... Bigorneau qui avait plus ou moins accepté sa "trahison" avérée lors de l'offensive de Kaizoku, après qu'il lui ait narré les circonstances de son choix à cet enfer naval et de ce qu'il avait concédé à lui dévoiler de ses découvertes sur l'Assemblée et de son désir de faire tomber ce qui restait des Sorcières qui la composaient. Il y avait des points qu'il n'avait pas soulignés, qu'il avait sciemment omis. Heureusement qu'il n'avait pas pris la poudre verte avant. Et... Bon sang, son esprit lui échappa encore... Ah oui, cette idée stupide de prendre la place d'un Frère de Côte...Kaizoku devait renaître, et comme l'avait dit Bigorneau, pour une nouvelle ère de pirates, sortant de cette gangue moisissante tenue par des arrières de Frères ou de Soeur de la côte.

    "Capitaine ? "

    Altarus se crispa de surprise. Il n'avait pas entendu Frenzo revenir. Ce dernier lui tendit une tasse en céramique, d'où sortait une longue langue vaporeuse.

    "Merci...."
    "Vous paraissiez songeur."
    "Je refaisais le point de la conversation d'hier, avec Bigorneau, quand aux implications que j'impose à tout l'équipage en ayant accepté de rejoindre sa flotte. "
    "Vous avez capitaine, vous n'avez jamais vraiment eu Bigorneau dans votre cœur, et certains de ses potes. Mais, vous aussi, comme nous autres, sommes des pirates. Bon, p'eut-être d'un autre genre, quand on voit les autres loustics, mais p'eut être, c'était dans l'ordre des choses et que vous deviez en arriver là ? Digérez tout ça et repensez y dans quelques jours... et si vous alliez vous mettre dans vot' couchette ? "
    "Tu as raison Frenzo... sauf pour ta suggestion de retourner dans ma cabine. Bien tenté, mais je ne suis pas totalement à la dérive.

    Frenzo gloussa.

    "J'aurais tenté, ouais. Quand vous débarquerez, prenez au moins deux gars pour vous assister, c'est toujours mieux que rien. Quand Bigorneau traîne à Brumerive, il n'est jamais seul et vous le savez. Il vous peut être écouté, mais je ne sais pas si les autres sauront le faire. "
    "Je prendrai deux marins, si cela te rassure. De ton côté, prépare la corvette pour qu'il y ait l'espace nécessaire pour les hommes du Vieux Charpentier. S'il y a les bonnettes espérées, je souhaite que les améliorations se fassent dans les meilleures conditions. Et briefe l'équipage, tant que cela que pour les réactions à éviter en cas de provocation de la part des hommes des autres équipages présents à Brumerive. "
    "Oh, c'est déjà fait cela, Capitaine, quand j'ai manqué de monter une expédition de sauvetage..." Et Frenzo rit, avant d'exécuter ce que le borgne venait de lui donner à faire.

    Altarus but déjà une première gorgée de sa tisane. Encore brûlante, elle le fit bien grimacer quand elle descendit le long de son œsophage. Au moins, ça réveillait son esprit engourdi. Une fois qu'il aura fini, il débarqua à terre, vers cet arsenal qui en méritait à peine le nom... Comment le Vieux Charpentier arrivait à travailler dans un tel taudis ? Il prit plusieurs dizaines de minutes à terminer de boire son breuvage tout en laissant un peu faire son œuvre. Ce n'était pas un remède miracle, mais au moins, cela soulageait sa nausée chaotique comme sa bouche sèche. Pour le reste, il avait la sensation de fluctuer dans une drôle de gueule de bois.... Ce faisant, il n'avait plus qu'à débarquer et voir ce que le Vieux Charpentier pourrait faire. A défaut d'avoir déjà le matériel visé, il faudra voir combien de temps il pourra les lui fabriquer... ou alors, dernière solution... se mettre en chasse. Cette idée ne lui plut guère, mais pour armer son navire qui était compté dès à présent dans la flotte de Bigorneau ; d'une certaine manière...

    La flotte pirate de Bigorneau... La jovialité de la nuit précédente avait été intense. Mais elle n'effacera pas complètement les différences qu'il y avait entre lui et l'élémentaire. Des discussions houleuses, il y en aura, c'était certain. La tragédie de Kaizoku avait été un profond traumatisme. Qui sait, Bigorneau avait peut-être pris un peu de plomb dans la cervelle cette fois. N'avaient-ils pas été tous les deux d'accord sur deux points hier soir ?

    *Ou parce que j'étais sous l'influence de la poudre verte ? *

    Il faudra qu'il ait l'esprit totalement libéré pour réellement réfléchir à la question. Sauf si Bigorneau venait à le faire chercher...

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    L'Amiral Bigorneau
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  • Sam 6 Jan - 20:31
    "FRIVOLLE ! IMBÉCILE, QU'EST-CE QUE TU M'AS FOUTU ?"

    Sonné par le soudain éclat de voix de l'Amiral, le triton tête-en-l'air lâcha une caisse de bananes dont le couvercle s'offrit en cognant contre les planches du quai de fortune. Les fruits se déversèrent par terre, roulant d'une façon vaguement comique du fait de leurs formes et se dispersant un peu partout. Le pauvre pirate voulut s'élancer pour rattraper les fuyardes sucrées qui se faisaient la malle, mais un tentacule aqueux né de la mer vint se former à ses côtés pour le fouetter au visage, lui administrant une gifle glacée que la chaleur d'une joue rougissante de douleur vint vite remplacer. Projeté sur son derrière par la force de la baffe magique, le jeune Frivolle se retrouva face à l'Amiral :

    "Beuh je... je mets les caisses de vivre sur le pont principal, Amiral ?"

    "Et elles vont où, les caisses de vivre, après ?

    "Euh... en... en cuisine ?"

    Bigorneau dévisagea un moment son idiot de compagnon, avant de soupirer tout en s'agrippant le visage à deux mains. Il se massa un moment l'arête de la truffe, puis vint appliquer contre ses paupières fermées deux doigts, comme pour évacuer un peu de sa frustration en se privant de la vue de l'ahuri qui lui faisait face. Bougonnant dans sa barbe, l'Amiral répéta :

    "En cuisine, qu'il me dit..."

    Sentant la salve de gifles arriver, le petit pirate mit instinctivement une main partiellement palmée devant son visage en guise de maigre protection face à la tempête qui s'annonçait, mais cela n'eut aucun effet car les nombreux tentacules qui suivirent vinrent le frapper derrière le crâne en une succession de claquements mouillés. Frivolle bondit suite au premier coup en poussant un piaillement et se retrouva face contre terre, le cul en l'air et les mains rabattues derrière sa tête. A moitié sanglotant, le moussaillon se mit à répéter frénétiquement :

    "J'suis désolé Amiral ! J'suis désolé ! AÏE ! J'suis déso-AÏE ! AÏE ! J'suis désolé !"

    Bigorneau, aussi furieux qu'implacable, fondit sur sa cible et se pencha en sa direction tandis que les formes aqueuses continuaient de tourmenter le petit gars. Beuglant au point de postillonner, l'Elémentaire lança :

    "EVIDEMMENT QUE T'ES DÉSOLÉ ! MOI JE SUIS DÉSOLÉ QUE TA MERE T'AIT PONDU AUSSI CON, VAURIEN !"

    Les tentacules cessèrent et retombèrent une par une en retournant se mêler aux vagues. Récoltant une banane posée à ses pieds, Bigorneau secoua le fruit vers le malheureux qui se redressait tout juste, puis vint lui tapoter le nez à plusieurs reprises à l'aide de la tige ornant la banane.

    "La bouffe va pas sur le pont et certainement pas n'importe où en dessous, elle est entreposée dans la chambre sèche ! Comment veux-tu qu'Eustache cuisine ce qui a pris la flotte, bougre d'andouille ?! On va manger des bananes salées en bouillie, peut-être ?!"

    La fameuse chambre sèche, nécessaire invention du fait de la nature magique du vaisseau subaquatique, était devenue un élément clé de leurs voyages. Malgré des dimensions réduites qui empêchaient de s'équiper trop lourdement en matériel fragile ou trop sensible à l'humidité, elle avait le mérite de sauver les cargaisons de nourriture que pouvait ensuite préparer le Homard géant lors des passages en surface.

    "J'avais oublié, Capit... AMIRAL !"

    "Beh ouais, t'avais oublié... t'avais oublié quoi, qu'on était submersibles ?! Je suis venu te chercher à Aquaria à la nage, débile profond ?"

    "N-non, à bord de la Ginette, chef... ch-capit-Amiral !"

    "VA ME FOUTRE CES CAISSES OU ELLES DOIVENT ÊTRE, AVANT QUE JE T'ÉGORGE ! AU PAS DE COURSE, MARIN D'EAU DOUCE !"

    Le concerné s'exécuta en réprimant ses larmes. Bigorneau fit une dernière fois mine de vouloir le frapper à grand coup de bananes, mais réussit à calmer ses nerfs et à retourner vaquer à ses occupations d'origine. Faisant volte-face pour retourner vers Brumerive, il éplucha le fruit qui lui avait servi d'arme jusqu'à présent avant d'en mordre un gros morceau, tout en jaugeant d'un œil sévère ses troupes. Il y avait du relâchement et les jeunes gens qui remplaçaient les morts avaient tout à apprendre de leurs anciens. Son balayage de routine se conclut enfin lorsqu'il aperçut non loin d'ici la silhouette du vaisseau commandé par le demi-elfe. Bigorneau claqua des doigts puis fit signe au petit axolotl blanc qui passait près de lui :

    "Mr. Doudou, chargez-vous de superviser la logistique. Je reviens."

    Lorsqu'Altarus posa pied à terre, Bigorneau avait déjà traversé l'île en direction de son point d'amarrage et fut l'un des premiers à accueillir le borgne. Sa banane pas encore tout à fait terminée, il salua de la main l'homme qui se trouvait en bout de pont et qui ne semblait pas particulièrement ravi de revoir son nouvel Amiral. Tout sourire, l'Elémentaire lança :

    "Altarus, mon frère ! T'es-tu remis de notre dernière soirée ? T'es moins vert que la dernière fois que je t'ai vu, mon vieux !"

    Il parcourut la moitié de la distance le séparant de son nouvel associé et le borgne fit de même. Bigorneau balança la peau de son fruit à l'eau, avant de se jeter sur Altarus pour lui offrir une chaude embrassade. Après lui avoir un peu tapoté le dos, il s'éloigna :

    "J't'ai connu plus épais. J'avais pas remarqué pendant la sauterie, mais t'as maigri non ? Bref, on s'en cogne. T'es occupé ? 'Faut qu'on cause. Pas de poudreuse cette fois-ci, ça te réussit qu'à moitié."

    Les hommes s'occupant du débarquement avaient l'air autrement plus sérieux que les siens. Un peu jaloux, Bigorneau se ragaillardit et invita son camarade à le suivre vers le cœur de l'île.
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    Altarus Aearon
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  • Dim 7 Jan - 15:05
    Un instant, il s'arrêta pour se frotter l'œil. Bon sang, il avait l'impression d'avoir le mal de terre, en plus d'avoir encore un reste d'effet gueule de bois... Il aurait dû demander à Frenzo de lui préparer une flasque de tisane en plus. Une seule tasse ne suffira pas à soulager certains de ses maux avant demain matin. Soupirant, faisant fi du regard de ses deux hommes qui l'accompagnaient et qui attendaient silencieusement qu'il se remette en route, il leva sa tête pour voir où se trouvait le baraquement du Vieux Charpentier. Ça grouillait d'un peu de monde sur ces chantiers, quand bien même il y avait un ou deux navires potables qui demandaient quelques réparations. Le reste ? des restes d'épaves qui pourrissaient sur le sable, un peu plus loin des quais, attendant d'être disséqués pour récupérer ce qui était encore potable pour être flanqué sur un autre navire... On était loin des cales sèches de Kaizoku ou des arsenaux de Mael.

    Se demandant s'il allait pouvoir discuter avec le vieux charpentier, il reprit sa marche, suivi de ses deux hommes d'équipage, un peu pressés bizarrement de vouloir quitter le quai qui craquait sinistrement au passage de certaines vagues contre les piliers qui le supportaient. Manquerait plus qu'il s'écroule sous leurs bottes, ce serait le comble ! Altarus perçut, lui, le très léger oscillement de tout l'ensemble. Il ne sourcilla même pas, point surpris de cet effet, qui en disait long sur la qualité et la solidité de tout l'ensemble de cette construction. À se demander comment ça pouvait rester aux tempêtes. Sans doute qu'on le réparait à chaque fois ? Au lieu de viser un quai, un vrai, un solide ! On privilégiait des réparations avec des bras cassés ? Il tendit son regard vers la plage toute proche... un bon moyen de recycler les restes de planches des coques délabrées, en attendant de trouver mieux sans doute... ça coûtait moins cher et quémandait moins de matériaux.  avec Kaizoku détruite, c'était un peu une période difficile pour ce qui était de se réapprovisionner convenablement... ou alors, vu la nature de base de Brumerive, tout le monde s'en foutait un peu. Si c'était bien cela, Altarus y trouvait un manque de sérieux... Hum, il était encore trop tôt de toute façon pour proposer quelques projets fiables pour Brumerive, pour l'instant... Il y débarquait à peine, avait tout juste accepté de se joindre à Bigorneau et sa flotte, il devait faire preuve d'un peu plus de présence avant d'être pris plus au "sérieux"

    Bon, avant toute chose, avant de disperser son esprit en des projets possibles, mais qui étaient à reporter pour plus tard pour l'instant, il devait s'occuper de sa corvette et de ses foutues bonnettes. Dire qu'hier, il avait espéré voir les améliorations au plus tôt. Et là, rien n'était encore engagé pour l'instant.

    À peine ses bottes firent crisser le sable sous les semelles, que le vieux borgne tourna sa tête en direction d'un individu, le héla non loin de lui. À croire que Bigorneau était déjà aux aguets depuis l'aube et qu'il avait tenu à être présent pour l'accueillir. Altarus ravala un autre soupir quand il lui rappela une partie de la soirée d'hier.

    "Bigorneau... Comme tu peux le voir, je suis debout. Je peux répondre par l'affirmative que je suis plus ou moins remis de nos.... joyeuses retrouvailles, même si en vrai, je déborde moins d'énergie que toi..."

    Par politesse, il se dirigea vers lui aussi, pour le saluer plus dignement. Et là où il se préparait lui à faire une poignée de main, ce fut pour se retrouver dans les bras puissants du pirate aquatique, qui ne manqua pas de lui montrer tout le plaisir et l'enthousiasme de le voir. Le demi-elfe réussit à se décrisper et à tenter d'imiter son comparse dans cette chaleureuse embrassade. Après qu'il eut manqué, comme la veille, de sentir ses poumons se décoller de la plèvre après le vigoureux tapotement dans le dos, Altarus haussa un sourcil circonspect dès qu'il entendit de la bouche de Bigorneau. Non pas pour le faire qu'il le trouvait maigri, mais qu'il voulait lui parler. Cela avait l'air sérieux.

    "J'ai perdu de la masse pour t'épargner un tour de rein... Je prévoyais d'aller voir le Vieux Charpentier pour parler de la mise en place de bonnettes sur le Charbon Ardent..."Il comprit qu'il ne pourra pas s'en occuper, une fois de plus. On ne réchappe pas de Bigorneau quand il vous harponnait pour converser. Heureusement, il n'avait ses deux marins avec lui. Frenzo fera de sacrés bonds encore, quand il apprendra que son capitaine était parti en vadrouille seul.

    Altarus se tourna vers ses deux hommes d'équipage.

    "Ranold, Falaran... Allez voir le Vieux Charpentier de ma part. Vous savez ce que je veux avec ces bonnettes. "

    Les deux humains hochèrent de la tête. Altarus les remercia pourun hochement de tête et se retourna vers Bigorneau.

    "Allons donc causer. Et je peux te le confirmer, la poudre verte n'est pas du tout faite pour moi... Cela t'épargnera de m'en offrir et donc préservera ta réserve personnelle. "

    Il se mit donc à le suivre, de plus en plus poussé par la curiosité de ce que lui voulait l'Amiral.
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    L'Amiral Bigorneau
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  • Lun 8 Jan - 3:30
    Lorsqu'il entendit "Le Vieux Charpentier", Bigorneau claqua instinctivement des doigts et fit mander deux autres forbans pour qu'ils viennent se joindre à Ranold et Falaran. Les deux tritons affairés pour l'heure à nettoyer une coque d'un navire ramené à terre abandonnèrent leur besogne pour venir tendre l'oreille. L'Amiral leur pointa du doigt une cabane située un peu plus en amont, puis leur dit avec un sérieux contrastant avec sa gaité habituelle :

    "Vous lui dites que c'est de ma part, au vieux. Hors de question qu'un gars de ma flotte paye plein pot pour ce genre de dépenses essentielles. Que dis-je, d'ailleurs... NOTRE flotte !"

    Si l'Amiral représentait un danger même pour ses confrères, travailler de concert avec lui présentait un indéniable lot d'avantages. S'il était davantage une figure redoutée qu'appréciée, Bigorneau figurait tout de même parmi les pirates les plus influentes de Brumerive. Il n'avait pour lui que son courage et sa folie, mais c'était bien assez pour contenter une bonne partie des flibustiers de l'île et ainsi les convertir à sa cause. Passant bien plus de temps en mer qu'à terre, ses hommes et lui avaient tout de même apporté au village côtier une belle somme d'or qui venait alimenter l'économie de l'entièreté de la zone, ce qui était particulièrement apprécié par ceux qui ne juraient que par la richesse et la gloire.

    Tapotant l'épaule de son nouveau collègue, Bigorneau observa les quatre gaillards qui s'éloignaient des planches pour rejoindre la plage puis, après un soupir dans lequel on lisait aisément sa joie, il reprit pour Altarus :

    "Fais pas les trucs dans ton coin mon vieux. On bosse ensemble et ton expertise n'est pas gratuite. Crois pas que je lésine sur les coups de main sous prétexte que j'ai un caractère de cachalot, pour reprendre tes expressions..."

    Ensemble, pas l'un pour l'autre. Malgré ses innombrables défauts, Bigorneau mettait un point d'honneur à intégrer ses plus précieux alliés à chacune des conversations menant à une quelconque évolution de la direction que prenait la flotte. Les vapeurs de poudre verte avaient peut être pris une place importante dans leur précédent échange mais l'Amiral n'avait pas la mémoire courte et pensait chaque mot que lui avait fait prononcer son esprit de grandeur lors de la soirée passée. Ensemble, ils accompliraient beaucoup. Le borgne sachant qu'il n'avait pas été alpagué en vain, il anticipa les propos de l'Elémentaire qu'il consentit à accompagner durant sa petite balade. Le sourire aux lèvres, Bigorneau chassa un crabe qui semblait tenir à s'immiscer dans ses cheveux, puis il compléta :

    "Ouais, on va parler. Rien dans la truffe cette fois-ci, mais je vais pas t'épargner pour autant. L'soleil est haut, 'faut pas se dessécher ! On boit un coup !"

    Croyant pressentir un début de protestation de la part du demi-elfe, l'Amiral déjà en marche fit prestement volte-face pour faire à son interlocuteur, coupant court à toute forme de négociation. Saisissant le bras d'Altarus, il se mit à tirer dessus pour l'amener avec lui dans un élan jovial :

    "Ta-ta-ta, pas de refus envisageable ! Tu viens et tu te murges avec ton copain, vieillard !"

    L'âge avancé de Bigorneau ne paraissait pas l'empêcher de se comporter en véritable boute-en-train. Il dansa pour se replacer face au sentier et bondit sur place en tapant ses talons l'un contre l'autre, révélant malgré cinq siècles de débauche son agilité de véritable bouffon. S'avançant fièrement jusqu'à une petite case sans prétention dans laquelle avait été entreposée un peu de victuaille, il enfonça la porte du cabanon à grand coup de botte et pénétra à l'intérieur en sifflotant de joie.

    L'endroit était particulièrement exigu et la décoration laissait à désirer. Bigorneau avait du goût lorsqu'il s'agissait de vêtements, bien que ceux-ci soient discutables, mais il n'avait en revanche aucune attache aux propriétés terrestres. Du fait de cette satanée malédiction qui l'empêchait de passer trop de temps à terre, il n'avait pas le temps malheureusement de se consacrer à de si légères considérations. D'une manière tout à fait ridicule, l'Amiral effectua sur le bureau une roulade pour ensuite retomber lourdement de l'autre côté, disparaissant momentanément à la vue du borgne tandis que des bruits de verre accompagnés de marmonnements se faisaient entendre derrière.

    "AH ! La voilà !"

    Une bouteille qui ne paya pas de mine apparut alors, tendue comme un véritable calice par un Bigorneau fier comme un coq qui vint réapparaître, le sourire aux lèvres. Lâchant deux petits gobelets métalliques sur la table où étaient entreposée cartes, compas, boussoles et autres ustensiles, il approcha le breuvage secret de son compère, avant de murmurer comme si le moindre son risquait de porter atteinte à la qualité du breuvage :

    "Du rhum, oui, mais pas n'importe lequel ! Regarde-moi ça, mon pote !"

    Abattant le cul de la bouteille sur le bois, il se cacha derrière, déformant ainsi son visage azuré derrière le liquide en mouvement sur lequel il louchait avec attention :

    "Tu vois ce qui flotte là-dedans ? C'est de la putain de vanille. Déjà, c'est fort qu'on ait pu mettre la main là-dessus. Mais approche-toi un peu... Tu vois les bidules qui marinent en haut ?"

    Se collant presque à la bouteille, il se releva d'un bond et tapa du poing sur la table, avant de hurler :

    "GLANDES A VENIN DE GÉOMI ! DES VRAIES !"

    Dodelinant un peu, il fit jongler le rhum entre ses adroites paluches avant d'en ôter le bouchon d'un bon coup de croc. Tirant l'objet par la lucarne faisant office de fenêtre à la cabane, il entendit un petit "aïe" au loin mais ne s'en soucia guère. Les glandes, fort heureusement, ne traversaient pas le goulot quand le rhum se déversait. Avec attention, il balança le liquide à l'intérieur des petites chopes et en repoussa une vers son confrère. Ca se respectait, un tord-boyaux pareil !

    "T'en fais pas, elles sont séchées. Y'a rien qui va te tuer à l'intérieur de ces trucs. 'Fin s'il reste du venin, y'en a presque plus. Tu t'en remettras, c'est pas ça qui va te carboniser le ciboulot. BREF !"

    D'un bond, il se jeta dans son fauteuil à roulettes qui râlota un peu sous son poids, avant d'entrer dans le vif du sujet, verre en main :

    "Alors, mon bon Altarus... Hier, on a parlé de l'épineux, de l'agaçant, du dur à avaler. Aujourd'hui, je veux qu'on cause plaisir ! La piraterie, c'est la bagarre et l'aventure, mais c'est aussi le bonheur offert par le reste. De quoi t'as besoin, qu'est-ce qui te chiffonne, de quoi tu rêves. Je veux TOUT savoir, absolument tout."

    Il envoya ses pieds sur son propre bureau, se mettant à l'aise tout en secouant allègrement son verre d'une main. De l'autre, il s'amusait à faire jouer entre ses doigts experts une piécette qui virevoltait déjà entre ses phalanges.
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  • Mar 9 Jan - 13:27
    Les deux hommes du demi-elfe regardèrent le Bigorneau, notant sans mot dire les détails, se tournèrent vers leur Capitaine, qui leur fit un léger hochement de la tête pour approuver silencieusement les paroles énoncées, tout en ayant un regard insistant à leurs égards. Les deux comprirent : le capitaine ne voulait pas qu'il y ait d'embrouilles avec les deux lascars qui les rejoignaient, que ce soit en provocation ou en moquerie. Ils avaient une tâche : les bonnettes. Deux hommes et deux tritons pouvaient très bien provoquer... quelques étincelles.  Après quoi, Ranold et Falaran, suivis des deux comparses, partirent donc en direction de la vieille cabane qui avait été désignée par l'Amiral.

    Son objectif de la journée fait, Altarus ne pouvait pas vraiment se défiler de Bigorneau, surtout quand celui-ci avait provoqué une certaine curiosité. Le pirate élémentaire ne faisait jamais les choses à moitié, même si souvent, c'était abordé ou fait de manière chaotique, au petit bonheur la chance... Après avoir jeté un dernier regard à ses deux marins et s'être amicalement fait tapoter l'épaule ; il finira par s'y faire, maintenant qu'il était voué à croiser Bigorneau TRES souvent, Le borgne comprit très bien l'échange de procédés que lui précisait son camarade. 

    "Force de l'habitude de m'occuper de mes navires sans échange de service. Je saurai rapidement m'y faire, même si ton caractère de cétacé bouffeur de calamar viendrait à se montrer plus piquant.."Petit pic lancé à Bigorneau sur un ton légèrement amusé ? Il semblerait que cela était le cas. 

    Le demi-elfe suivit presque côté à côté l'élémentaire d'air. Celui-ci parla de se rincer le gosier, sous prétexte du soleil trop désséchant. Altarus allait en effet protester, mais n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche que l'Amiral se retourna vivement pour lui faire face. Il lui attrapa en même temps le bras, pour couper toute retraite possible, tout en l'amenant vers lui, pour toujours le suivre et pas trouver une passe pour s'en retourner en arrière. 

    "Hum..."Se  contenta de répondre le capitaine, voyant qu'il ne pourrait pas esquiver de boire quelque chose. Oui quelque chose... car là, étrangement, Altarus pressentait déjà que le danseur enjoué qui s'extasia en petits bonds heureux et claquant des talons en l'air, comme un homme heureux d'apprendre sa bonne fortune, que ce qu'ils ingurgiteraient ne sera pas de la boisson de haute qualité, comme de la liqueur d'orangé, de l'hydromel ou encore du bourbon... 

    Arrivé à une petite cabane, Bigorneau y entra le premier, après l'avoir sans grâce d'un bon coup de bien. À se demander comment elle avait résisté sur l'instant. Altarus entra à son tour, observant l'intérieur qui avait le strict minimum en termes de mobilier ou de décorations. Si on pouvait nommer cela des décorations.... Roulant de l'œil quand Bigorneau fit ses simagrées acrobatiques sur le bureau qui gémit au passage, Altarus se contenta d'attendre qu'il termine ses singeries. Il en faisait toujours un peu trop, de toute façon, quand il exultait de la sorte. Là aussi, le vieil homme devra s'y faire. 

    Après avoir farfouillé dans les tiroirs de ce qu'on pouvait quand même appeler un bureau, avec tout ce qui traînait dessus et avait le mérite d'avoir un véritable emploi pour un marin, le pirate sortit une bouteille et deux gobelets, qu'il déposa sur la table toute proche. Après quoi, Altarus fronça des sourcils en voyant la tête de Bigorneau déformée par l'effet loupe de la bouteille pleine de ce que l'autre appela du rhum. Son sourire denté parut énorme à travers le verre. Très gracieux... se permit de songer mentalement le borgne. Et ne parlons pas des deux yeux louchant sur des choses à moitié flottantes dans le liquide.

    L'œil bleu se posa d'abord sur les longues tiges sombres qui baignaient dans le rhum. Il reconnut sans peine des gousses de vanille. Au moins, ce n'était pas n'importe quel ingrédient. La vanille rendait le rhum plus doucereux.  Altarus n'aimait guère ce genre d'alcool, mais arrangé avec ce genre de condiment, il fera moins le difficile, sauf quand Bigorneau lui dévoila la nature des trucs plus arrondis qui surnageaient plus au-dessus. Il ne manqua pas de tiquer. 

    "Après la poudre verte, cherches-tu à tester une autre substance sur ma personne, Bigorneau ? Précise-le... que tu veux découvrir jusqu'où je pourrai tenir.....", tout en prenant une chaise potable qui ne risquait pas de céder sous son fessier, pendant que Bigorneau mettait plus de cérémonie à emplir les godets qu'à l'ouverture de la bouteille. Il prit ce qui lui fit tendu et s'assit. 

    "Même s'il en reste, cela risque de ne plus faire grand-chose en effet... L'esprit sera préservé... et grandement. "

    Il prit le temps de humer l'étrange breuvage. L'odeur du rhum lui piqua un peu le nez, et il perçut très bien la senteur vanillée derrière. Par contre, il peina à identifier l'autre effluve... Il y avait un côté boisé.... mais le reste, indéfinissable. Ça se relèvera une fois en bouche, une fois la force brûlante de ce rhum lui passer dans la gorge. Mais avant... Bigorneau voulait en savoir plus sur ses aspirations personnelles. 

    "Je ne suis pas quelqu'un de difficile et qui vise de grosses ambitions. Hormis de garder mes navires rutilants pour que la mer puisse ressentir ma fierté de veiller à ne pas laisser des épaves flottantes sillonner ses flots... je ne dis pas cela contre la Ginette, que tu prends soins pour qu'elle aille dans ses entrailles aquatiques... de parfaire mes échanges commerciaux... Il n'y a qu'une chose qui me tienne à coeur et plus encore maintenant qu'on a assisté à sa destruction. Kaizoku... Je veux la voir reverdirir, devenir une émeraude dans son écrin d'océan, redevenir entièrement nôtre.  Et surtout, voir l'Assemblée verser son sang pour payer le prix de leurs méfaits à l'égard de l'île, et de l'insulte faite aux pirates mêmes. En propos qui te parleront plus... je veux employer leur sang pour laver mon pont avec, avant de le jeter à la mer. Et ça, je ne peux pas le faire tout seul... La mer avec le jeu du destin a voulu qu'on se croise, pour unir nos rêves personnels en une seule et même cause....  "

    Il était déjà prêt à lever son godet.
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  • Sam 13 Jan - 1:30
    "Certainement pas. J'ai pas l'intention de t'apprendre à faire la fête, t'as passé l'âge de recevoir des leçons. Si t'es pas détendu aujourd'hui, tu le seras jamais."

    Disant cela en se frottant énergiquement l'œil car celui-ci le démangeait, il se retira un cil bleuâtre qui s'était logé dans son globe oculaire puis renifla avant de trinquer avec son camarade borgne; pour ensuite s'envoyer une bonne rasade de ce fameux rhum arrangé qu'il ne savourait qu'à peine, la conversation étant beaucoup trop pressante pour qu'il se permette de s'attarder sur le plaisir que pouvait lui procurer une telle boisson.

    "La Ginette est un cas à part. Tant que les runes qui la décorent restent opérationnelles et tant que j'passe pas l'arme à gauche, elle continuera de faire ce pourquoi elle a été conçue. Qu'elle soit couverte de moules et de bernacles ou rongée jusqu'à l'os par la pourriture, elle restera le navire fantôme que les marins d'eau douce redoutent. Tes vaisseaux n'ayant pas ce privilège, on va s'assurer qu'ils soient entretenus à ta convenance et selon tes besoins. Le Vieux Charpentier sait plus ou moins tout raccommoder mais si t'as besoin de modifications un peu plus... pointues, il va falloir qu'on fasse appel à des experts. Je connais du beau monde à Aquaria, si besoin."

    Saumâtre n'était pas particulièrement amateur des occasionnelles visites que menait l'Amiral au sein de la cité maritime mais en l'absence d'ingénieurs et de savants plus compétents dans le domaine, Bigorneau était bien forcé de s'en remettre à la sagesse des sirènes. Il aurait préféré pouvoir faire appel à des chercheurs plus "terrestres" pour éviter de s'attirer les foudres de son compère aux dents longues; malheureusement les préparatifs de la guerre qui s'annonçaient ne permettaient pas de contenter tout le monde. Altarus étant de la vieille école, il n'avait peut être pas l'envie d'investir dans de quelconque altérations magiques de ses navires mais en vue de l'importance de ce qui se tramait à Brumerive, il allait peut être changer d'avis sur la question.

    "Si tu crois que je vais laisser Kaizoku revenir gentiment entre les mains des petits conquérants aux couilles bleues, tu te fourres le doigt dans l'œil. J'ai pas chômé pendant mon séjour sous l'eau et je recrute des gaillards comme toi spécifiquement pour ce genre de projets, figure-toi."

    Restant pour l'heure nébuleux sur l'exacte stratégie qu'il comptait employer, il estimait qu'il était surtout nécessaire de s'entourer convenablement avant de réfléchir à une quelconque organisation bancale. Il avait de toute manière toujours été meilleur pour rassembler des hommes à envoyer au massacre que pour les positionner sur un champ de bataille. Un point ayant toutefois retenu son attention, il pointa l'index de sa main qui tenait le verre en direction d'Altarus et ajouta avec une gravité toute nouvelle :

    "Par contre, concernant l'Assemblée..."

    Un revers de sa dextre libre fit jaillir d'un seau un peu d'eau qui vint fouetter la fenêtre entrouverte pour la clore brusquement, réduisant ainsi la possibilité de laisser les oreilles indiscrètes se mêler de ce qui ne les regardait pas. Le problème, lorsqu'on s'entourait exclusivement de forbans, c'est que l'on était jamais pleinement convaincus de pouvoir s'accorder leur entière allégeance. Après avoir accordé un bref coup d'oeil à l'ouverture désormais close, Bigorneau retourna à la conversation en s'exprimant un demi-ton plus bas :

    "Je suis pas sûr qu'on puisse se permettre de les envoyer chier aussi frontalement que ces imbéciles de Frères-de-Cote. Premièrement, les frangins ont la faiblesse de ne pouvoir nous réserver que peu de surprises. Chaque pirate converti à notre cause est une recrue de moins pour eux. L'Assemblée, en revanche, a l'avantage du mystère et de l'inconnu. Je compte pas revenir sur ce que je t'ai dit hier, Altarus, mais 'faut bien que tu comprennes que malgré toute la colère que tu entretiens vis-à-vis d'elles, on va devoir la jouer fine..."

    Soutenant le regard du borgne avec intensité, il conclut :

    "Elles reviendront pour m'causer, tôt ou tard. Beros a disparu mais les sorcières ne vont pas s'priver de la force que représentent les pirates sous prétexte que Kaizoku s'est faite cramer. J'ai pour projet de leur enfoncer un poignard dans le dos certes, mais pas dans le torse. Crois-moi, si c'est moi qui te dis ça; c'est que j'ai vraiment trouvé aucune alternative. On a déjà les bleus et les frères à dos, sans compter l'Empire qui pourrait décider de se rebiffer contre nous s'ils craignent qu'on vienne les emmerder pendant qu'ils se bagarrent avec des engeances titanesques. J'ai pas vraiment l'opportunité d'aller taper la bavette aux représentants de la couronne draconique... ou dragonesque, j'ai pas le mot en tête... donc je saurais pas t'dire où on en est sur le plan relationnel avec l'Impératrice et son compagnon costaud. Me taper des magiciennes sorties d'on-ne-sait quel trou en prime, ça n'le ferait pas."

    S'envoyant une troisième rasade de rhum venimeux, il lança pour la forme :

    "J'imagine que t'as rien de neuf depuis hier ? On sait jamais, j'demande au cas où..."
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  • Dim 14 Jan - 10:09
    Après avoir entrechoqué son godet avec celui de son vis-à-vis, le vieux pirate se contenta de porter le godet à ses lèvres, pour d'abord y tremper les lèvres. Son œil bleu fixait Bigorneau. Il y avait toujours des leçons à apprendre, mais pas celles auxquelles l'élémentaire devait s'imaginer. Même s'ils étaient tous les deux âgés de plusieurs siècles ; le bleuté le dépassant largement, la vie avait toujours quelque chose à faire comprendre... Heureusement, Altarus ne philosophera pas dessus. Et puis, ce n'était pas le genre de sujet à aborder avec Bigorneau. Si celui-ci l'avait fait venir, ce n'était pas pour bavasser chiffon. 

    Le rhum arrangé toucha ses lèvres. Altarus se contenta de sourciller à la force du rhum qui était déjà brûlant. Il ne fit pas le difficile et but la moitié du breuvage. Bon sang, ce n'était pas de l'alcool, c'était un décapant ! De ce qu'il avait senti comme effluves explosa sur sa langue et dans sa gorge. De la petite note boisée qu'il avait perçue, il y eut... quelque chose de fumée ? À voir comment les glandes à venin avaient été séchées...Autant ne pas chercher à savoir en fait.  Il réussit à ne pas tousser pour mieux faire passer le breuvage. 

    "Je n'ai jamais été déçu du professionnalisme du Vieux Charpentier. Mais il est vrai qu'il n'est plus tout jeune... Je réfléchirai à de possibles modifications, à moins que tu aies déjà des suggestions ? "

    Il termina son godet, laissant la parole à Bigorneau. C'est lui qui avait les contacts avec ses experts Aquariens, sans doute par le biais de Saumâtre.  Jusqu'ici, il avait toujours apprécié la ligne racée de chacun de ses navires, même celle du Charbon Ardent. Mais le monde changeait, évoluait.  Les pirates comme lui, comme Bigorneau devaient se préparer à de nouvelles épreuves et à de nouveaux combats. D'ailleurs, ce n'était pas pour rien qu'il cherchait à reconstituer une flotte, il ne l'avait jamais cachée. Et il le confirmait, là, encore. 

    Quand l'Amiral revint sur le sujet de l'Assemblée, il entreprit de calfeutrer les ouvertures de son cabanon, en usant d'eau présente dans un seau qui traînait par là, pour interdire toute oreille indiscrète de se pointer et d'écouter la conversation qui prenait un nouveau tournant. Altarus n'en fut pas surpris. Certaines pirates ne changeront jamais, bouffant à tous les râteliers si cela leur permettait de répondre à leur soif insatiable de pouvoirs et de richesses. Silencieusement, il écouta l'élémentaire et ce qui parvenait à ses oreilles...son poing droit se serra et frappa le rebord de la table, suffisamment fort pour que son godet, heureusement vide, sursaute. 

    "Par les abysses, Bigorneau ! Tu concèdes à leur laisser encore une porte ouverte pour les piéger ? Qui te dit qu'elles n'ont pas prévu ce coup possible de notre part ? "

    Il ferma sa seule paupière tout en grimaçant. Il ne devait pas se laisser emporter dans la tempête de la colère. Bigorneau n'avait pas eu l'occasion d'affronter un des membres de cette foutue Assemblée, mais il avait été aux côtés de Beros quand elles avaient réussi à avoir sa flotte à leurs côtés pour leurs sinistres desseins. Il avait de ce fait une plus grande expérience de leurs contacts que lui. Et puis Bigorneau, c'était Bigorneau. Malgré sa bestialité et certaines voies douteuses quant à sa moralité de pirate, il était loin d'être stupide... Comme il l'avait affirmé juste avant, il n'avait pas chômé jusqu'ici pour réunir une nouvelle flotte, pour un bien plus grand projet ; qu'Altarus ne cherchait pas pour l'instant à avoir tous les détails. Il était encore bien trop tôt. Et puis, c'était le temps que les autres pirates oublient son revirement à Kaizoku. 

    Il soupira. 

    "Excuse-moi cet excès de colère...."

    Il attrapa la bouteille de rhum, remplit son petit verre, et le but d'une traite, non sans grimacer à la violence de l'alcool qui traversa son oesophage. 

    "Me demanderai-tu d'être moins hardi à vouloir mettre la main dessus pour les pourfendre ?  "

    Il déposa la bouteille à sa place de tantôt.

    "Et je te crois que tu affirmes que tu n'as pas d'autres alternatives... "

    Bigorneau avait eu sa part de mauvaises expériences avec ces foutues sorcières. Il n'était pas lui, véritablement déterminé à lâcher l'affaire quand à en apprendre plus sur elles. Mais de l'autre bord, il ne pouvait fermer la porte à Bigorneau. Restait à voir ce qu'il attendait réellement de lui sur cette histoire. 

    "Elles doivent savoir apprendre que je ne suis pas le seul à chercher des informations sur elles. Comment la jouer fine avec ma détermination à enquêter sur elles ? Si tu dis qu'il faudra la jouer fine avec tout ceci, c'est que tu as quelque chose d'autre à me dire ou à exiger de moi. "

    Si l'Amiral lui ordonnait de lâcher l'affaire, il faudrait qu'il lui sorte une sacrée bonne raison, qui aurait un poids de valeur. Rien que d'y songer, il serra légèrement les dents. Il ne s'était guère montré discret de son côté, concédant de la fureur qu'il avait envers cette engeance malveillante et assoiffée d'une sale ambition. Il s'était montré impatience. Là, peut-être, avec Bigorneau, il devait prendre le problème à l'envers.... Patienter que leur cible baisse sa garde pour frapper un bon coup... pour leur rendre la monnaie de leurs pièces !

     "Pour ce qui est des Bleus, ils se préoccupent aussi de l'Assemblée. Kaizoku a été un grand chamboulement quant à leur bordel politique... Donc, je ne crois pas que pour le moment, nous sommes une préoccupation pour eux. L'Assemblée est une épine qui s'est enfoncée profondément dans les rouages de leur nation. Ils font chercher à la retirer et la détruire définitivement. De plus, ils se pourrissent entre eux. Des rapports qu'ils ont pu émettre sur le drame de Kaizoku, certains ont été mis au secret "

    Bigorneau s'enfila un troisième godet de son tord-boyau. Altarus hésita à remplir à nouveau son godet. Son interlocuteur saphiré attendait de savoir s'il avait omis de narrer d'autres éléments. Avec la soirée d'hier, Altarus avait bien fait de cloisonner certaines informations, car trop de monde autour de lui et qui n'avait pas le niveau intellectuel pour saisir l'importance de la situation. Là, il était seul en présence de l'Amiral. 

    "Les sorcières de l'Assemblée ont su provoquer la colère de Rulka, l'élémentaire de lave...." Tout pirate digne de ce nom connaissait les histoires qu'on racontait sur elle, pour réveiller le Mont Hephaïs… Depuis le début, elles avaient tout prévu pour affaiblir autant la République que les Pirates. Je ne serais pas surpris qu'elles aient planifié une voie de sortie prévue si l'une d'elles venait à se faire capturer car... Les Bleus ont pu mettre la main sur l'une d'elles :  Anadéïa. "[/b]

    Il ne pouvait pas encore déterminer si Bigorneau avait déjà eu vent de ces informations. Autant les aborder, maintenant qu'il ne subissait plus les effets de la poudre verte ; hors des effets résiduels.

    "Des jours après la destruction de Kaizoku, j'ai mené une expédition de sauvetage, croyant avec espoir qu'il y aurait encore des survivants. J'en ai trouvé qu'un seul... Rulka. Elle n'est plus sur Kaizoku désormais. Je l'ai débarqué sur le continent. Au moins, l'île est définitive vide de sa présence..  "

    Il soupira à ce souvenir récent. Les Sorcières avaient mené un vrai maillage complexe dans leurs foutus plans. Qui sait ce qu'elles avaient encore de planifié... 

    "Tu parlais des Frères des Cotes, qui ne doivent plus être nombreux. Pourtant, à t'entendre, ils auraient encore de l'influence. Qu'as-tu prévu pour la briser ? Où attends-tu de voir ce que les sorcières de l'Assemblée les ramènent dans leur giron ? Pour l'Empire, je rejoins un peu les doutes que tu émets à leurs sujets. Un rien suffirait à ce qu'il entre en scène.... et encore, il serati ravi de voir la République se déchirer de l'intérieur...."

    Il fixa Bigorneau, le fixant à son tour avec une certaine intensité... 

    " Et toi mon cher... qu'as tu de neuf depuis hier ?
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  • Jeu 18 Jan - 6:28
    Lorsqu'Altarus avait frappé du poing sur la table, Bigorneau n'avait pas esquissé le moindre geste de recul. Il s'était attendu à une telle réaction et bien qu'il lui coûte de contredire son compère sur un point aussi épineux que celui-ci, il s'était résolu à adopter cette posture et ne comptait absolument pas en démordre. Laissant ensuite au borgne le soin de s'excuser et de continuer son discours, Bigorneau l'écouta avec un calme olympien, bien loin d'ailleurs de ses habituelles pitreries ou de ses sautes d'humeur. Il y eut suite à la dernière question du demi-elfe un court silence, puis l'Amiral releva son chapeau d'une pichenette avant de s'exprimer :

    "C'est tout pardonné, Altarus. Je t'ai choisi pour ta sagesse, mais aussi pour tes p'tits coups de sang. Je préfère tes authentiques colères à l'illusoire apathie des nobliaux. Pour ce qui est des Frangins, c'est une affaire qui va se régler d'elle-même. On continue à croquer dans leurs assiettes, ils viendront nous crier dessus pour récupérer les miettes et en fin de course, ils nous rejoignent ou crèvent. Simple comme bonjour. Les sorcières, en revanche..."

    Levant les bottes du bureau pour se repencher en avant, il resservit généreusement Altarus qui, de toute évidence, n'avait pas fini de se fâcher en vue de la façon qu'il avait d'aborder les affaires relatives à l'Assemblée. Se raclant un peu la gorge, il tapota le bois du bout de ses doigts, puis reprit posément :

    "On a aucune idée de ce qu'elles sont capables de faire, Altarus. Les rencontrer courtoisement, c'est le meilleur moyen d'en apprendre davantage sur elles, d'une façon discrète et pas particulièrement risquée. Je te demande expressément de ne pas t'en prendre à ces filoutes, tu as tout à fait saisi l'idée. Si tu veux continuer à t'informer sur elle, arrange toi pour user d'informateurs qui ne risquent pas de les faire remonter jusqu'à nous. Elles peuvent être partout et lorsqu'elles auront décidé d'agir, j'aimerais avoir évalué au préalable de quelle puissance de feu elles sont dotées. Dans la pire des situations, elles viennent nous demander de l'aide pour un nouveau plan suicidaire et on sera obligés de refuser, ce qui risque de les rendre un peu grincheuses. On en aura appris un peu sur leurs objectifs, ce qui sera déjà pas mal. Dans le meilleur des cas, elles frappent ailleurs et s'affaiblissent, puis elles viennent nous bouffer dans la main. LA, on pourra faire levier et leur faire cracher des informations qui nous permettront de frapper plus tard."

    Appuyant ses propos en cognant le bureau par deux fois, il enchaîna :

    "Comme tu l'as si bien dit, les Bleus sont aussi sur le coup. Ils en ont capturé une, sûrement massacré d'autres; les nuages grondent et la tempête arrive. Dans pas longtemps, ça va péter quelque part et c'que je peux te garantir, c'est que je veux pas y être. On a pas encore à notre disposition la flotte que je veux mettre en place, on en est d'ailleurs très loin. Pour l'instant, les guerres à grande échelle; je m'en passe."

    Puis d'un seul coup, il haussa le ton et pointa son vis-à-vis du doigt, comme s'il avait prédit une réaction hostile de sa part. Elan de démence, comme à son habitude...

    "Ne vas pas croire que je craigne de m'y impliquer, Altarus. La mort est pour moi une vaste blague, un spectacle pour lequel j'ai déjà acheté ma place, mais j'irai m'installer aux gradins lorsque l'envie m'en prendra et pas avant. Quand l'heure viendra, je me jetterai dans le gouffre menant au Royaume des Morts de bon cœur et j'irai planter mon sabre droit dans la gueule du régent, qu'il s'agisse d'un Titan, d'un Gardien ou d'une quelconque saloperie divine. C'est pas par peur que je refuse d'agir, c'est parce que pour une fois..."

    Il se leva de son fauteuil, secouant sa chope doucement tout en marchant jusqu'à la fenêtre de la cabane; depuis laquelle il apercevait les navires amarrés non loin de là. Prenant une grande inspiration, Bigorneau reprit d'un ton grave, mais sincère :

    "...j'essaie de me comporter comme toi et pas comme le sauvageon que tu vois en moi depuis des lustres. J'ai réfléchi, j'ai pesé le pour et le contre; et j'en suis arrivé à cette conclusion. C'est pas mon genre, tu sais, je m'esquinte la caboche quand je pense trop, mais j'ai fait un effort pour le bien de tout le monde ici. Nous sommes des pirates et par définition, nous sommes ceux qui jouissent des failles nichées dans chaque petit système ainsi que de chaque grain de sable coincé dans les rouages sociétaux. Nous sommes forts parce que nous sommes inventifs, libres et prêts à user de tous les stratagèmes à notre disposition afin de remporter la victoire. Les guerres menées de front, c'est bon pour les armées. Notre astuce à nous, c'est d'être plus malins que tout le monde et de ne jouer que selon nos propres règles. On laisse les gros poissons se fritter, on recrute et on profite de la pagaille sur la terre ferme pour chiper Kaizoku à l'abri des regards."

    Se tournant enfin vers son interlocuteur, il conclut :

    "Voilà ce que j'ai de neuf, mon ami. La preuve que je ne m'repose pas que sur la barbarie qui fait ma renommée et que, de temps à autre, je suis capable d'un peu de bon sens."
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  • Sam 27 Jan - 12:49
    Les sursauts d’humeur étaient rarissimes chez le demi-elfe. Chose certaine était, quand elles se produisaient, c’était signe que le vieux capitaine avait atteint ses limites de patience. Et elles n’étaient pas faussées. Comme la tempête, sans prévenir, il pouvait imploser et exprimer cette colère sourde qui avait besoin de s’extérioriser. Et peu importait qui se dressait face à lui. Même Bigorneau, qui avait des réactions bien plus impulsives et agressives, pouvait ne pas être épargné. D'ailleurs, c'est ce qui avait manqué de se produire, avant qu'Altarus reprenne les rênes de ses humeurs. Cela ne lui ressemblait pas et il tenait toujours à avoir le contrôle, du moins de garder la main dessus.

    De son œil bleu, il suivit la main de l'élémentaire qui le resservit généreusement de son rhum arrangé. C'était un des signes que la conversation était loin d'être terminée. Et pour cause, le sujet était important, très important même, puisque Bigorneau aborda les Sorcières. Les Frères et Sœurs de côte n'étaient que peccadilles en comparaison des garces qui avaient mené la flotte de Beros au massacre. Et comme il était dans la ferme intention de mener ses recherches sur elles, Bigorneau se montra plus insistant sur ce point. Altarus pesta intérieurement, se pinça les lèvres et croisa les bras sur son torse, comme pour contenir une nouvelle montée de hargne. SIlencieusement, mordant un peu sur sa chique, il continua d'écouter son vis-à-vis, laissant son esprit s'accrocher plus sur les souhaits de l'Amiral que de se laisser emporter dans le flux de la colère, une nouvelle fois.

    Au fur et à mesure que Bigorneau exprimait ses ressentis et ses désirs d'avenir, Altarus, toujours les bras croisés, laissant sa réflexion prendre le pas sur le tumulte de ses propres émotions, assaillies par son désir profond de trouver ces harpies et de leur faire payer le prix de la destruction de Kaizoku. Comme il y songeait avant, il ne pouvait pas agir seul. Mais l'approche de son comparse bleuté sur comment s'occuper de l'Assemblée ne lui plaisait guère. Et il sut pourquoi... Il avait toujours pris l'habitude d'agir sur sa propre voie, sans que personne vienne remettre en question ses décisions.  Il ferma sa paupière en soufflant de dépit. Il la rouvrit quand il entendit Bigorneau, préférant éviter les grands conflits. Celui-ci sut anticiper ses réactions, en haussant le ton pour le prendre de court et le pointa directement de son index.   Altarus concéda à demeurer attentif... pour l'instant. Il attrapa son verre et fit légèrement remuer le liquide en son sein, afin de l'aérer un peu ou de s'occuper la main, le temps de terminer d'écouter Bigorneau et de laisser son esprit approfondir toutes les informations qui continuaient d'affluer.

    L'Amiral poursuivait son discours, puis, finit par se lever pour se rapprocher de la fenêtre qui était toujours clôturée de flotte. De ce qu'il finit par avouer, le demi-elfe manqua de faire renverser le rhum sur le dessus de la table. D'entendre ça de la bouche même de Bigorneau était plus qu'une surprise. Il fixa son verre, le leva et le but d'une traite. Le liquide lui brûla l'œsophage, confirmant qu'il n'était pas dans un rêve.

    "Tu as toujours été capable de bon sens... juste que tu n'y accrochais pas assez ou pas du tout,  jusqu'à maintenant… Si tu n'avais été qu'un barbare depuis toutes ces décennies que nous nous croisons et côtoyons sur les flots, il y a longtemps que j'aurai veillé à te faire couler par le fond…"

    Le monde évoluait, les gens changeaient. Altarus s'était toujours imaginé rester intègre, demeurer l'individu qu'il avait été avant l'invasion de Kaizoku par les forces républicaines. En quelques années, tant de choses s'étaient produites, certaines le marquant plus profondément que d'autres... bien qu'il ne l'aurait cru l'imaginer. Il soupira. Tout s'était tellement précipité qu'il avait commencé à lâcher la barre de ses propres voies. Il était temps de la reprendre en main et de prendre le bon cap. En somme, il devait revoir ses souhaits d'en finir avec l'Assemblée. Pas tout seul, pas sans y mûrement réfléchir. Bigorneau venait de lui donner une bonne leçon, en lui rappelant directement pour qui il apparaissait aux yeux des autres. Comment avait-il pu s'aveugler à ce point ?

    "Les sorcières de l'Assemblée sont déjà capables de grandes prouesses magiques et qu'elles arrivent à mener plusieurs plans en même temps, tout en gardant leurs doigts crochus sur une grande toile qu'elles ont pris le temps de tisser dans toute la République... De ce qu'elles visent réellement, reste encore une inconnue qui donne envie de le combler en cherchant à savoir qui elles sont et surtout où elles se cachent"

    Les muscles de ses mâchoires se contractèrent. Bigorneau avait raison et qu'il devait faire preuve de plus de tempérances sur ses recherches. Il devait revoir sa volonté de vengeance...  pour les laisser agir dans leur coin et revenir vers les pirates quand elles croiront avoir besoin d'eux pour compléter leurs manigances. Il devait faire preuve d'une plus grande patience encore... Faire comme ces harpies, en somme. Grain par grain, laisser le sablier du temps faire son œuvre. Bon sang, c'était beaucoup exigé de lui ! Kaizoku avait été détruite de leur volonté tout de même ! Il mordit sa lèvre.

    "Je sais que ce n'est pas par crainte que tu ne veux pas t'impliquer. Tu veux attendre le bon moment pour frapper, avec les moyens nécessaires pour avoir le résultat visé. Juste que là, maintenant, toi et moi, nous nous trouvons à la croisée de routes que nous n'avons guère l'habitude de prendre, voire que nous préférons éviter, pour rester sur celles qui nous conviennent le mieux, qui correspondent à ce que nous sommes.... "

    Il regarda un instant son verre vide, avant de reporter son oeil solitaire sur le visage de Bigorneau.

    "Je ne peux consacrer toutes mes ressources et mon énergie à chercher ces foutues garces de l'Assemblée.... Je ne peux que concéder à ce que tu me demandes, à savoir de passer par un tiers et encore, de faire en sorte que cela demeure le plus discret possible. Des grands conflits qui pourraient ébranler les terres de la République, voir du Sekaï, il faut les prendre comme une tempête dévastatrice.... Nous ne pourrons pas la fuir et encore moins l'esquiver. Il faudra l'affronter et la traverser. Tu entames ce qu'il faut pour cela...tu l'as dit avec tes mots. "

    Il ne manqua pas de se redresser un peu sur sa chaise.

    "Nous sommes des pirates et on ne peut pas chacun rester dans son coin. Continue de fédérer le plus de pirates possibles pour la flotte... je veillerai à t'aider s'il le faut... et du maximum que je le pourrai tant que tu ne crames pas définitivement ta caboche. "

    Son "bon sens" l'avait poussé à demander au vieux borgne de le rejoindre, pour se compléter avec ce qu'il n'avait pas lui-même dans son esprit et ses manières d'agir. Avec sa sagesse... ce terme qui était sorti de la bouche de l'Amiral aurait eu de quoi le faire sourire, peut être.

    "Quand l'heure viendra, ne crois pas que tu seras tout seul à aller te jeter dans la gueule même du Royaume des Morts... et encore, ne crois pas qu'on te laissera faire, tant qu'on n'aura pas arraché de nos mains le coeur corrompu de ces sales sorcières. "
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  • Lun 29 Jan - 12:29
    Le sourire aux lèvres, Bigorneau humait discrètement les senteurs appréciables qui émanaient de son godet et les mots d'un Altarus ayant visiblement retrouvé une partie de son calme suffisaient à l'encourager sur cette voie qu'il avait emprunté non sans se creuser le ciboulot avec ardeur. Les yeux rivés sur la fenêtre et sur ce simulacre de chantier naval qui avait pris place depuis quelques temps sur les bords des plages de Brumerive, Bigorneau voyait avec joie les progrès qu'avait effectué le petit village côtier devenu au fil du temps un nouveau bastion de la piraterie. Malgré les débâcles de Kaizoku et les innombrables sources de regret qui enserraient son vieux cœur détrempé, Bigorneau sentait la flamme du renouveau lui chatouiller la barbiche. Accordant un regard en biais à son confrère, il lui dit :

    "Ca m'fait plaisir de confirmer que t'as perdu un œil mais que tes deux oreilles sont encore parfaitement fonctionnelles."

    Sirotant un peu de ce rhum arrangé dont il se délectait d'autant plus maintenant qu'il se savait en parfait accord avec son compagnon d'infortune, Bigorneau pivota pour retourner à sa table et de sa main libre, il vint farfouiller dans ses tiroirs à la recherche de la vieille pipe qui devait encore s'y trouver, si personne n'avait eu la bêtise de venir lui chaparder ses affaires en son absence. Récupérant le nécessaire à fumette qui s'était desséché au fil du temps mais qui paraissait encore plus ou moins fonctionnelles, il posa son verre sur le bureau et posa son vieux cul sur sa chaise avant d'entreprendre de prélever un peu de tabac, qu'il vint enfoncer au pouce dans le bazar tout en continuant :

    "J'vois que ça te tient à cœur ces histoires de sorcières; sois assuré que tu seras le premier informé si elles viennent passer leurs nez crochus dans l'entrebâillement de ma porte. Pour l'instant, elles représentent l'une des nombreuses affaires que je repousse à demain, car l'ennemi aux crocs les plus aiguisés est déjà sur nos côtes."

    Tout en commençant à craquer des allumettes trop humides pour fonctionner convenablement, il pesta dans sa barbe mais ne perdit pas de vue le cœur du sujet et reprit tout de même :

    "On était censés déconner un peu mais j'vois que t'es pleinement concentré sur le boulot, alors autant retourner aux sujets qui te titillent, puisque tu sais pas te relaxer... Tu parles de fédérer et tu mets le doigt sur un sujet qui me chagrine tout autant si ce n'est plus que ces histoires d'Assemblée. On pourrait croire que j'me suis mis tout le monde dans la poche grâce à mon charme légendaire et à mon capital sympathie immense, mais il n'en est rien Altarus."

    Une allumette plus vaillante que les autres finit par concéder une flammèche au vieux marin qui s'empressa d'embraser le contenu de sa pipe en protégeant le maigre brasier avec sa main. Après quelques bouffées visant à lancer le feu, il vit la fumée apparaître et s'étendre et se balança en arrière contre son dossier grinçant, tout en jetant au borgne un regard vaguement plus sérieux qu'à l'accoutumée :

    "Je t'ai dit que je recrutais, mais je fais pas nécessairement l'unanimité, mon ami. Y'en a une pelletée qui, comme toi, ont un peu de mal avec mes méthodes. Ces gens-là, les vertueux, on peut les convaincre de se joindre à notre cause pour le bien commun. Ca, c'est une tâche que je préfère te confier. T'as une gueule qui plaît, des faits d'arme extraordinaires et une ancienneté qui pourrait débrider les plus frileux. Avec ma trogne, mes alliances et mon passif, c'est nettement plus compliqué pour moi."

    Recrachant un peu de fumée qui forma entre ses crocs acérés des volutes épaisses, il s'humecta les lèvres d'un coup de langue et reprit :

    "Mais ceux-là, je les crains bien moins que les jaloux. Certains veulent ma place, Altarus; ils ont les mêmes idées que moi mais n'ont ni ma sournoiserie, ni mon savoir-faire, ni ma volonté et pas le quart de mes relations. Rien qu'à Brumerive, ces connards sont légion. J'ai des p'tits gars qui m'ont fait part de soupçons, des rumeurs sorties des tavernes et des bordels du coin. J'ai pas la main mise sur l'ensemble des établissements de Brumerive et je manque de détails sur la question, mais je sais de source sûre que j'ai des rivaux qui voient d'un très mauvais œil ce qu'on prépare. Ils ont peur que j'devienne le nouveau Béros et que j'me comporte comme lui, alors ils préfèrent m'évincer sans pouvoir offrir la garantie qu'ils feront pas la même chose s'ils me piquent mon chapeau."

    Nouveau coup d'œil par la fenêtre, avec un soupçon de paranoïa tout à fait visible. Se balançant un peu nerveusement sur son assise, il conclut :

    "Tes gars vont aussi voir les filles du coin, non ? Essaie de ramasser des ragots, si t'as le temps. J'ai pas peur de défier ces salopards de traîtres en duel, mais j'aimerais éviter qu'ils viennent s'y mettre à dix pour me crucifier. Tu vois c'que je veux dire, partenaire ? On est jamais à l'abri de la rébellion."
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  • Dim 11 Fév - 12:00
    Le demi-elfe n'eut aucune réaction à la petite remarque plaisantine de son homologue. Il se contenta de demeurer silencieux comme à son habitude, quand il n'y avait rien à redire. En même temps, le sujet, quoique que pourrait en dire Bigorneau, était sérieux pour le vieux marin. Il y avait des choses sur lesquelles on pouvait se permettre de rire ou de réduire à une simple ironie. D'ailleurs, Bigorneau n'avait pas manqué de reprocher à sa façon le trop grand sérieux de son ami, pendant qu'il bataillait avec ses allumettes guère sèches qui refusaient de se plier à sa gestuelle pour qu'elles embrasent leur tête soufrée. Arrivera-t-il à en trouver une qui lui offrira la flammèche convoitée pour allumer sa pipe retrouvée dans le bordel de ses tiroirs ? Même face au remue-ménage de l'élémentaire, Altarus était demeuré stoïque.  Qui le connaissait savait pertinemment qu'il n'était pas homme à vraiment chercher des moments de pure détente, contrairement au barbu bleu tentaculaire, qui prenait poudre, alcool ou là, avec du tabac pour passer le temps avec une saveur différente de son rhum — ou pour l'accompagner. Savait-il au moins ce que cela était au moins ? Voilà un sujet où il aurait matière à débattre. Mais ce n'était pas ce qui emplissait la conversation des deux pirates. La conversation était bien trop importante aux oreilles du capitaine borgne. Quand une affaire était sérieuse, elle devait le rester.   

    L'Amiral réussit enfin à allumer le tabac haché dans sa pipe, qui s'assura de protéger le petit cœur enflammé de sa lourde main bleutée, pour qu'elle ne s'éteigne pas. Il tira un peu d'air et cette fois, le haché séché végétal prit comme il faut, offrant une bouffée d'air au fumeur, qui s'en délecta. En même temps, il aborda un sujet tout aussi important pour lui que ne l'étaient les Sorcières pour le demi-elfe. Avec un sérieux redoublé dans son ton, il partagea ses "craintes" qui apparaissaient en même temps que son désir d'unir une grande flotte pirate sous une même bannière croissait. Prenant de plus en plus d'importance, ne cachant pas sa hardiesse à recruter des forbans pour défendre sa cause en préparation, Bigorneau exposa le revers de la médaille de ses plans. 

    Altarus comprenait un peu la position de son ami. Le désastre de Kaizoku était encore frais dans bien des esprits, marquant certains plus que d'autres, laissant même la folie envahir les plus affaiblis ou les plus stupides. 

    "Il y a que les plus sots qui pensent que tu arrives à avoir tout le monde à tes pieds. Malheureusement, ils ne sont pas la manne la plus minoritaire de l'île. Je comprends tes inquiétudes, mon ami. "

    Il comprenait mieux leur présence en vis-à-vis dans son cabanon miteux... et pourquoi l'élémentaire avait insisté pour qu'il mette sa rancœur vengeresse à l'égard des Sorcières un peu de côté. Il avait commencé à ne pas se disperser, pour rester sur une seule voie et non plusieurs à la fois qui pourraient le mener à sa perte. De rejoindre Bigorneau dans ses projets pour la piraterie serait comme de naviguer en parallèle des ennemies de Kaizoku. Un danger n'arrivait jamais seul. On pouvait le garder à l'œil pour prévenir de ses frappes, mais il ne fallait pas omettre les autres risques, plus vicelards, plus discrets. 

    "Je verrai ce que je pourrai faire, avec les capitaines et marins que tu mets dans le groupe des vertueux. Certains n'auront jamais le recul que j'ai acquis à force de te fréquenter…⁣"Petit pic plaisantin ? "Sache que certains ont quitté la piraterie après la tragédie de Kaizoku s'orientait vers des existences plus... paisibles. Mais le danger ne viendra pas d'eux, mais de l'intérieur… Mais tu le sais déjà. Il te manque juste des noms et des confirmations pour savoir comment prévenir toute offensive de leurs parts. "

    Qui n'avait pas des rivaux parmi les pirates ? Les Frères des Côtes avaient toujours eu des rivaux, s'affrontant même entre eux pour garder leurs places ou s'imposer en termes de puissance. Les rivalités entre pirates avaient toujours existé, mais pour des futilités, des histoires de trésors, de pouvoir... et même de femmes. Avec Bigorneau, ceux-là se prenaient d'envie de grandeur et ne réfléchissaient guère plus loin que leur nez, bouffés par la jalousie, la convoitise et le désir de commander à toute une flottille de navires sans faire le moindre effort. Comme autrefois, comme du temps des Frères de Côte. 

    "Si mes hommes vont voir les femmes de bonne.... Hum. "

    Comme tout homme, ses membres d'équipage avaient des besoins à exprimer. Et comme on trouvait de tout à Brumerive.... tant que ses marins revenaient à bord et en forme, sans avoir provoqué de heurts, il fermait son "oeil" sur leurs visites auprès des "dames" locales.

    " Je ne suis pas derrière chacun de leurs fessiers pour surveiller leurs activités privées, mais je peux leur demander d'être plus attentifs à ce qui se dit, quitte à abreuver leur compagne d'un soir, à être plus bavarde avec une petite bouteille offerte de la main de mes hommes. "
    Les informations à acquérir n'étaient jamais gratuites.

    "Si des noms me sont ramenés, je t'en informerai immédiatement. N'omets pas que parmi ces âmes pourries, il y en a aussi certaines qui ne m'apprécient guère. J'ai fait fait sombrer quelques pirates qui ne méritaient que de finir dans les fonds abyssaux. Pour certains individus sans scrupules, je n'ai eu aucune pitié à les occire en pleine mer. "

    Son oeil bleu prit une légère couleur de mer tempétueuse, grise, synonyme de dangerosité. 

    "Et si ces rivaux visent la sournoiserie pour te frapper dans le dos, ou dans le mien, ils se noieront dans leur propre sang...Le plus dangereux est souvent le plus silencieux...."

    Et ceux de son propre entourage.... Nul doute que Bigorneau en avait conscience.

    "S'ils redoutent que tu deviennes comme Beros, il faut réussir à leur démontrer le contraire. Mais te connaissant, je ne doute pas que tu as déjà quelques idées dans ta vieille caboche humide. Ne me dis rien, prends le temps de les étudier une part une. Des opportunités qu'elles pourront offrir à la cause...en essayant de penser comme je le fais, pour reprendre tes propres mots. Mais en restant toi-même, bien entendu... un Bigorneau devenant peu causant et distant, cela ferait étrange. "et là, encore, nouveau pic plaisantin ? En tout cas, le demi-elfe était bien décidé à être dans le sillage de l'Amiral, si cela permettrait de rendre à Kaizoku sa superbe d'autrefois et en même temps, de pourfendre ces Sorcières, ou du moins de réduire à néant les projets qu'elles pourraient encore avoir pour les Pirates, vu qu'elles avaient toujours eu jusqu'ici un coup d'avance. Mais avant, les problèmes liés à la montée en puissance de l'autorité de Bigorneau étaient à barrer avant que cela ne devienne un tsunami de problème. Si sa rapière devant trancher des fils de vie, ou si ses balistes devaient briser des coques pour parvenir à leurs souhaits commun, alors il le fera.
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  • Ven 23 Fév - 19:56
    "Des idées... des idées..."

    Tout en faisant doucement tournoyer le contenu de son verre, le vieux briscard se balança au fond de son assise et commença à se faire basculer d'avant en arrière tout en inspectant le plafond d'un air rêveur. Ce vilain bougre de Béros avait été pour le nouvel Amiral un ami plus que précieux et un compagnon de route hors pair mais lorsqu'il s'était laisser envoûter par les âneries des ensorceleuses, il avait de toute évidence sombré dans une imbécilité qui ne pouvait se justifier que par une altération de ses convictions profondes. Affichant une grimace dans laquelle se lisait son évidente frustration, Bigorneau poussa un soupir tout en forçant sur sa moue et lança ensuite :

    "Passons pour l'instant sur ces histoires de traîtres, j'pense pas qu'il soit particulièrement nécessaire de se plier aux doléances du premier venu pour s'attirer les faveurs d'autrui. Dans la piraterie, il n'est pas question de devenir la meilleure alternative, il suffit souvent d'incarner la plus prolifique. Ce qu'il faut faire en premier lieu, c'est convaincre nos gars que la reprise de Kaizoku n'est pas une affaire de principe mais bel et bien une histoire de commerce. Nos gaillards veulent bien manger et Brumerive, quoi qu'on en dise, ne nous offrira jamais rien de plus que des miettes."

    Ses yeux glissèrent du plafond poussiéreux jusqu'à la trogne du demi-elfe borgne et, dans ce même élan, Bigorneau continua son explication :

    "Il va falloir songer à se poser les bonnes questions. Kaizoku, même sécurisée, ne sera qu'un pâté de sable sans valeur si on est incapables d'y rétablir un semblant de stabilité financière. Si on veut ne serait-ce que caresser l'espoir d'un renouveau sur cette île de malheur, il va falloir qu'on adopte une posture belliqueuse ou qu'on accepte de converser avec l'ennemi. Dans les deux cas, ça comporte des risques."

    Il retira les bottes qu'il avait collé sur le bureau et se pencha vers celui-ci pour commencer à tapoter desus et à parler avec les mains comme pour schématiser les concepts qu'il cherchait à établir. Les questionnements stratégiques n'étaient pas sa tasse de thé, loin de là; mais la situation plus qu'épineuse dans laquelle ils étaient plongés nécessitait un peu de doigté ainsi qu'un beau cocktail de matière grise.

    "J'en parlerai aussi à Saumâtre pour savoir ce qu'il en pense, mais je vois pour l'instant qu'une seule méthode qui tienne vaguement la route. Ca implique en premier lieu un renforcement massif de notre flotte ainsi qu'une prise d'ascendant sur les forces navales de la République. On va devoir frapper sur tous les fronts en permanence, en profitant de toutes les emmerdes qu'ils subiront sur la terre ferme. J'parle pas de cogner un grand coup, il est clairement question de les harceler jusqu'à ce qu'ils saturent, tu m'suis ?"

    Les yeux rivés sur son interlocuteur, il s'humecta les lèvres puis reprit avec entrain :

    "Ma première ébauche de plan, la voici : quand on aura rassemblé suffisamment de monde, on s'attaque directement aux structures portuaires, aux navires marchands ainsi qu'à tout républicain désireux de passer par la mer, ce jusqu'à contraindre la République à des négociations. On exige l'indépendance de Kaizoku dont on fait une terre libre; placée hors de leur juridiction. Je n'ai pas besoin de t'expliquer qu'une idée pareille va faire couler des rivières de sang, ce qui n'est pas forcément à ton aise. Moi j'en serais ravi, tu m'connais; mais je sais aussi que les pertes essuyées lors d'une vraie guerre seraient dévastatrices."

    Faisant claquer sa langue contre son palais, il lança :

    "Même si on s'débrouille, ça nous donnera pas la stabilité dont on a besoin pour pousser quiconque à s'y installer. Les gens n'iront pas poser leurs tentes là où ils n'ont pas assez d'intérêts pour contrebalancer le risque qu'est la vie sur ce tas de cendres. On peut jouer sur le côté symbolique de la reprise d'un tel lieu mais j'doute que beaucoup tombent dans le panneau. Y'a pas beaucoup moins sédentaire et attaché aux racines qu'un pirate, à priori..."

    Puis, s'affalant vraiment dans son dossier, il conclut, pipe au bec :

    "Alors qu'est-ce qu'on fait, Altarus ? Comment on fait pour motiver tous ces connards à se joindre à une telle croisade ?"
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  • Mer 6 Mar - 14:43
    Dans son grand projet qu'était de constituer une grande flotte pirate, Bigorneau ne se perdait pas dans la folie des grandeurs. Le demi-elfe avait fini par croiser les bras, demeurant toujours aussi concentré. Quand on avait un rêve, le voir naître et prendre le large sur les flots de la réalité, on se confrontait à bien des points difficiles à contourner. Pour cela, l'élémentaire les exprimait. Des idées, il y en avait toujours. Mais l'esprit devait mettre ses griffes sur les bonnes, pour les extirper du fond des songes et les remonter à la surface, pour qu'elles servent en plein jour. Ainsi, elles pourraient être peaufinées et exploitées pour réagir face aux difficultés qu'elles développeraient. Cela, Bigorneau s'y était déjà attelé, Altarus l'entendait bien. Brute et à la moralité douteuse, l'Amiral avait pourtant le mérite d'avoir une réflexion au-dessus de la moyenne. Quand il se fixait un gros objectif, il savait raisonner comme pas deux... Une des raisons pour lesquelles Altarus avait fini par lui accorder une forme de respect depuis toutes ces années…

    Le pirate azuré narra donc ce qu'il avait commencé à imaginer pour l'avenir de cette flotte qui commençait doucement à se constituer. Le borgne acquiesça silencieusement au fait que l'affaire des traîtres sera un sujet d'un autre moment. Tous n'auront pas subi les circonstances qui s'étaient imposées à Altarus. Tous n'étaient pas des capitaines à la longue vie en mer comme lui... Tous n'auront pas la chance de revenir sous le pavillon de la piraterie. Un tri sera nécessaire, c'était certain. Si ces parjures cherchaient à mieux revenir en se confondant en vaines promesses, alors que leur réputation ne valait guère mieux qu'une boussole démagnétisée... Le vieux capitaine garda cela dans un recoin de son esprit. Le plus important était l'ébauche du plan de Bigorneau.

    Point par point, le demi-elfe analysait les dires de son ami. Il en vint à se gratter la pointe de son menton, à la barbe coupée, courte et de manière impeccable. Il en vint à fermer son œil valide, comme pour s'isoler dans une profondeur de réflexion. Il se demandait combien de temps ce satané poulpe avait consacré à ce premier jet de plan. Rien ne semblait insurmontable quant à sa réalisation. Restaient encore des étapes un peu brumeuses. L'un des points centraux était Kaizoku. Brumerive était un gîte accueillant pour les pirates, mais ce n'était pas l'île pirate. Brumerive ne pourra pas soutenir la cause de Bigorneau. Et bien que des pans de montagnes servaient de remparts naturels, les pirates étaient de redoutables combattants sur les flots, pas sur la terre ferme.

    La paupière valide du vieux capitaine se rouvrit, pour qu'un iris bleu grisé se darde dans les yeux globuleux de l'élémentaire.

    "Ta première ébauche est véritablement l'aube d'un projet mûrement réfléchi. Et après, tu te permets d'affirmer que tu peines à faire travailler tes méninges ? "Il cessa de se frotter la pointe barbue de son menton, tout en décroisant les bras. Un instant, il fut tenté d'attraper la bouteille... mais ce n'était pas la sienne et il n'était pas là pour se soûler.

    "Tous auront des motivations diverses et variées, à l'opposé des tiennes comme des miennes. Faire couler le sang en masse ne me plaît guère, tu me connais. Mais il n'y a guère d'autres alternatives. À moins que tu veuilles patienter que le Reike en vienne à frapper la République pour satisfaire sa soif de conquête... "Cela pourrait prendre plusieurs décennies et de ce qui restait des pirates aura coulé par le fond ou sera retourné au sable des plages et de la terre ferme.

    "Il y a des pirates qui ont soif de vengeance. Se joindre à toi pour couler du républicain leur suffira, s'il y a le nombre de navires en suffisance pour qu'ils ne fassent pas dans leur froc. Rappeler que la République n'est pas infaillible. Elle a reçu son lot de défaites avec la perte d'une partie de ses navires lors de l'éruption. Tu rajoutes à cela mes connaissances sur les ports principaux de la République, pour y envoyer assez régulièrement un ou deux de mes navires de commerces... Tu as déjà ce premier point dans la paume de ta main. "

    Il attrapa son verre, le regarda, joua avec pour faire tournoyer ce qui restait de son contenu ; il pensait avoir fini toute d'une traite. Hum...

    "Pour les avides de richesses… L'assaut sur les installations portuaires sera une aubaine pour eux. Le pillage, il y en a qui n'ont que cela dans le sang. À voir comment tu permettras le pillage ou pas... ou si tu vises un partage de butin généreux. Harceler les navires de commerce quand on sait ce qu'ils transportent, le nombre d'hommes d'équipages, leur trajet, leurs destinations. Cela offre de la facilité, cela attire. Ces informations ne sauront pas difficiles à acquérir. "

    Il ne fallait pas omettre que le commerce maritime n'impliquait pas que la République.

    "Imposer des contraintes navales à la République pourrait être une aubaine pour les autres factions, mais à conditions qu'on ne les aborde pas. Mais cela, je sais que tu y as déjà pensé, vu que tu ne désires pas que le Reike nous tombe dessus. Quelle aubaine pour l'Empire si des routes commerciales se libèrent et que nous ne nous attaquons point à eux"

    Maintenant, il revint sur Kaizoku, tout en rapprochant son verre vers son visage.

    "Ne crois pas que Kaizoku n'était qu'un pied-à-terre pour bon nombre de pirates. Pour nombre d'eux, c'est plus qu'un symbole. Tu peux jouer sur ce qu'elle était en tant qu'image pour la pirate, mais elle était tout autre : c'était un lieu de vie, un lieu de souvenir, un lieu chargé d'histoire, avant que la République vienne nous imposer sa présence. Tous ne sont pas destinés à voguer sur les mers. Le commerce ne tournait pas que par la vente des rapines. Reconstruire sur les cendres de Kaizoku pourrait être un nouveau départ pour quelques familles séculaires de l'île, qui pourraient apporter leurs savoir-faire et leurs influences... après quelques négociations. Une chance de "

    Les vieilles familles... la sienne était arrivée sur l'île, il y avait plusieurs centaines d'années. De ce qui en restait aujourd'hui s'était éparpillé dans tout le Sekaï. D'autres étaient restées et prospérées. Si on leur laissait l'opportunité, certaines attraperaient au vol l'opportunité. Ils ne seraient pas de trop de toute façon pour rebâtir tout ce qui avait été détruit. Kaizoku avait vécu de la piraterie, mais aussi de ce que ses habitants apportaient de leurs savoir-faire et de leurs besoins.

    "L'île n'est plus que cendres et ruines. Mais de ce qui a provoqué l'éruption est dégagé. L'élémentaire de lave que tous redoutaient n'est plus présente... et la république n'a-t-elle pas été un peu la responsable de sa colère ? Il sera aisé d'argumenter que la nation bleue avait connaissance de la présence de Rulka. Un de ses éminents membres présents a préféré la laisser en vie que de la tuer, laissant le volcan déverser sa rage destructrice. Cela aussi est un point qui peut encourager des personnes à venir sur Kaizoku et à s'accrocher à l'idée de retrouver son indépendance d'autrefois."

    Il porta son verre à ses lèvres et but ce qui restait. Il en restait qu'une demi-gorgée. A croire qu'il y avait eu un double-fond.

    "Je parle beaucoup, excuse-moi. Ton ébauche a appâté mon esprit, qui a mordu dedans à pleines dents. Nul doute que cela ravive une belle flamme dans bien des coeurs. "

    Restait le point des traîtres et des fouteurs de merde. Bigorneau devait déjà avoir une idée de quoi faire de ces imbéciles là...
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    L'Amiral Bigorneau
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  • Jeu 7 Mar - 10:50
    En entendant Altarus s'impliquer autant dans les planifications de cette guérilla qui se dessinait, Bigorneau sentit l'enthousiasme s'emparer de lui et ne put retenir un éclat de rire franc et bruyant. Les excuses du demi-elfe lui paraissaient totalement déplacées en vue de la verve et du sens stratégique dont il faisait preuve malgré la folie des grandeurs qu'impliquait de telles idées. Se balançant sur sa chaise au point de manquer par deux fois de se ramasser, le vieil Elémentaire à la barbe tentaculaire se projeta en avant, ce qui fit brusquement claquer les deux pieds avant de son assise, puis il reprit avec joie :

    "Mais t'excuses pas grand, c'est typiquement pour ce genre de lumières que j'ai toqué à ta porte, bon sang !"

    Et puisqu'il l'avait vu très furtivement lorgner sur leur bouteille commune, Bigorneau profita de l'opportunité pour resservir généreusement son compère sans se priver lui-même d'une portion supplémentaire. Après avoir sauvagement tapé ladite bouteille contre le bureau, il se frotta les mains en faisant mine d'inspecter les plans entreposés un peu partout même si, en l'état, les cartes n'avaient que peu d'importance. Suite à quoi, il reprit en agitant frénétiquement l'un de ses index :

    "En plus t'as raison, t'as bigrement raison !"

    Il agrippa le calepin qui ne le quittait jamais lorsqu'il posait pied à terre et y griffonna à grands coups de fusain quelques notes formulées à la hâte. Ce faisant, il continua son discours non sans laisser jaillir dans ses yeux blanchâtres une lueur de folie tout à fait enfantine :

    "Puisque j'suis bien plus profondément attaché aux eaux qu'au sable, j'en viens à oublier les convictions qui nourrissent les cœurs des nôtres. J'ai sans doute sous-estimé ce que représentait Kaizoku pour les plus anciens d'entre nous. Deux-trois discours bien sentis sur la liberté, un peu de panache et d'audace pour parler en mal des républicains qui tentent de nous museler et après une paire ou un trio de victoires écrasantes sur les autorités, on aura de quoi convaincre nos gars de se livrer aux plus sanglantes batailles !"

    Son sourire s'élargit encore plus, révélant des crocs aussi acérés que ceux qu'il avait déjà dévoilé et, après s'être empressé de replacer son carnet à sa place d'origine, l'Amiral tira sur sa pipe avec force et insistance avant de relâcher un épais nuage au dessus de sa tête, tout en enchaînant avec ce même empressement qu'il venait de se dégoter :

    "J'suis sûr qu'il y a moyen de négocier d'une manière ou d'une autre avec l'Empire. Ils doivent bien avoir quelques saloperies à commettre et la perspective de pouvoir piquer des axes commerciaux à la République pourrait bien convenir aux moins chevaleresques d'entre eux. Je connais un beau ramassis de crapules au Reike, j'suis convaincu qu'ils sauront m'aiguiller."

    Satisfait et fier comme un lien, il tapa son bureau du plat de ses mains et balança avec ferveur :

    "Alors on part là-dessus ! On pourrit la vie des bleus, on les force à négocier, on reprend Kaizoku et on offre du beurre au Reike pour s'en foutre plein les fouilles ! Y'a toutes les chances qu'on se bouffe un mur sur la route mais... Eh ! On fait pas c'métier pour la sécurité de l'emploi, pas vrai ?!"

    Sur ces bonnes paroles, il pouffa à nouveau et son rire contrôlé se changea bien vite en un hurlement dément. S'il y avait bien une chose qu'on ne pouvait lui retirer, c'était sa bonne humeur.
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    Altarus Aearon
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  • Mar 19 Mar - 15:38
    Bigorneau était tel un enfant exultant de joie, en buvant chaque parole du demi-elfe. Il marqua même une bien drôle d'impatience en se balançant d'avant en arrière sur sa chaise, manquant d'en perdre l'équilibre. Sans mot dire, Altarus avait observé les quelques secondes critiques où seuls deux pieds de bois usé eurent à supporter tout le poids de l'élémentaire, qui remuait encore sur l'assise. À se demander ce qui aurait pu se passer s'il s'était viandé, dos à terre, les quatre fers en l'air... est-ce que le vieil homme aurait ri ? Probablement, avant de se porter à son aide pour le relever. Mais heureusement, rien de tel se produisit, si ce n'était le gémissement des deux autres pieds de la chaise quand ils percutèrent le sol au moment où le bleuté se relança d'un coup en avant. Dans cet élan, il attrapa la bouteille pour remplir le verre vide de son comparse, tout montant en chauffe de motivation.

    Son verre à nouveau empli de ce rhum à lui soigner tout mal de gorge réticent, Altarus le liquide ambré, se demandant s'il était réellement raisonnable de le boire. Après tout, les circonstances étaient exceptionnelles et pendant que Bigorneau parut aussi remuant que son esprit foisonnait de nombreuses idées qu'elles devaient se bousculer en masse dans son crâne, il rapprocha vers lui son contenant alcoolisée, comme pour lui épargner d'être renversé.

    "Tu vois, je le savais.. Tu avais déjà quelques prémices d'idées sous cette vieille tonsure de tentacule. "

    L'Amiral avait retrouvé sa bonne humeur et elle allait croissante. À croire qu'elle n'avait plus de limite, quand on contemplait la lueur de joyeuse folie qui s'intensifiait dans son regard. Après avoir noté quelques mots sur son calepin, pour garder les grandes lignes desdites idées évoquées, il aborda le sujet du Reike. Altarus opina du chef.

    "Le Reike ne manque pas d'êtres désireux d'emmerder la République, qui n'attendent que la bonne occasion pour faire surface et frapper là où ils trouveront leurs avantages... et le tout sans que cela soit une provocation pour pousser à la déclaration de guerre. Nul doute que tes contacts seront attirés les éléments qui contribueront à la cause. "

    L'odeur de tabac qui se dissipa dans la pièce, provenant de la pipe endiablement attisée par la bouche de son porteur, fut plus piquante à respirer. Le demi-elfe n'en fut nullement gêné. Les effluves de cette plante séchée était même agréable à humer que cette foutue poudre verte. Il leva d'un coup son verre, non pour porter un toast, mais pour sauver son verre, tout rempli de rhum, du fracas qui fit trembler tout le bureau quand son comparse frappa brutalement le dessus du bureau avec le plat de ses deux lourdes paluches. L'exultation était à son comble pour l'Amiral. Elle était si bouillonnante que cela grisa un peu l'esprit du vieux borgne, qui parut avoir un semblant de sourires à ses lèvres. Il leva cette fois son rhum vers son ami

    "Partons sur ça oui ! Et la sécurité de l'emploi ? Si je voulais m'épargner des risques, j'aurais pris ma retraite depuis belle lurette. Et toi aussi, par la même occasion... à la tienne ! "

    Il but d'une traite le fort breuvage, en se retenant une nouvelle fois de tousser au passage du brûlant liquide. Il ne s'y fera jamais. Surtout qu'il devait veiller à ne pas trop se soûler.

    "La République va, grâce à toi, prochainement goûter à une bien belle amertume... voir de désespérance...Je me demande quelle tête tu auras quand elle demandera grâce à genoux... "
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