Éducation à la dure

Premier né de sa grande fratrie, Falconi a reçu une éducation typiquement républicaine en cochant la plupart des cases que sa caste exigeait du futur Patriarche Genova, un apprentissage méticuleux auprès des innombrables précepteurs qui défilaient au Manoir, une excellence scolaire qui n'était que le minimum attendu, des appétences arcaniques dignes de l'expertise républicaines en la matière, puis un cursus à la très renommée Université MAGIC. Après trois ans à apprendre les sciences politiques et la gestion dans le cursus d'Assistanat Magique, il effectua une spécialisation politique. Éduqué à domicile la plupart de sa jeunesse à cause des traditions fermées de la Famille Genova, Falconi rencontra des difficultés à s'intégrer socialement parmis les étudiants de sa promotion une fois plongé dans le bain de MAGIC, ce mal-être le poursuivi jusque dans ses notes, où ses prestations oratoires aux cours d'éloquences défaillaient par rapport au reste de ses domaines d'expertise, notamment la gouvernance, où il majora la plupart du temps.

Il tenta néanmoins à l'occasion de son cursus de commencer à se tisser un réseau, une des garanties de l'Université est justement les opportunités de rencontres avec les hauts-placés du pays et les gens influents des différents domaines enseignés à MAGIC, et Falconi comptait bien ne pas passer à côté. Malheureusement pour lui, son manque d'expérience l'ostracisa au sein de sa promotion, un sentiment renforcé par ses piètres performances de rhétorique dont la géométrie variable lui valait des ressentis cinglants. Cela l'empêcha de réellement s'épanouir dans le milieu académique, mais pas de compléter son cursus en validant ses années d'études les unes après les autres.

En parallèle de sa scolarité complexe, le jeune héritier recevait les premiers rites initiatiques de sa Famille qui constituaient en d'éprouvantes évaluations mentales et physique, tout n'était qu'une question de résilience, mais c'est justement là que Falconi était le plus déterminé, mu par la force de son égo qui n'aurait su souffrir l'échec de faillir aux rituels qui portent son propre nom, le jeune homme fit à la fois sa propre fierté et celle de son paternel en bravant ces obstacles et en intégrant donc officiellement le PGA, le Parti Genova.

Façonné par les revers

La famille Génova formée par l'ensemble des lignées généalogiques répondant au nom de Génova, est la principale composante de la Famille Genova, qui est le clan composant le parti politique du PGA. C'est l'une des plus anciennes Grande Famille de la République et c'est notamment celle dont les ancêtres se sont le plus partagé la Présidence de la nation avec la famille Fallensword, en tant que tel, l'ancienneté de cet héritage confère d'énormes avantages à ses membres. Si la Compagnie Horizon dont les capacités commerciales font la principale richesse des Genova est au coeur de leurs activité, un autre domaine sur lequel la famille et plus particulièrement son patriarche de l'époque était passablement implanté n'était autre que l'immobilier, cependant aux alentours des années moins vingt, un nouvel acteur de cet important marché faisait justement son arrivée. Mirelda Goldheart, magnat foncier et redoutable femme d'affaire, son sens impitoyable des finances lui permettait de se hisser à une vitesse vertigineuse dans les noms des derniers parvenus républicains, avant de les dépasser avec tout autant de force. La famille conservatrice ne voyait pas cette fulgurante insertion dans leurs plate-bandes d'un bon oeil et déjà, les premières prémices de la rivalité avec les Goldheart se dessinaient, cependant la lignée ancestrale partait avec deux désavantages massifs:

Le premier était leur notoriété, ce qui aurait dû constituer un point fort de leur politique immobilière se révéla en réalité être un point faible colossal. Face à la montée de nulle part de Mirelda, les Genova avaient beaucoup trop d'yeux curieux braqués sur eux pour pouvoir agir avec autant de liberté qu'une simple fille de ferme qui n'attirait pas encore autant d'attention à l'époque. Face aux tactiques prédatrices de rachat aux particuliers utilisés par Goldheart et la concurrence déloyale qu'elle mettait en place en bradant les prix pour faire chuter les valeurs des quartiers, le Patriarche Conservateur ne pouvait pas lutter, l'hégémonie de leur dominance foncière à Liberty commença à battre de l'aile. Falconi, à l'époque encore un simple membre du Parti malgré son statut de futur héritier, décelait dans cette femme les signes avant-coureurs du danger qu'elle représenterait plus tard. Comme une alarme au fond de sa tête, le jeune homme demanda à son père à être plus impliqué dans les affaires familiales, et c'est ainsi que débuta son ascension dans la Compagnie Horizon.

Une romance spectaculaire

Il a toujours été un homme pragmatique, calme, posé, réfléchi, pour ces raisons les arts ne l'avaient que rarement intéressés, Falconi appréciait les peintures, les sculptures et les écrits à leurs juste valeur mais il ne s'était que très rarement investi personnellement dans ces domaines et avait encore plus rarement lui-même mis la main à la pâte. Un soir pendant la représentation privée d'une pièce de théâtre sur la Guerre des Plumes, Falconi fut pourtant touché par la performance de l'actrice principale, que ce soit quelque part dans la puissance des émotions qui transpirait à travers sa voix ou dans la sincérité puissante qui transparaissait dans son discours lors de l'apogée scénaristique, le jeune homme n'y resta pas indifférent. Après la fin de la pièce alors que les invités vaquaient aux échanges mondains et aux discussions de cour, Falconi alla rejoindre la joueuse et il se retrouva à balbutier de façon incohérente, ne faisant que s'embarrasser. L'interprète étoile s'en amusa et Falconi, croyant qu'elle se moquait de lui, finit par s'éclipser sans plus de cérémonie, souffrant une nouvelle forme de honte qu'il n'avait jamais ressentie à MAGIC dans ses déboires oratoires.

Il était pourtant un homme de résilience, c'est ce qui le définissait, alors il ne baissa pas les bras et chercha par tout les moyens à palier à ses problèmes de prestance orale. C'était une occupation dont il ne disait mot à quiconque, effrayé par le ridicule qu'il s'attirerait si on venait à le découvrir. Il s'entraînait, les soirs après le travail à la Compagnie, il rentrait chez lui et récitait face à la glace des discours tirés de ses livres, écrits par lui-même ou inspirés à la volée en pensant à elle, mais jamais il n'osait se représenter à elle. Il assistait néanmoins aux représentations de l'actrice chaque fois qu'elle se donnait en spectacle à Liberty ou dans les circonscriptions adjacentes, et à l'ombre des balcons privés, il jouait en chuchotant, comme s'il lui répondait, comme s'il entretenait un dialogue fantasmé qu'il faisait un peu plus réel en le jouant en messe basse.

De fil en aiguille, c'était pour la première fois quelque chose d'autre que l'ambition qui conduisit Falconi à travailler et à améliorer ses talents d'orateurs: l'amour. Un jour, alors qu'il attendait avec impatience le début d'une représentation, Falconi vit avec stupéfaction que l'actrice était remplacée sur scène par une autre. Il n'eut pas le temps d'être gagné par l'inquiétude que la porte de son balcon s'ouvrit, et elle était là.

Le contre-la-montre pour la survie

Au fil des années, ce qui avait commencé comme une rivalité professionnelle entre les familles Goldheart et Genova se transforma lentement en une guerre ouverte, Falconi maintenant marié et père d'une fratrie récupéra peu à peu le directorat d'Horizon pendant que son propre père devenait de moins en moins convaincant auprès de son électorat et du PGA. Il fallait redresser la barre, trouver une porte de sortie pour la pérennité de sa Famille et, poussé par la force des choses, Falconi fut obligé de prendre une décision des plus difficiles: évincer son père du Patriarcat pour prendre sa place. Maintenant fort d'une assurance travaillée et renforcée par sa femme à ses côtés, il renversa son paternel et pris le contrôle du PGA pendant le rassemblement suivant, provoquant une déstabilisation de son électorat en clivant les conservateurs entre ceux qui le soutenaient et ceux qui criaient au scandal. Momentanément fragilisé, le Parti se retrouvait alors dans une position délicate, pressé d'un côté par Mirelda sur le plan financier, de l'autre par l'opposition conservatrice montante, Falconi n'avait que peu de temps pour agir avant que l'étau ne se resserre définitivement sur eux, il s'orienta donc vers l'extérieur, et trouvant habilement du soutien auprès des différents partis, il monta une campagne politique fulgurante pour retourner sa soudaine montée au pouvoir au sein du parti et la présenter comme une ascension puissante et inarrêtable. Ce fut quitte ou double, et double, ce fut.

La consécration, puis la chute.

Deux mandats consécutifs de présidence. Falconi était parvenu à s'asseoir comme l'homme vivant le plus important de toute la République, il avait tout. Chacune de ses ambitions avaient trouvé une apogée satisfaisante dans son plus grand accomplissement politique: la Compagnie Horizon était plus prospère que jamais et comme la SSG elle transitait désormais à travers tout les ports de Sekaï, la Famille Genova jubilait d'une puissante influence assurée par les frères et soeurs de Falconi, et son propre nom marquait l'histoire en rejoignant celui des autres Présidents importants de la République. Cerise sur le gâteau, il avait une femme magnifique et des enfants... bon, point noir sur le tableau ses enfants se révélaient bien moins réfléchis que leur père, habitués au confort absolu et à l'arrogance naturelle qui leur vient de leur statut d'héritiers du Président, ils étaient moins sage et mature que Falconi à leur âge, et malheureusement ce simple défaut est ce qui allait être le premier pas dans le vide.

En l'an fatidique moins quatre, la campagne présidentielle fut féroce, affaibli par la continuelle expansion financière de Mirelda et par les moyens écrasants qu'elle déploya pour s'accaparer l'électorat conservateur, Falconi pensait bénéficier de son inertie en tant que double président sortant pour construire son plan de campagne, mais la Goldheart se montra une fois de plus terriblement peu scrupuleuse dans ses méthodes de chasse. Une lettre anonyme copiée et distribuée dans tout le pays diffama Falconi en l'accusant de plusieurs chefs d'inculpation, tuant dans l'oeuf ses espoirs de concourir à nouveau alors que le Parti se retrouvait paralysé. C'est ainsi qu'il perdit l'élection, n'arrivant qu'en troisième place derrière Sylvestre Wendell Fraternitas Jr et Mirelda Goldheart. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, les membres de la Famille Genova indignés par la manigance si peu révérencieuse de Mirelda décidèrent d'inciter le peuple au soulèvement dès que l'acquittement fut prononcé par la justice, appelant les partisans Genova à s'insurger contre la nouvelle Présidente. C'est là que le manque de jugement de ses enfants finit par leur coûter, puisque dans ces manifestations violentes qui secouèrent le pays, nombre de neveux, nièces et plus particulièrement la femme de Falconi trouvèrent la mort, ceux qui avaient survécu aux affrontements avec les forces de l'ordre furent envoyés au Razkaal et Falconi lui-même dû s'enfermer chez lui. Par peur non seulement pour la survie de son nom de Famille mais aussi pour la sienne, le Président déchu usa des dernières ficelles qu'il possédait dans l'acquisition d'un objet convoîté à travers tout Sekaï: la fabulée potion d'immortalité. Désormais libéré du sablier du temps, il restait vulnérable aux assassins de ses ennemis et demeura cloîtré chez lui dans le Manoir Génova, ne faisant qu'une fois l'erreur de se montrer à l'air libre ce qui lui coûta une partie de son visage. Ce fut le début de sept années d'isolement, sept ans à regarder la Présidente continuer de grignoter son pouvoir peu à peu, de réduire l'influence de son Parti, de le déposséder des avoirs de la Compagnie Horizon, sept ans à devoir contrôler les maigres ficelles restantes de son influence depuis son Manoir pour éviter l'éradication de son nom de Famille.

Sept longues années à ruminer une vengeance. Et maintenant que le pays a à nouveau besoin de son aide, il est l'heure de reprendre ce qui lui est dû.