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  • Mer 31 Jan - 8:55
    L’odeur du ressac se sentait à peine dans les ruelles du petit port où Ellevy déambulait. Il y avait quelque chose d’autre qui assaillait ses narines. L’odeur des épices, celle de la saleté et, plus diffuse, l’odeur métallique reconnaissable entre mille pour peu qu’on y soit malheureusement habituée. La jeune femme fronça le nez un instant lorsqu’un relent particulièrement fort agressa son odorat, mais elle continua sa route, naviguant entre les bâtiments avec une assurance feinte. Elle n’était pas supposée atterrir dans ce trou à rats et repaire de forbans en tout genre. Une mauvaise décision, un carrefour mal indiqué et elle se retrouvait ici, où que cela puisse être. Elle aurait pu rebrousser chemin à la vue de ce taudis cerné par d’immense bâtiments marins, mais elle avait besoin de provisions et d’indications sur l’endroit précis où elle se trouvait.

    Elle s’arrêta un instant sur le bord de mer, observant d’un air un peu perplexe les vaisseaux qui se trouvaient amarrés là. L’endroit ressemblait à un village de pêcheur qui avait mal tourné, mais clairement, ce genre de navires étaient bien au-dessus de l’habituelle petite embarcation de pêcheurs. Quelle veine elle avait. Tomber sur un village de pirates, elle ne pouvait pas rêver mieux pour s’attirer des ennuis. Trop tard pour repartir. Le jour déclinait déjà et se balader au milieu de ses rues avec une mauvaise visibilité ne lui disait qui rien qui vaille. Elle avait bien vu des regards pointés dans sa direction et elle préfèrerait que les lames qui accompagnaient les silhouettes ne fassent pas de même. Elle ressemblait à ce qu’elle était : une ménestrelle, mais il y avait toujours un idiot plus abruti que les autres pour croire qu’elle se baladait avec des richesses cachées dans ses braies. Elle pouvait toujours s'enfuir, mais adieu le repos tant attendu.

    Elle inspira longuement, le regrettant très vite au vu de l’odeur, et se dirigea vers une taverne qu’elle avait vu en chemin. Le Brochet Cramoisi, outre son nom fort approprié pour l’endroit, n’était pas la taverne la plus insalubre qu’elle ait fréquentée. Au moins le gérant avait la décence de nettoyer les taches d'alcool et de sang. Ou d'essayer, au moins. La clientèle, par contre, n’était pas vraiment le genre qu’elle appréciait le plus. Certes, les pirates et autres brigands avaient tendance à donner plus d’or que le citoyen honnête, mais il y avait souvent des débordements. Les esprits s’échauffaient plus vite lorsque chaque lendemain pouvait être le dernier. Et elle restait une femme, seule. Jusque-là, elle s’était toujours débrouillée, elle allait faire pareil ce soir et repartir aussi sec.

    - Bonsoir, il vous reste une chambre ?

    L’aubergiste, si on pouvait appeler ce colosse ainsi, grogna un assentiment et Ellevy commença alors son petit numéro qu’elle servait à chaque tavernier la première fois qu’elle y entrait. Elle se débrouillait toujours pour marchander afin d’éviter de payer des nuits dans les auberges, ce qui aurait pour effet de drastiquement réduire ses maigres revenus. Et de l'obliger à dormir dehors un peu trop souvent à son goût. Elle n'était pas femme à user de ses charmes, mais plutôt de ses autres talents. A savoir la musique et une certain bagou. Ce dernier ne fut guère nécessaire ce soir-là.

    - Je vois que ça manque un peu d’ambiance ici. Je vous propose un truc. Je fais en sorte que vos clients s’amusent et dépensent ici plutôt qu’ailleurs et en échange vous m’offrez la nuit et le repas. Vous ne le regretterez pas, c’est moi qui vous le dis.

    Elle n’avait jamais essuyé de refus. Les taverniers et aubergistes avaient tout intérêt à accepter son offre, après tout. Elle faisait rester les gens plus longtemps, en attirait d’autres à l’intérieur et ses derniers dépensaient largement plus que le prix de sa chambre et de sa pitance. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre l’intérêt du marché. Tout le monde était content, au final.

    - Je garde l’argent qu’on me donne, par contre. Marché conclu ?

    Nouveau grognement et un vague signe de tête vers un endroit un peu surélevé. Tout sourire d'avoir eu gain de cause sans même vraiment essayer, la jeune femme embarqua un des tabourets du bar, le déposa au milieu de l’estrade et s’assit dessus avant de sortir son luth. Elle gratta les cordes, s’assurant de leur maintien tout en attirant quelques regards via les sonorités nouvelles qu’elle amenait. Elle allait faire quelque chose de simple et entrainant pour commencer, histoire de tâter un peu le terrain et les réactions. Elle n’offrait ses meilleures prestations qu’au public qui en valait la peine, après tout. Elle gratta ses cordes encore un peu avant de s’installer confortablement et de se lancer. La mélodie résonna rapidement dans la taverne, attirant davantage l’attention sur elle. Même le tavernier bourru l’observa d’un de l’œil alors qu’elle jouait un air entendu bien loin d’ici et qu’elle avait adapté au solo de luth, l’original étant un duo. Au vu de la réaction des clients, la musique était bienvenue et elle sourit. Elle laissa sa magie imprégner son luth avant de le lâcher. Ledit luth se mit à flotter à sa gauche, jouant seul une mélodie sous les regards un peu surpris des spectateurs alors qu’elle invoquait une flute pour l’accompagner, et tapait du pied pour ajouter une percussion improvisée, se lançant dans un air bien plus complexe qu’elle savait populaire chez les marins.

    Les réactions ne se firent pas attendre et plusieurs des présents tapaient du pied en rythme avec la musique alors qu’elle jouait de sa flûte tout en contrôlant son luth juste à côté d’elle. De la vue des spectateurs, elle semblait parfaitement à l’aise à jouer de deux instruments simultanément, dont un par magie. Et c’était le cas, mais ils n’avaient pas conscience des mois de travail que cela impliquait pour la jeune femme qui avait tout dédié à son art et à sa magie dans le seul but de rendre ses prestations aussi originale et unique que possible. Jamais encore elle n’avait croisé quelqu’un qui pouvait faire la même chose qu’elle et il y avait une certaine fierté qui enflait dans sa poitrine chaque fois que les gens sa laissaient happer par sa musique. Qu’ils soient des pirates ne changeait pas grand-chose, la musique était pour tout le monde. Alors quand on lui réclama une autre, elle fut leur obligée. Il était encore tôt après tout, la soirée ne faisait que commencer.
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    L'Amiral Bigorneau
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  • Sam 3 Fév - 10:38
    Absorbés par le spectacle pour le moins atypique que leur faisait la jeune inconnue à l'indiscutable talent, les Naufrageurs attablés à leur coin habituel de la taverne savouraient avec un certain respect la prestation d'une qualité qui se faisait rare sur les quais de Brumerive. Tapant du pied au rythme endiablé de la mélodie, certains affichaient même un sourire un peu idiot; heureux qu'ils étaient de pouvoir profiter d'un court instant de félicité dans ces chaotiques et sauvages qu'était les leurs. Adossée au mur, les bras croisées, l'une des crapules à la solde de l'Amiral lui lança, un quart de sourire aux lèvres :

    "Pas mal, la p'tiote."

    "C'est-à-dire ?"

    "Comment ça, c'est-à-dire ?"

    "Quand tu dis pas mal, tu parles de la mélodie ou d'la fille ?"

    "Que vous avez l'esprit mal placé, Amiral."

    "Beh non, c'est toi qu'est pas précise quand tu causes. Sers moi un verre, veux tu ?"


    Levant les yeux au ciel, la sirène décolla son dos de son support et obtempéra malgré une furieuse envie d'aller dire à l'Elémentaire de se débrouiller. La demoiselle agrippa la bouteille de rhum qui se trouvait non loin de l'Amiral, chopa son godet vide par le haut et le tira à elle pour balancer une bonne rasade d'alcool parfumé dans le contenant, avec une négligence telle que quelques gouttes finirent leur parcours à terre. Cela fait, elle posa la chope face à l'Amiral qui, quant à lui, ne s'était pas détourné un seul instant de la ménestrel sur laquelle il posait un indéchiffrable regard.

    "Extraordinaire. 'faut pas qu'on la perde de vue, celle-ci."

    Après ces quelques mots, il saisit la chope et commença à se délecter du contenu sous les regards quelque peu interloqués de l'assistance. Les Naufrageurs s'échangèrent des œillades incrédules, certains haussèrent un peu les épaules et lorsque l'Amiral eut terminé d'engloutir quatre bonne gorgées de tord-boyaux, il soupira bruyamment et sa suivante lui demanda alors en levant un sourcil :

    " 'Mande pardon, Amiral ?"

    La main gantée de Bigorneau se leva et il vint pointer son index en direction de l'artiste qui venait tout juste d'user d'un éventail de compétences hors-norme afin de donner vie à d'autres instruments, ce au plus grand plaisir des forbans en tout genre. Les malfrats redoublèrent de ferveur et se mirent à taper furieusement du pied, à lever leurs verres à la gloire de l'artiste ou même à s'approcher franchement de la scène pour s'agglutiner autour d'elle. Tout aussi endiablés par la performance que l'étaient les autres clients, les Naufrageurs s'amusaient aussi et si Bigorneau gardait le fion bien vissé sur sa chaise, certains de ses plus jeunes compagnons s'étaient quant à eux levés pour aller danser la gigue au beau milieu de l'établissement miteux où de telles festivités n'avaient usuellement jamais lieu.

    S'autorisant simplement à dodeliner au rythme de la mélodie, Bigorneau sentait l'envie de rejoindre ses pairs grimper en lui et alors qu'il s'apprêtait à abandonner son assise pour se joindre au collectif sévèrement alcoolisé qui martelait le sol de leurs bottes crottées, il fut interrompu dans son élan par un évènement qui ne manqua pas de lui arracher un froncement de sourcils profondément désapprobateur. Un pirate lourdement aviné venait tout juste de se démener pour escalader l'estrade pourtant bien peu haute et alors qu'il roulait sur le plancher pour se rapprocher de la musicienne, sa voix grave et rendue rocailleuse par l'excès de bonnes choses se fit entendre par dessus l'air si sympathique :

    "Vous êtes splendide, mad'moiselle ! Quand vos doigts de fée dansent sur les cordes, j'me dis que j'aimerais bien les voir glisser sur ma q..."

    Un grondement puissant se fit entendre au fond de la taverne et dans une secousse brutale, une véritable tornade d'eau salée jaillit du doigt que pointait l'Amiral en direction du malappris. Littéralement soufflé par la toute-puissance des flots, le marin trop saoul et benêt pour son propre bien fut projeté contre le mur le plus proche et maintenu en place par la force écrasante des eaux qui le frappaient avec la sauvagerie d'une indomptable cascade tropicale. Après quelques secondes passées à démontrer ses aptitudes, Bigorneau relâcha sa magie et claqua des doigts avant de se dresser fièrement. L'Amiral repoussa la table d'un coup de pied pour s'avancer jusqu'au centre de la taverne tandis que sa victime chutait en s'égosillant pour recracher l'eau qui lui brûlait la gorge.

    "Bande de vauriens ! N'avez vous aucune décence ? Lorsqu'une artiste de cet acabit se présente sur nos quais crasseux, on l'accueille avec le RESPECT qui s'impose, est-ce bien clair ? Le prochain qui tente quoi que ce soit aura affaire à moi et sachez que je n'me montrerai pas clément deux fois de suite. Qu'on balance Mr. Delahaye sur la plage, histoire qu'il aille décuver tout seul !"

    Les marins à la solde de l'Amiral acquiescèrent et deux des plus costauds virent agripper le gaillard par les épaules pour le traîner jusqu'à la porte. L'Amiral, aussi impérieux qu'impitoyable, offrit à l'assemblée surprise un regard noir avant de se tourner vers la ménestrel, face à laquelle il se montra bien au contraire aussi doux qu'un agneau. Les mains jointes, il se pencha en avant comme pour implorer son pardon et lui lança, tout sourire :

    "Reprenez, très chère. Cette mélodie m'évoque des souvenirs issus d'un autre temps."
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  • Mar 6 Fév - 19:52
    L’ambiance de la salle était bien au-delà de ce qu’Ellevy avait espéré. Loin de se retenir, les pirates et forbans s’en donnaient à cœur joie. Certains dansaient, d’autres s’étaient approchés de l’estrade pour accompagner de leurs bottes le rythme de sa musique. La ménestrelle, ravie de voir que son petit spectacle était apprécié, se laissait porter et sa musique résonnait dans l’auberge. Elle ne fut pourtant pas vraiment surprise lorsque l’un des présents se vautra sur l’estrade dans une tentative pour l’atteindre. Quoiqu’il ait pu passer dans ce cerveau aviné, c’était une mauvaise chose et la jeun femme, si elle n’arrêta pas de jouer immédiatement, se prépara au pire. Les paroles du jeune abruti avait au moins le mérite d’être claires concernant ses intentions et Ellevy s’apprêtait à lui faire comprendre que non seulement elle n’était pas intéressée, mais qu’elle prenait aussi très mal ce genre de proposition. Mais avant même qu’elle ne puisse réagir, un jet d’eau vint frapper le soiffard pour le propulser et el maintenir contre le mur. Surprise, la ménestrelle arrêta de jouer, ne rattrapant son luth que de justesse avant qu’il ne se fracasse sur le sol, sa concentration brisée.

    En voyant le responsable de cette démonstration, elle ne put cacher une certaine surprise allant de paire avec une curiosité qui brillait dans ses pupilles. Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas croisé d’individu si particulier. Particulier par son apparence, bien sûr, mais aussi par son comportement. Tantôt impérieux et autoritaire, puis bientôt calme et en train de l’enjoindre amicalement à continuer sa représentation malgré la stupidité de l’un des présents. L’origine du problème ayant été savamment jeter dehors et l’ordre étant revenu avant même que les choses ne dégénèrent, Ellevy n’y voyait pas vraiment d’inconvénient. De plus, personne n’avait offert la moindre pièce pour sa prestation. Elle n’eut pas besoin qu’on le lui demande deux fois. Elle inclina poliment la tête vers l’aide inattendu qu’était cet étrange personnage et ôta son chapeau, révélant sa longue tignasse d’une couleur semblable à la clarté lunaire, en une révérence amusée.

    - Avec plaisir. Je ne peux décemment pas refuser après une demande si sincère.

    Une fois son chapeau de nouveau sur sa tête, la ménestrelle remonta sur son tabouret, oeillant les clients désormais bien plus calmes. Elle laissa passer quelques secondes de silence avant de gratter à nouveau les cordes de son luth. Une mélodie plus calme emplit la pièce, laissant le temps aux esprits échauffés de se calmer. Certains restaient debout devant l’estrade, observant la musicienne qui changea peu à peu le rythme de sa musique, amenant des sonorités plus rapides, rythmées et festives. Lorsqu’elle lâcha son luth qui se mit à jouer seul à ses côtés, quelques marins lancèrent des exclamations enthousiastes. Surprenant son monde, Ellevy sauta souplement sur son tabouret, dominant la pièce malgré sa petite taille. Elle porta sa flûte à ses lèvres et l’ambiance s’installa de nouveau après seulement quelques notes.

    Depuis qu’elle avait décidé de devenir ménestrelle, Ellevy n’avait eu de cesse que de travailler deux choses. La maitrise de ses instruments, c’était une évidence. Mais également sa capacité à user de sa magie lors de ses représentations. Elle en avait fait sa marque de fabrique, mais cela lui avait demandé des années d’entrainement. Sans doute qu’aux yeux de beaucoup de mage, la façon dont elle utilisait la magie était idiote ou inutile, mais elle s’en fichait bien. Elle faisait ça pour amuser t surprendre et personne ne voyait jamais venir ces tours et ce qu’elle s’apprêtait à faire. Alors lorsqu’elle sautade son tabouret, les spectateurs pensèrent sans doute qu’elle allait tomber et certains tendirent les bras. Mais au lieu de ça, la jeune femme flottait au-dessus de l’assistance, jouant de sa flute, son luth l’accompagnant. D’autres exclamations, puis des sifflets et des acclamations suivirent alors qu’elle se mit à danser dans les airs. Elle ignorait la sueur qui lui coulait sur le front et sur la nuque, elle faisait ce qu’elle aimait et faisait de mieux.

    La magie avait un coût, surtout lorsque cela nécessitait une telle concentration. Après quelques musiques supplémentaires, elle atterrit souplement sur son tabouret et tira sa révérence en même temps que son chapeau. Si les acclamations et sourires des spectateurs étaient déjà une récompense en soit, les pièces qui tombèrent dans son couvre-chef en était une plus palpable. Elle appréciait davantage la première, mais la seconde était nécessaire à sa survie après tout. Sa bourse plus pleine qu’à son arrivée, la jeune femme descendit de son assise, s’essuya le visage et, offrant de polis sourires aux marins encore en train de la féliciter pour sa performance, elle se dirigea vers l’étrange individu étant intervenu plus tôt. Elle se devait de le remercier comme il se devait.

    Il n’était pas seule, d’autres marins étaient à sa table, mais personne ne fit mine de l’empêcher d’approcher. Il y avait aussi une femme à ses côtés, ainsi que quelques bouteilles, pour la plupart bien vides. Rien de surprenant, à vrai dire. Ellevy lorgna sur les écuelles vides d’une table voisine, son ventre criant famine après sa prestation, et elle se hâta vers ce qui était visiblement un personnage important dans le coin. Elle le salua, un sourire aux lèvres.

    - Je tenais à vous remercier pour votre intervention un peu plus tôt. Rares sont ceux qui sont aussi enclin à laisser de simples troubadours proposer leurs services au point de s’assurer eux-mêmes de la bonne tenue de l’assemblée. Surtout de manière aussi spectaculaire

    D’ordinaire, ce genre de comportement était accueilli à grand renfort de rire par les spectateurs et pouvait ruiner une soirée qui commençait bien. Autant dire que voir des pirates faire pleure de plus de civilité que certains citadins avait de quoi surprendre.

    - Mon nom est Ellevy, ménestrelle itinérante. Je ne vais pas rester ici bien longtemps, mais n’hésitez pas à faire appel à moi si vous avez besoin de mettre un peu de vie dans cet endroit.
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  • Ven 9 Fév - 23:29
    Après être parvenu à calmer la situation, l'Amiral mira l'assistance d'un air profondément mauvais et adressa à l'artiste un dernier hochement de tête complice avant de faire volte-face, cette petite crise lui ayant passablement retiré l'envie de danser. Passé d'enjoué à bougon, Bigorneau retourna donc sobrement à son assise d'origine et vint se rabattre une énième fois sur ses trop nombreuses bouteilles de rhum. Les Naufrageurs qui n'avaient pas décollé leurs fessiers des fauteuils l'accueillirent avec des sourires trahissant leur cruauté et l'une des sirènes les plus carnassières susurra à l'oreille de l'Amiral :

    "Vous auriez dû l'achever, une note de rouge eut été parfaitement indiquée pour conférer à cette belle soirée un peu de couleur."

    " 'Pas faux, mais notre invitée ne l'aurait peut être pas pris particulièrement bien."

    S'insurgeant en haussant ouvertement les sourcils, un second Naufrageur quant à lui bien entamé prit la parole en s'accoudant sur la table :

    "Et qu'est-ce que ça peut vous foutre, ce qu'elle pense de nous ?"

    Il y eut un court moment de silence durant lequel les marins s'échangèrent des regards entendus, étant visiblement plutôt d'accord avec le dernier intervenant. Il n'était pas dans les habitudes de l'Amiral de se soucier des états d'âme d'une minette, tout ménestrel qu'elle fut. L'Elémentaire les observa les uns après les autres puis poussa un soupir lassé et leva les yeux au ciel, pour enfin rétorquer :

    "Pourquoi fait-on ce boulot, messieurs dames ?"

    Incrédules, les concernés s'interrogèrent un moment pour chercher le sens évidemment caché de cette question piège que leur posait l'Amiral. La réponse la plus évidente n'était sûrement pas celle qui l'attendait mais le plus audacieux des forbans de la tablée se risqua tout de même à la formuler :

    "L'or, la liberté et l'aventure ?"

    Bigorneau était si imprévisible que certains s'étaient attendus à voir l'intervenant se faire à son tour projeter en l'air par une trombe d'eau salée mais il n'en fut rien. Levant son verre doucement, l'Amiral trinqua gentiment avec le gaillard quelque surpris, puis le fixa intensément avant de reprendre :

    "Précisément, chers amis. Et quel rôle détient l'or, si ce n'est celui de nous permettre d'accéder librement aux plus grands plaisirs de la vie ? La richesse n'est pas une fin en soi, n'est-ce pas ? Vous avez des projets vous ? Vous vous voyez fonder des familles et bâtir d'honnêtes chaumes après toutes les saloperies qu'on a commis sur les mers ?"

    Un silence s'installa. Personne n'était dans la tête des autres, mais certaines évidences ne valaient même pas la peine d'être annoncées. Bigorneau pointa la barde du doigt, avant de conclure :

    "C'est parce que je veux pouvoir m'offrir ce genre de moments aussi souvent que je le désire que j'accumule une telle fortune. Notre monde se meurt et nous ne vivrons pas assez vieux pour le voir s'éteindre alors ayez la sagesse de profiter des belles choses, tant que vous en avez encore la possibilité. Une performance aussi vraie et juste que celle-ci, ça n'tombe pas tous les jours. Ouvrez vos esgourdes et fermez vos mouilles, scélérats."

    Trop jeunes et impétueux pour pleinement comprendre les propos délirants du vieux pirate, la plupart lâchèrent l'affaire de peur qu'il ne décide de troquer son calme apparent pour un nouvel élan explosif de pure colère. Par respect pour lui et par instinct de survie, tous se turent et apprécièrent avec un respect nouvellement acquis la performance de la danseuse volante. Victime d'un certain émoi, Bigorneau n'en rata pas une miette.

    Aussi lorsque l'artiste tira enfin sa révérence et qu'elle quitta l'estrade sous les acclamations des marins certes grossiers mais néanmoins admiratifs, elle put se diriger vers la table de l'Amiral sans être inquiétée ne serait-ce qu'un instant d'être repoussée par ses comparses. Lorsqu'elle fut proche des Naufrageurs attablés autour du fameux Elémentaire, ce dernier leva les yeux dans sa direction puis lui fit signe d'approcher; ce qu'elle semblait déjà bien décidée à faire initialement. Quand elle prit la parole, il la salua d'un hochement de tête puis se tourna vers l'un de ses plus jeunes moussaillons, à qui il lança d'une façon bien autoritaire :

    "Va lui chercher un tabouret."

    Peu désireux de passer pour un servant devant tout le monde, le gaillard fronça les sourcils et, après avoir jeté des regards aux autres, il voulut rétorquer :

    "Amiral..."

    "Vas-tu lui céder le tien ?"

    "Mais..."

    "Soit tu te lèves pour lui en apporter un, soit tu libères le tien. T'as que deux options, jeune. Aucune des réponses que j'attends commence par un "mais"."

    On avait tendance à râloter par ci par là et à discuter les ordres de Bigorneau lorsqu'on les trouvait peu indiqués mais quand il affichait cette mine mêlant calme olympien et profonde noirceur, tous savaient qu'il valait mieux traiter ses directives avec un absolu sérieux. A contrecœur, le jeune triton marmonna dans sa barbe puis finit par se résoudre à obtempérer. Agrippant une assise qu'il prit soin de faire bruyamment racler par terre, il ramena l'un des nombreux tabourets jusqu'à la table de l'Amiral qui, quant à lui, posait ses coudes sur la table en observant l'artiste avec une attention marquée.

    "C'est bien normal, ma chère. SI je n'fais pas l'effort de faire de cet endroit un boui-boui tolérable, qui le fera ?"

    Après l'introduction officielle de la demoiselle, il hocha la tête puis répondit sans la quitter du regard :

    "Amiral Bigorneau, enchanté de faire votre connaissance. Savoir que vous comptez partir un jour me désole déjà. Qu'est-ce que vous voulez boulotter, m'dame ?"

    Après un court silence, il leva un index et ajouta :

    "Privilégiez l'poisson et les fruits de mer, que j'ai pas à vous décevoir."

    Puis, tout en l'invitant à s'assoir d'un geste de main, il reprit :

    "On en voit passer régulièrement, des musiciens. De votre trempe, c'est bien plus rare. Un "simple" ménestrel ne fait pas voleter ses instruments de la sorte et ne se lance pas dans des ballets aériens aussi splendides que l'vôtre. D'où nous venez vous et que nous vaut le plaisir de ce rayon de soleil que vous portez jusqu'aux quais de Brumerive ?"

    Son intérêt ayant été piqué au vif, il extirpa de sa poche de manteau sa fidèle boite à malices ornée d'une hydre dorée. Après avoir poussé le ressort d'une simple pression du pouce, il révéla le contenu presque luisant qui s'y trouvait et fit tomber sur la table une belle ligne de poudre verdâtre. Abandonnant ensuite la boite en plein milieu de la table, il la pointa du menton :

    "Poudre verte ? C'est le créateur qui me fournit, vous n'en trouverez jamais une meilleure que celle-ci."
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  • Dim 25 Fév - 13:07
    Amiral. Voilà qui était curieux. Pas simplement capitaine, mais Amiral. Pas un simple pirate un peu respecté, mais sans doute une figure d’autorité dans la région et pour une population de forbans conséquente. Voilà qui était intéressant et quelques peu intimidant pour la jeune ménestrelle. Elle n’avait guère l’habitude de traiter avec des pirates et encore moins des pirates du calibre de celui qu’elle avait devant elle. Elle allait devoir se montrer prudente mais aussi suffisamment sûre d’elle pour peut-être obtenir bien plus qu’elle ne l’avait imaginé. Il semblait avoir apprécié sa performance et c’était ce genre de publicité qui faisait la réputation des ménestrelles. Si un pirate influent parlait d’elle dans d’autres ports, elle pouvait se tailler une bonne réputation sans même avoir à poser le pied dans ces endroits et y être accueillis chaleureusement quand ce serait le cas. Elle ne comptait que le remercier à l’origine, mais converser pouvait aussi être à son avantage donc elle s’installa sur le tabouret qu’un pirate avait apporté en ronchonnant.

    - Enchantée, Amiral. Appelez-moi Ellevy, je vous en prie, je n’ai rien d‘une dame.

    Elle abhorrait ce titre à bien des égards. Elle était fière d’être vagabonde et libre. Protéger son nom derrière un titre ne faisait nullement partie de ce qu’elle prônait. C’était sans doute dérisoire aux yeux de bien des gens, mais elle y tenait. Parfois un peu trop. Elle doutait que les personnes présentes tiennent vraiment à l’appeler « dame » de toute manière. Pirates et forban n’étaient guère porter sur les conventions et la politesse d’une société dont ils étaient exclus et si l’Amiral se montrait poli, c’était sans doute pour qu’elle apprécie le moment. Ou qu’elle ne prenne pas peur. Elle n’était qu’une petite ménestrelle face à un équipage pirate après tout, elle risquait gros si les choses tournaient mal. Mais aucune raison que ce soit le cas, après tout. Aussi, suivant les conseils de Bigorneau, elle commanda une soupe de poisson et un petit plateau de fruits de mers ainsi que du pain, un godet d’hydromel et un bol de légumes pour aller avec tout ça. La magie donnait faim.

    - Je suis ravie que ma prestation vous plaise. Mais remerciez aussi les gens d’ici. Si le public n’avait pas été aussi enthousiaste, vous n’auriez pas vu le quart de tout ça. C’est épuisant, je ne fais pas ça partout où je vais.

    Elle n’avait même pas utilisé tout l’éventail de ses compétences, mais elle n’avait pas envie de dormir trop profondément cette nuit. Elle devait rester vigilante et s‘épuiser au point de dormir à poings fermés pendant une demi-journée était une mauvaise idée au milieu d’une ville de pirates. Aussi chaleureux que pouvait être l’accueil, elle n’avait pas oublié les paroles du jeune marin que l’Amiral avait envoyé balader. Et personne ne serait là pour la sauver si quelqu’un pénétrait dans sa chambre alors qu’elle dormait.

    - Je suis itinérante, Amiral, je viens d’un peu partout, c’est l’avantage. J’ai traversé Shoumei et la République par bien des voies et chemins. Quant à la raison de ma présence ici, un pur hasard. Je me rendais au village de Bordeleau, mais j’ai apparemment pris la mauvaise direction à un carrefour et me voici. Les aléas de l’itinérance, en somme. Je ne suis pas aussi douée pour l’orientation que je le voudrais.

    Elle dit ça avec un léger rire chantant, prenant le bon côté de la situation. Les pirates ont été généreux et elle n’aura au final perdu qu’un jour et demi pour parvenir jusqu’ici. Un détour imprévu mais plutôt profitable, en résumé. Le genre de choses qu'elle aimait. Elle fixa un instant la boîte de l’Amiral et hésita. Non, elle n’avait aucunement envie de tester une quelconque poudre verte, mais risquait-elle de froisser l’Amiral en refusant ? C’était ça le problème avec les brigands et autres pirates, on ne savait jamais vraiment ce qui pouvait les mettre en rogne.

    - Merci, mais je vais éviter. Je préfère garder l’esprit clair. Par sécurité, vous comprenez ?

    Avouer qu’elle ne se sentait pas particulièrement en sécurité était à double tranchant. Soit il comprenait et acceptait le fait, voire proposait de l’aider si vraiment il l’appréciait à ce point, soit il le prenait mal et là, tout pouvait arriver. Et vu a manière dont il ne la lâchait pas du regard, elle espérait que parier sur la première option n’était pas très loin de la réalité.

    - Je dois avouer être surprise d’être invitée à votre table, Amiral. Y a-t-il une raison particulière ou souhaitiez-vous simplement en savoir davantage sur la prestation que vous semblez avoir grandement apprécié ?

    Ou sur elle, ce qui n’était pas exclu. Après tout, elle maitrisait une magie complexe et ce n’était pas donné au premier ménestrel venu. Elle sortait du lot, elle le savait, elle avait tout fait pour. Restait à voir si cela allait jouer en sa faveur cette fois.
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    L'Amiral Bigorneau
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    qui suis-je ?:
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  • Jeu 29 Fév - 5:14
    "Vous êtes trop aimable avec ces maudites crapules..."

    Lorsque la musicienne refusa poliment l'offre de l'Amiral, ce dernier analysa un moment la demoiselle puis haussa les épaules et fit signe à l'une de ses suivantes, une sirène aux crocs particulièrement acérés, qu'elle pouvait se faire plaisir si le cœur lui en disait. Comprenant aisément l'offre silencieuse de Bigorneau, la créature issue des profondeurs fit don à son supérieur d'un sourire des plus enjôleurs et se jeta comme une vorace sur la trace verdâtre qu'elle inspira avec force, avant de basculer en arrière non sans mettre un grand coup de poing dans le mur adjacent. Sacrément costaude cette fournée, se dit l'Amiral en voyant l'expression béate sur le faciès de sa féroce camarade.

    "Pas d'problème, Ellevy. Chacun sa came."

    Pivotant pour faire à nouveau face à l'artiste itinérante, le capitaine de la Ginette fit mine de réfléchir un instant lorsqu'elle fit allusion à Bordeleau qui, pour le coup, n'était pas franchement loin d'ici. L'endroit avait surtout le mérite d'être infiniment plus fréquentable que ne l'était Brumerive, chose qui ne manqua pas d'échapper à l'esprit affuté du vieux loup de mer. S'intéressant un peu à cette confusion concernant les trajets, l'un des énormes hybrides à gueule de squale se pencha en avant sur la table, dessinant à l'aide de ses doigts aux ongles noirs et crochus un plan imaginaire supposé expliciter l'erreur de la jeune femme.

    "Ouais, j'vois où vous vous êtes paumée. A quelques lieux d'ici, y'a un croisement. Pour différencier les deux c'est pas compliqué, les routes de Bordeleau sont bien mieux définies et marquées que ne l'sont celles qui mènent à Brumerive. Y'a bien moins d'charrettes qui passent par chez nous alors, inévitablement, les chemins qui s'y dirigent sont moins bien tracés."

    Acquiesçant silencieusement en hochant la tête, Bigorneau porta une chope de rhum à sa vilaine gueule de prédateur, engloutissant deux gorgées d'un coup avant d'expirer bruyamment. Peu concentré sur ces histoires de trajets terrestres qu'il n'usait que très peu et exclusivement par obligation professionnelle, l'Amiral repassa sur le précédent sujet, quelque chose qui le titillait au plus haut point et qu'il n'avait pas manqué de relever lorsque la demoiselle y avait fait allusion :

    "Vous avez parlé de sécurité ?"

    Ne laissant pas mijoter la question trop longtemps, Bigorneau abandonna sa chope puis s'humecta les lèvres d'un bref coup de langue et reprit, après s'être raclé la gorge :

    "Vous n'avez pas à vous en faire, car votre nom figure désormais dans une liste très particulière, Ellevy. Je vous l'ai déjà dit : des talents comme le vôtre se sont rares et en ces temps troublés, les distractions d'une telle qualité viennent à manquer."

    L'assiette commandée par la jeune femme arriva sur la table pile à ce moment-là et le tavernier s'empressa de faire de la place en repoussant sans ménagement particulier les chopes et godets qui barraient la route au plateau de victuaille. Ce n'était pas du grand luxe mais c'était sans conteste ce qui se faisait mieux sur ce malheureux bout de terre corrompu jusqu'à l'os par la piraterie et le crime. C'était pour la qualité de la cuisine, entre autre, que Bigorneau y collait ses vieilles bottes ensablées aussi souvent. Accordant un bref coup d'oeil au gros costaud qui venait de servir son invitée, Bigorneau ajouta :

    "C'est pour moi."

    Il lâcha quelques piècettes sur la table et celles-ci furent fauchées par le tenancier qui gratifia l'Amiral d'un bref geste de la tête avant de s'éclipser. A nouveau centré sur le sujet principal, Bigorneau laissa à Ellevy le soin de commencer son repas tranquillement et continua ses explications :

    "Je n'vais pas vous assommer avec l'histoire de cet endroit, sachez simplement que j'y ai un intérêt certain et que je paierais cher pour le voir gagner en... confort de vie, dirons nous ?"

    Sa tête s'orienta vers une fenêtre crasseuse derrière laquelle on apercevait, à quelques dizaines de mètres de là, un établissement voisins d'où émanaient sans cesse rires cristallins et plaisanteries grivoises. Cela fait, il reposa ses iris blanchâtres sur Ellevy et enchaîna :

    "Les filles d'joie, c'est un incontournable, mais ça fait pas tourner une baraque d'une telle envergure. Pas comme j'le voudrais, du moins."

    S'adossant confortablement contre sa banquette, il conclut enfin :

    "Alors oui, je m'intéresse de très près à votre art. Plus précisément, j'aimerais connaître vos tarifs pour des prestations plus régulières, de quoi vous convaincre de vous gourrer de route plus souvent, 'voyez c'que je veux dire ?"

    Après avoir laissé flotter un bref silence, il se permit d'ajouter :

    "J'suis pas tout jeune, Ellevy. Cinq siècles de boutique, quelques autres de plus si j'me fais pas faucher par un sabre. L'or, on s'en lasse. L'art, jamais. Pouvoir profiter du second dépend souvent du premier et, coup d'bol, j'suis plutôt bien loti à ce niveau."
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