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  • Mar 2 Jan - 18:09
    L'humble bras de mer séparant les zones portuaires d'Ikusa et les quais de Maël était sans conteste l'un des passages commerciaux les plus fréquentés par les marins issus de toutes les eaux du Sekaï. Recelant de trafic en provenance ou à destination des firmes de Boktor, cet endroit était à lui seul plus arpenté par les embarcations marchandes que n'importe quelle autre localisation maritime. Cela n'avait pourtant rien d'une mine d'or pour les pirates et forbans de tous les horizons car malgré la faiblesse toute relative de la flotte impériale, les dimensions réduites du couloir aquatique faisaient de lui un véritable goulot d'étranglement dont il était difficile, voir complètement impossible, de s'extraire sans encombre.

    Il y avait pourtant en ce monde au moins un vaisseau qui s'autorisait l'impermissible.




    Ginette l'Impitoyable, en fantôme abyssal né de la démence de son infame propriétaire, faisait ce que nul ne pouvait accomplir en passant littéralement sous la surface des eaux dociles qui abordaient Maël. Tel une gigantesque bête marine faite de bois et de plomb, le navire favori de l'Amiral Bigorneau raclait presque les fonds des récifs, sondant les tréfonds à faible vitesse pour n'émettre sur son passage que de fébriles vibrations, perceptibles uniquement par la peuplade sous-marine elle-même. Epave magique portée par les courants, Ginette et ceux qui en arpentaient le pont furetaient ça et là, à la recherche de ce qu'ils étaient venus récupérer par la voie du sabre.

    Accroché comme une huître à la barre de son navire amphibie, l'Elémentaire maudit scrutait comme tous les siens les fonds marins de son œil mauvais, ce dans le silence intégral des profondeurs. Ils avaient une proie à traquer et si cette dernière les avaient fui comme la peste jusqu'à présent, elle se trouvait désormais en bien fâcheuse posture car, tout comme les navires condamnés à ne voguer qu'à la surface, la créature était prisonnière de ce cul-de-sac naturel. Affectueusement baptisée "Pipo la Filoute", la sauvage Aboleth femelle que pistaient les marins leur donnait du fil à retordre mais nul pirate n'était décidé à rendre les armes pour retourner aux mers du sud. Ils avaient voyagé trop longtemps et avaient essuyé trop de fois la défaite suite aux innombrables escapades du poulpe démesurément grand.

    En lâchant quelques bulles d'air pour interpeler l'Amiral, le triton ayant pris le rôle de quartier-maître tapota sur l'épaule de l'Elémentaire pour ensuite attirer son attention vers une forme obscurcie par les dépôts subaquatiques qui conféraient aux profondeurs un aspect étrangement brumeux. Camouflée en colossal rocher, Pipo la Filoute épousait les formes des parois rocailleuses dans un vain espoir de se dissimuler aux yeux de ses poursuivants. Ni une ni deux, Bigorneau poussa énergiquement la barre pour pointer l'éperon du vaisseau vers sa cible et alors que le mégalodon qu'était son navire se mettait à pivoter sans un bruit dans la bonne direction, l'Amiral abandonna la barre pour la refiler à son timonier, avant de s'accrocher aux diverses rambardes et cordages, se dirigeant vers le mat de Beaupré avec l'aisance d'une murène.

    Une fois arrivé à l'avant de son navire, il leva l'une de ses dextres au dessus de sa tête et vint tisser de ses doigts une forme indescriptible. Un infime tourbillon vint naître de ses manipulations des flux magiques et des puissants courants, formant peu à peu la silhouette effilée d'un gigantesque trident né de pure magie. Le projectile né du tumulte se précisa lentement, gagnant en substance et se faisant plus affuté dans un bourdonnement lancinant tandis que les pirates, sourires aux lèvres, se préparaient déjà pour un assaut frontal de la bête à huit bras.

    Il y eut un grondement puissant sous les eaux et dans une vive impulsion, Bigorneau catapulta son bras en avant pour amorcer le départ de sa création qui fusa tel un carreau de baliste, filant à toute allure pour enfin se loger droit dans la chair spongieuse de l'Aboleth. Grièvement blessée, la bête surprise s'agita d'un seul coup, secouant pierre et corail en relâchant sous son corps un immense nuage d'encre. Dans sa fuite ô combien gracieuse malgré sa taille invraisemblable, le géant des mers se projeta vers le haut en poussant un chuintement long dans lequel se lisait toute sa douleur. Le son amplifié par les vibrations de l'eau se réverbéra jusqu'aux esgourdes de Bigorneau qui jubila à l'idée d'avoir fait mouche. Suivant des yeux la silhouette rendue draconique par l'obscurité ambiante, l'Amiral vit Pipo se diriger droit vers la surface.

    Les Aboleth n'étaient pas connues pour leur agressivité inconditionnelle et si elles prenaient occasionnellement le risque d'assaillir les arpenteurs de terre, c'était principalement dans le cadre de situations désespérée. Aveuglée par la souffrance autant que par la crainte des poursuivants, la pieuvre titanesque transperça la surface de la mer sans voir où elle allait et sa tête vint malencontreusement heurter le dessous de la coque d'un autre navire richement décoré. Croyant dans son intelligence limitée être victime d'un nouvel assaut en traître, l'Aboleth pivota sur elle-même et vint enserrer le bateau qu'elle venait de heurter malgré elle alors que ses énormes tentacules s'accrochaient au mât ainsi qu'au pont de l'embarcation.

    Bigorneau se frotta les paluches, voyant là une belle occasion de faire une pierre deux coups. Il commencerait par se débarrasser de la bête, ce qui était son plan initial puis, après avoir sauvé les nobliaus ou riches marchands situés à bord du bateau assailli, il demanderait une compensation pour l'aide apportée. Voilà une idée particulièrement riche, et potentiellement bien plus prolifique qu'une simple traque au poulpe. Il ordonna à son embarcation maudite de pointer vers la lumière et l'ascension s'entama lentement.

    A la surface, un combat contre la nature faisait déjà rage. Le navire particulièrement bien défendu qu'avait frappé l'Aboleth était protégé par des soldats d'élite qui repoussaient les assauts de la créature malgré la brutale sauvagerie de cette dernière. Lorsque la surface de la mer fut percée une seconde fois, les militaires crurent d'abord voir apparaître un autre monstre marin et furent surpris de découvrir à la place la colossale épave s'extirpant des profondeurs, éperon en avant et gueule de bois ouverte. Droit comme un I et fier comme un coq, le Bigorneau se tenant debout sur la figure de proue hurla à s'en arracher la trachée :

    "NOUS VOLONS A VOTRE SECOURS ! N'AYEZ CRAINTE, MESSIEURS DAMES !"

    Se cambrant en arrière dans une grotesque acrobatie, le Fléau des Océans manifesta entre ses griffes un second trident, tout en se préparant à faire feu d'une seconde à l'autre.
    Impératrice-dragon du Reike
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    Ayshara Ryssen
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  • Mar 9 Jan - 9:36

    Le hasard fait bien les choses [Ayshara - Bigorneau] HD-wallpaper-dragon-ship-dragon-art-cg-ship

    L'aube se dévoilait à peine sur le palais d'Ikusa lorsque Ayshara se préparait pour son périple à venir. Aujourd'hui, elle devait se rendre à Mael, la dernière cité vivante de l'ancien Shoumei, afin d'y rencontrer l'Intendant en poste, ce très cher Lucifer. Ensemble, ils discuteraient du développement du remède à la Peste Obscure ainsi que son déploiement au sein de l'Empire. En somme, il s'agissait d'une réunion d'importance à ne pas manquer. Néanmoins, quitter sa maison et sa famille bien-aimée pour s'aventurer en territoire incertain lui pinçait le cœur. Un voyage qui s'annonçait long, mais ô combien nécessaire au bon déroulement des procédures. Vraiment, il fallait que cette maudite maladie de Puantrus cesse de les hanter, et ce au plus vite. Le simple fait que des innocents périssent de ce mal insidieux était inacceptable à ses yeux. L'urgence de mettre en place un moyen de distribution efficace et juste s'imposait comme une responsabilité dont le poids reposait sur ses épaules régaliennes.
    Parfaitement consciente des dangers potentiels qui guettaient - surtout en ces temps troublés - la vosdraak décida de ne point s'aventurer sans une préparation adéquate ; elle s'accompagna donc d'une garde rapprochée d'élite, des guerriers loyaux et intrépides, choisis parmi les plus vaillants du royaume.

    Après avoir dit au revoir à Tensai et Draknys, l'impératrice quitta la majestueuse capitale reikoise pour monter à bord d'un bateau appartenant depuis des générations à sa lignée : Le Dragon. Navire emblématique du règne de la précédente dynastie, il se caractérisait par son architecture unique rappelant celle de la créature mythique reptilienne. Ses voiles d'un rouge sanguin frémissaient sous la caresse du vent matinal et la proue, sculptée avec art, imageait à la perfection la tête d'un dragon. C'était un chef-d'œuvre à ne point en douter ! Peu importe où elle allait, cette embarcation ne passait jamais inaperçue, symbole indéfectible d'une richesse ancestrale. La Mer des Anciens n'avait qu'à bien se tenir !

    Alors que sa monture de bois prenait le large, la maîtresse du feu divin se tenait debout, près du pont supérieur, ses prunelles scrutant l'horizon où l'étendue d'eau salée et le ciel se fondaient en un seul. Une discrète grimace orna son faciès de poupée; décidément, elle détestait la mer. Pour elle, il s'agissait presque d'un élément "ennemi" à sa nature enflammée. Elle se sentait beaucoup plus à l'aise dans les cieux, montant l'imposant Valeryon, ou sur la terre ferme en chevauchant un destrier basique. Les océans étaient tellement sombres et mystérieux... Comme un genre de monde à part.

    - Votre Majesté, si vous permettez... Nous avons étudié les possibles embûches. Les récits des marins sur Mael parlent de tensions et de méfiance envers les étrangers. Il serait prudent de demeurer sur nos gardes, même en présence de l'Intendant Lucifer. Et concernant l'entrevue avec ce dernier, il faudra être vigilants. Maël est un nid d'intrigues et de complots. Nous devons nous assurer que ni vous ni l'entretien ne soyez compromis.
    - Poursuivez, Lenor. Vos conseils ont toujours été pour moi d'une grande valeur.
    - Je vous remercie, Impératrice. Ainsi donc, nous avons prévu plusieurs itinéraires afin de vous conduire en sécurité à votre rencontre. Chacun de ces chemins a été choisi pour leur discrétion et leur facilité d'évacuation en cas de nécessité. Pour vous escorter, un petit nombre de gardes fut sélectionné, les plus agiles et furtifs. Ils seront vêtus de manière à se fondre parmi les citoyens, histoire d'éviter d'attirer une attention indésirable. Ensuite, nous prévoyons un...

    VRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR !

    Un grondement sinistre en provenance des profondeurs interrompit immédiatement le dialogue des deux personnages. Un danger les agressait. Remarquablement disciplinés, les défenseurs du Dragon se mirent en position, prêts à contre-attaquer la créature qui osait s'en prendre à l'impérial vaisseau. La monstruosité tentaculaire ne tarda pas à s'enrouler autour de leur bateau, cherchant sans doute à détruire cet "envahisseur". Cependant, Ayshara conserva un calme olympien, observant la scène avec une expression presque glaciale. Elle savait que la panique ne ferait qu'aggraver la situation. Ses yeux scrutaient la bête, analysant chacun de ses mouvements. Puis, l'attention de la noble dame se détourna rapidement vers un nouvel arrivant au design... spécial ? Ses sourcils se froncèrent lorsqu'elle remarqua que leur navire n'avait rien d'ordinaire et que leur présence ici lui paraissait assez étonnante. Perplexe mais curieuse de voir la suite des choses, elle se contenta de regarder le combat qui se déroulait. En tout cas, ces étrangers avaient attaqué cet aboleth. Peut-être que leurs intentions n'étaient pas mauvaises, en fin de compte ?

    Un doux sourire caressa ses lèvres divines. Il était temps de se débarrasser de ce nuisible des océans. Les améthystes de la belle commencèrent à scintiller de magie, tandis son aura s'étendait vers les flots tumultueux, là où sa paume fit face. Obéissant à sa convocation muette, l'eau s'agita en un vortex imposant, évoluant en un remous serpentiforme qui se rua sur l'animal doté de tentacules. Les ondes dirigées grâce à la force psychique de la reine-dragon s'immiscèrent avec une exactitude quasi médicale à l'intérieur du corps du monstre, pénétrant chaque tissu de son essence. L'aboleth, captive dans ce déchaînement hydrique, s'efforça de lutter, mais la contrainte croissante de la tension hydraulique éliminait toute possibilité de fuite... Et la demoiselle n'en resta pas là et amplifia son contrôle, transformant le flot qu'elle soumettait à sa guise en un déluge impitoyable. Dans un apogée de force magique, la pression devint insoutenable; et soudain, dans une explosion macabre, la bête éclata, projetant en hauteur ses entrailles sanguinolentes. Des fragments de chair et d'os se dispersèrent partout, retombant en une pluie très peu ragoutante.

    Bien. Ils pouvaient désormais s'occuper de ces illustres inconnus.

    Le regard de la reikoise se porta en direction de cette étrange épave à l'apparence intimidante. Pendant un court instant, elle dévisagea cet homme tout bleu qui beuglait à tue-tête et qui posait ridiculement. Puis, après avoir essuyé d'un mouvement gracieux une mèche de cheveux argentée égarée sur son front, l'épouse de Tensai leva sa main en un grand salut, un geste élégant qui tranchait certainement avec la brutalité de leur récente confrontation. Prenant une grosse inspiration, elle hurla à son tour :

    - OH, BONJOUR À VOUS ! MERCI D'ÊTRE VENU NOUS AIDER, C'EST TRÈS GENTIL ET AIMABLE DE VOTRE PART ! VOTRE BRAVOURE NE PEUT RESTER SANS RÉCOMPENSE ! JE SUIS AYSHARA, IMPÉRATRICE DU REIKE. JE VOUS INVITE À NOUS REJOINDRE À BORD DU DRAGON ET À PARTAGER NOTRE TABLE SI ÇA VOUS TENTE !

    Voyons voir...

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  • Sam 13 Jan - 3:36


    Déséquilibré sur son perchoir par un soudain afflux de magie, l'Amiral se lança dans une gigue passablement ridicule tout en essayant par tous les moyens de conserver un semblant de contrôle sur le projectile qu'il avait initialement prévu pour l'Aboleth. Dansant d'un pied sur l'autre pour ne pas choir du mat de Beaupré tendu à la verticale, il finit par réaliser qu'il n'avait aucune envie de balancer le trident colossal par accident et il décida par souci de sécurité de rompre le contrôle qu'il exerçait sur l'objet aqueux. L'eau perdit tout son échafaud magique et retomba lourdement à la surface de la mer pour s'assimiler aux vagues.

    Une violente détonation magique retentit et dans une explosion luminescente, l'Aboleth fut réduite en bouillie lors d'un ultime grondement. Le navire de l'Amiral fut légèrement projeté sur le côté par la puissance brut de la manifestation des arcanes maîtrisées par l'Impératrice. S'accrochant tant bien que mal à son support, l'habile pirate sautilla à plusieurs reprises pour suivre la rotation forcée de son embarcation et lorsque le ventre de Ginette frappa la surface océanique en un brutal fracas, Bigorneau leva la tête pour se faire témoin non sans stupeur d'une véritable pluie de viscères qui s'écroulèrent un peu partout, maculant son pont comme ses mats de sang et d'organes broyés par le sort qu'avait lancé l'étrangère. Suite à la violence des sons émis par l'explosion, Bigorneau n'entendit pas l'entièreté de l'invitation offerte par l'inconnue qui se trouvait sur le pont d'en face et il se contenta d'obtempérer sans trop comprendre, non sans poser quelques questions à l'un de ses compagnons :

    "Elle a dit quoi la fille ?"

    "C'est l'Im...trice, ...Iral."

    "La quoi ?"

    Sans trop se soucier de cette absence d'informations relatives aux personnes qu'il avait "sauvé", l'Amiral laissa ses hommes manœuvrer puis tendre des planches entre son embarcation et la seconde, tout en s'évertuant à se déboucher l'oreille en y secouant furieusement son auriculaire. Le bruit blanc qui lui vrillait les tympans rendaient les sons étouffés et franchement insupportables mais l'Elémentaire continua son avancée tandis que son camarade pirate s'épuisait à hurler les paroles de la demoiselles avec ce même entrain. Bigorneau traversa le vide puis bondit sur le pont principal du vaisseau impérial, seulement pour répéter à son collègue en beuglant :

    "J'ai toujours pas compris Mr. Cabillaud ! Il faut parler PLUS FORT !"

    "C'EST L'IMPÉRATRICE DU REIKE ! ELLE VEUT VOUS INVITER SUR SON RAFIOT POUR VOUS REMERCIER, AMIRAAAAAL !"

    L'information passa enfin mais la surprise de se faire ainsi hurler dans une oreille brusquement retournée à son fonctionnement d'origine fit monter la colère de Bigorneau. Se bouchant les esgourdes par réflexe en s'éloignant un peu du forban qui lui criait dessus, il fit volte-face d'un seul coup pour répondre avec férocité :

    "CA VA J'AI PIGÉ ! C'EST L'IMPÉRATRICE ET ELLE..."

    Il réalisa ce qu'il venait de dire et la rage devint pure confusion. Se tournant en direction de la Dame et de ses gardiens impériaux, Bigorneau haussa soudainement les sourcils en comprenant pleinement face à qui il se trouvait.

    "Attend, comment ça ? L'impéra... l'impératrice ?"

    Il y eut un moment de silence durant lequel le pirate ne sut pas comment agir. Les cheveux, la tenue, l'attirail et les deux millions de connards en armure autour d'elle; il aurait dû s'en douter, pardi ! L'Elémentaire s'était préparé à escroquer des nobliaux de Melorn ou de Maël, peut-être des riches marchands venus d'Ikusa, mais certainement pas à se retrouver en pleine audition avec la Dragonne en chef. Tournant la tête pour constater que ses camarades ne l'avaient pour la plupart pas suivi et qu'ils l'observaient avec des yeux de merlan frit, l'Amiral dut se résoudre à ne pas trop se laisser impressionner et à assumer les responsabilités associées avec son grade. Il renifla puis se racla la gorge, avant de tendre amicalement sa main vers la fameuse Ayshara :

    "Impératrice Ryssen, bien sûr ! Enchanté je suis..."

    Des lances et des hallebardes se croisèrent, lui interdisant l'accès à la dextre de la dirigeante reikoise. Reculant ses doigts gantés par réflexe, le pirate conclut sa phrase avec une légère inquiétude dans la voix :

    "Oula du calme les gars, j'mords pas...je suis l'Amiral Bigorneau, ravi de faire votre connaissance, votre euh... votre Altessissime."

    Pour une fois, il priait pour que sa réputation ne le précède guère.
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  • Lun 29 Jan - 9:58

    Satisfaite de son œuvre, la reine contemplait les restes déchiquetés cette aboleth imprudente. Une sensation inhabituelle l'envahissait, un frisson de réplétion quasiment malsain. Elle, qui répugnait à l'idée de verser le sang, même celui des entités les plus viles, trouvait aujourd'hui une étrange euphorie dans son acte. Son pouvoir avait jailli avec une force brute, déchaînant les flots pour détruire l'abomination marine. Ainsi donc, les entrailles de la créature gisaient désormais, une carcasse informe flottant sur les eaux apaisées, son règne de terreur achevé par la volonté ferme de la mère-dragon. L'adrénaline du combat s'évanouissait lentement, tandis que ses pensées s'envolèrent brièvement vers le palais impérial. Un sourire intérieur naissait, esquissé en songeant à Tensai, son époux bien-aimé. Elle l'imaginait, avec son regard perçant et sa stature imposante, exprimant une fierté en la voyant comme ça, debout, triomphante, après avoir abattu un monstre des profondeurs marines. Ayshara savait pertinemment son Roi aurait apprécié cette manifestation de force et de courage. Ses yeux auraient révélé cette étincelle si particulière, ce même éclat qui les avait si souvent soudés par la passion.

    Puis, son moment de réflexion fut interrompu par l'acceptation de son invitation et l'arrivée du fameux bonhomme bleu qui n'arrêtait pas de hurler.

    Cette rencontre allait être trop bien.

    Debout sur le pont, la vosdraak, toujours entourée de ses myriades de gardes du corps, observait la scène d'un œil à la fois curieux et amusé. Après avoir traversé le gouffre sur une planche branlante, l'inconnu des océans semblait engagé au sein d'une conversation à haut volume avec son subalterne... Du moins, jusqu'à tant qu'il remarque la présence de la très respectée souveraine du Reike. Alors que des lances protectrices se dressaient en direction du marin, un court silence s'installa, pendant lequel la maîtresse du feu divin ne put s'empêcher de rire légèrement. Un personnage haut en couleur se tenait devant son auguste personne. Le contraste entre sa propre prestance royale et le comportement désinvolte de l'Amiral était frappant. Mais surtout amusant. Avec ses manières brutes et son étonnement apparent, il se situait à des lieues des courtisans et des dignitaires qu'elle côtoyait normalement.

    D'un geste de la main, la belle ordonna à ses protecteurs de baisser leurs armes.

    - Veuillez excuser leur zèle, Amiral Bigorneau. Je suis convaincue que nous n'avons rien à craindre de votre part. Dit-elle d'une voix teintée d'un soupçon d'ironie. N'est-ce pas ?

    Malgré son amusement, elle conserva son calme et sa prestance habituelle. Ses améthystes fixèrent l'élémentaire aquatique d'une façon douce et pénétrante, s'interrogeant sur ce qui avait motivé ces inconnus à essayer de les aider lors de leur lutte contre ce monstre tentaculaire. L'épouse du Conquérant s'avança alors d'un petit pas, un sourire gracieux illuminant son visage, équilibrant habilement autorité et délicatesse.

    - Enchanté, Monsieur Bigorneau. Je suis Ayshara Ryssen, Impératrice du Reike, souveraine des eaux et des terres qui s'étendent à l'horizon. Votre arrivée inopinée en ces eaux tumultueuses est un signe que les mers nous réservent toujours des surprises. Déclara-t-elle. Ses yeux scrutèrent légèrement les doigts précédemment tendus par son hasardeux interlocuteur, se demandant si elle devait lui serrer la main ou non. Elle haussa les épaules. Et d'un mouvement subtil de la tête, elle fit comprendre qu'elle ne pouvait pas accepter ce geste de courtoisie. Dans les traditions de mon peuple, il est interdit aux étrangers de toucher directement l'Impératrice. Il s'agit d'une coutume que nous tenons en haute estime, un symbole de respect et de distinction qui m'entoure. Expliqua-t-elle, évitant bien sûr de révéler que c'était surtout parce que le Conquérant n'appréciait pas que l'on touche à sa femme d'une quelconque façon. En y réfléchissant bien, elle trouvait ça assez mignon, toute cette protection.

    Un doux rictus s'échappa d'entre ses lèvres. Comprenant l'éventuel malaise que son refus de serrer la main de Bigorneau pouvait causer, elle décida de changer subitement de sujet de conversation, histoire qu'il se sente davantage à l'aise en sa compagnie. Ses yeux pétillants de curiosité, elle se pencha légèrement en avant, manifestant un intérêt sincère pour son invité inhabituel.

    - Amiral Bigorneau, donc ? Vous possédez un titre qui évoque une expérience considérable sur les mers. Pourriez-vous me parler un peu plus de votre rôle ? Travaillez-vous actuellement pour une nation spécifique, ou votre allégeance se porte-t-elle plutôt vers les caprices de l'océan ? Puis, elle riva ses prunelles indigo vers l'étendue azurée, pensive. La mer ne m'a jamais réellement séduite. Mon cœur appartient aux cieux. Il n'y a rien de plus exaltant pour moi que de voler dans les airs, particulièrement sur le dos de mon dragon. C'est dans les nuages que je me sens vraiment libre, bien plus que sur les flots capricieux de l'océan.

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  • Dim 4 Fév - 13:29
    Lorsque les armes des soldats impériaux s'abaissèrent, les hommes de Bigorneau sentirent leurs petits fions se desserrer d'un cran. S'ils étaient parés à tout et qu'ils ne reculaient jamais devant une bonne bagarre, ils avaient tout de même pile assez de jugeotte pour se douter que se frotter à l'Impératrice et à ses suivants était en tête de leur liste de mauvaises idées, qui était pourtant sacrément longue et bien fournie. Lorsque la régente de l'Empire s'approcha pour le saluer avec distinction, Bigorneau se fendit en retour d'une sorte de révérence à moitié complète, peu coutumier qu'il était aux mœurs de la haute.

    Relevant la tête pour ensuite ajuster son tricorne, il offrit son sourire le plus radieux à la Dame; même si la paire de scies que constituait sa mâchoire de squale n'avait rien de particulièrement rassurant. S'il avait passé un peu de temps à potasser les écrits républicains car il souhaitait connaître son ennemi au mieux, il avait globalement négligé ce qui se rapportait à l'Empire et n'avait donc aucune idée de ce dont lui parlait la représentante en chef du peuple reikois. Avec une courtoisie peu commune pour lui, il amena alors :

    "J'suis navré, j'en savais rien. 'Faut pas se formaliser, on est un peu rustres mais on mord pas, madame. Excusez nos manières de forbans."

    C'était de loin le plus gros mensonge de l'histoire de l'Amiral. Pas plus tard qu'hier, les crocs acérées des sirènes qui l'observaient nerveusement depuis le pont déglingué de la GInette avaient été tâchés par le sang de marins peu chanceux. Le cannibalisme, plus qu'un simple aléa, représentant pour une partie des Naufrageurs un pan de culture à part entière. C'était bien évidemment un aspect de leurs activités que Bigorneau allait s'efforcer de planquer sous le tapis au mieux; et ce n'était malheureusement même pas la plus condamnable des exactions dont ils s'étaient rendus responsables le mardi précédent.

    "Du coup si nos coutumes à nous vous chiffonnent, 'faut pas hésiter à m'en faire part. Au Reike, fais comme les Reikois, pas vrai ?"

    S'amusant de sa propre remarque, il s'autorisa un bref éclat de rire visant à détendre l'atmosphère puis, voyant que les hommes de l'Impératrice avaient passablement laissé passer l'idée de lui trancher la tête à grands coups de hallebarde, l'Amiral se risqua à faire quelques pas de plus sur le pont du navire splendide sur lequel il évoluait. Pas usé pour un sou, cordages neufs et impeccables, ce n'était à n'en pas douter pas un vaisseau qui prenait souvent la mer et nul doute qu'il passait le plus clair de son temps à mouiller sans être particulièrement employé. L'Impératrice ne tarda pas à confirmer ces soupçons là, car elle confia sans honte aucune qu'elle n'était pas tout à fait amatrice des pérégrinations maritimes, tout en demandant de plus amples informations sur les réelles affectations de l'Amiral. Choisissant sciemment de repousser la question pour se centrer sur la partie moins conflictuelle du discours, il répondit avec joie :

    "J'comprends que les cieux vous attirent, mais ils sont un peu surfaits non ? A part des nuages et des piafs, y'a pas grand-chose à y rencontrer j'crois. 'Fin j'dis ça mais j'en sais rien, je vole pas."

    Il leva les yeux au ciel et plissa un peu les paupières, les mains sur les hanches. A priori, comme d'habitude; une étendue bleue parsemée avec du coton blanc et gris. Rien de folichon, donc. Reportant son attention sur l'Impératrice elle-même, il lança avec enthousiasme :

    "J'pense que si vous appréciez pas la mer, c'est parce que vous la connaissez pas assez ! Vous en voyez la surface, mais avez-vous déjà eu l'occasion d'en apercevoir les profondeurs ? J'en doute ! Par chance, mon navire a la faculté d'explorer les abysses. Si vous l'souhaitiez, je pourrais vous faire visiter; à l'occasion. Vous seriez pas déçue du voyage, croyez moi sur parole !"

    Les familiarités du marin ne manquèrent pas de faire froncer les sourcils de l'un des gardes impériaux et Bigorneau, constatant cela d'un coup d'œil en biais, ajouta donc prestement :

    "Avec tout l'respect qui s'impose, bien sûr..."

    Prélevant son tricorne pour s'éventer avec et laisser sa tignasse azurée respirer; l'Amiral secoua un peu la tête avant de se lancer sur le point le plus épineux :

    "Mon titre est bien moins intéressant qu'il en a l'air, vous savez ? Amiral, c'est un mot pompeux pour dire qu'il y a beaucoup de gars qui sont d'accord avec moi et qui acceptent de m'suivre dans mes déboires. On fait un peu d'tout; sans allégeance particulière. J'dirais que d'une manière générale, on va là où la fortune nous mène. Mercenariat, escorte, chasse aux bestioles. Nos activités sont plutôt... variées, dirons nous. Les Hommes à tout faire des mers indomptables, 'voyez l'genre ?"

    Il oubliait sans doute esclavagisme, trafic illicite et massacres de marchands; mais ce n'était pas nécessairement un pan de carrière qu'il était malin d'amener en présence des grandes instances impériales. Se raclant un peu la gorge, l'Amiral porta son chapeau contre son torse et passa du coq à l'âne :

    "J'ai très mal entendu ce que vous m'avez dit après l'explosion -formidable d'ailleurs- que vous avez provoqué... Vous aviez parlé de... partager une table ? Si c'est bien c'que vous avez proposé; c'est pas d'refus. C'est pas tous les jours qu'on peut festoyer en aussi bonne compagnie, n'est-ce pas ?"
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    Ayshara Ryssen
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  • Dim 11 Fév - 7:49

    Rares étaient les fois où la mère-dragon avait la "chance" de rencontrer un marin, surtout lors de conditions pareilles. Une attaque soudaine de créature océanique, l'apparition d'un navire altruiste désirant leur prêter mainforte... Vraiment, le hasard faisait bien les choses. Ou peut-être que tout cela camouflait un grand complot, une énième obscure tentative de s'en prendre directement à la dirigeante du Reike... Il valait mieux n'écarter aucune possibilité.
    L'étrange personnage à la peau bleue se courba respectueusement devant son auguste personne, ce qui ne manqua pas de l'amuser encore plus. Un geste de courtoisie surprenant venant d'un individu de sa "trempe". Elle contempla Bigorneau, son front s'inclinant bas. Ses améthystes se portèrent quelques instants sur ce chapeau de forme triangulaire qu'il arborait fièrement au-dessus de son crâne. Très peu connaisseuses des us et coutumes des hommes des mers, elle se demandait à quoi servait un tel accoutrement. Ne risquaient-ils pas de le perdre au vent ? Ayshara réprima un rire lorsqu'elle s'imagina un équipage de mousses robustes et tannés par le sel, en pleine tempête, en train de courir après leurs précieux tricornes. Certes, cette vision était sans doute très éloignée de la réalité, mais cette dernière avait le mérite d'être bien drôle !

    Un air malicieux au visage, l'épouse du Conquérant écouta les excuses légèrement maladroites de l'Amiral à la dentition plutôt effrayante, pendant que la brise marine caressait doucement ses longs cheveux immaculés, les faisant onduler comme les vagues de la marée.

    - Oh, je ne me formalise guère. Vos manières de forbans, comme vous dites si bien, ajoutent une certaine couleur à ce moment. Je dois avouer que c'est une bouffée d'air frais par rapport à la rigueur habituelle de ma cour ! L'impératrice réalisa des petits pas gracieux sur le pont, son regard se perdant une poignée de secondes parmi l'immensité de l'océan avant de revenir vers son interlocuteur. Que diriez-vous d'une courte leçon sur nos coutumes ? En tant que voyageur des mers, de pareilles notions pourraient vous être utiles si jamais vous croisez des reikois ! Proposa-t-elle. La diversité constituait l'un des assaisonnements essentiels de la vie, et ce n'était clairement pas un peu de rusticité qui saurait l'offusquer aujourd'hui. Partageant son quotidien avec Tensai Ryssen, un ancien chef barbare, elle commençait à avoir l'habitude de ce qui sortait de l'ordinaire. Et puis, n'était-ce pas la marque d'un véritable capitaine que de rester fidèle à lui-même, quel que soit le port où il jetait l'ancre ?

    Évidemment, sa précédente remarque concernant sa préférence des cieux à celle des eaux ne passa pas inaperçue. Malgré le franc parlé de Bigorneau, ce dernier possédait une perspective assez intéressante de la chose. Toutefois, affirmer que les cieux ne se résumaient qu'à des nuages et à des oiseaux s'apparentait à dire que la mer n'était qu'écume et vagues. Les cieux, à l'image des océans, recélaient moult mystères et beautés exotiques que seul l'œil sensible pouvait distinguer.

    - Les cieux - loin d'être surfaits - sont un royaume d'une magnificence incommensurable. Un véritable espace où l'infinité se manifeste dans toute sa splendeur. Quand nous nous élevons au-delà des nuages, nous découvrons un univers de liberté sans limites. Ses prunelles se mirent à briller d'un éclat passionné. Ceci dit, je reconnais que la mer possède certainement un charme pour ceux ayant réussi à mieux la connaître... Mais je dois avouer que cette proposition d'explorer les profondeurs marines m'a l'air tentante ! Il faudrait que j'en glisse un mot à mon mari. C'est rare qu'un navire puisse aller sous les eaux. Le vôtre me semble être plutôt spécial. Est-il magique ?

    Sa tête se tourna lentement vers l'embarcation étrange de l'homme bleu, stationnée non loin de la sienne. Ce navire aux voiles rapiécées et à la coque ressemblant à une gueule ouverte évoquait les images de ces vaisseaux fantômes qui hantaient les récits d'horreur destinés à effrayer les enfants. Incrédule, la jeune femme haussa un sourcil en essayant de comprendre la constitution de cette monture de bois. Elle s'interrogeait sur sa capacité à voguer correctement et à plonger dans les profondeurs insondables des abysses.

    - Je crois qu'être à la tête d'hommes qui vous suivent volontairement, c'est détenir un pouvoir bien plus grand que celui conféré par un simple titre. Ne sous-estimez pas l'importance de votre rôle. Le terme 'Amiral' peut paraitre pompeux, mais il symbolise votre habileté à unir des gens sous une cause commune. Et ça, c'est un talent rare et précieux. Un sourire léger flotta sur ses lèvres. Partager une table, oui, j'ai bien suggéré cela ! Une petite bouffe en compagnie d'un homme de votre envergure est une occasion trop exceptionnelle pour être ignorée. Ce n'est pas tous les jours, en effet, que l'on a le privilège de festoyer en présence d'un Amiral.

    D'un geste élégant de la main, Ayshara invita Bigorneau à la suivre, sous les regards presque inquisiteurs de sa garde royale. En avançant sur le pont, ils marchèrent en direction de l'arrière du Dragon, et lorsqu'ils furent arrivés à destination, ils découvrirent une table dressée de main de maître avec les délices favoris de la belle vosdraak : du thé vert, du caviar, des pâtisseries et fromages ainsi qu'une sélection de charcuteries fines. Bref, de quoi faire saliver le plus pointu des palais. En revanche, cela risquait de ne peut-être pas plaire au propriétaire de Ginette.

    Toujours aussi enthousiaste, la reine s'installa et laissa ses yeux se poser sur l'assortiment culinaire. Décidemment, toute cette action lui avait donné faim !

    - Ne vous gênez pas ! Mangez autant que vous le désirez !

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  • Ven 23 Fév - 5:08
    "On n'pourra pas dire que l'amabilité manque chez les Impériaux ! For-mi-dable !"

    "P'tite bouffe", qu'elle disait. L'Amiral ne retint pas un franc éclat de voix lorsqu'il put confirmer qu'il venait en effet d'être invité à la table de la plus haute figure impériale. Cognant ses paumes l'une contre l'autre, il jeta un regard en arrière pour dévisager ses hommes qui, tout bonnement médusés, le virent tirer la langue en leur direction comme le sale gosse qu'il demeurait malgré ses cinq siècles déjà bien entamés. Ajustant son col sablonneux d'un coup bien sec, il épousseta le manteau exubérant dont il était vêtu et chassa de sa coiffe un petit crabe bleu avant de se lancer gaiment sur les traces de l'Impératrice. Pour faire bonne impression, il savait comment s'y prendre le bougre. Répondant aux diverses questions de l'Impératrice, le marin lança avec un enthousiasme audible :

    "Cette pépète est bel et bien magique, très chère ! Ginette L'Impitoyable, qu'elle s'appelle. C'est l'ancien navire du gars qui m'a appris les ficelles du métier, je l'ai fait retaper et j'y ai fait ajouter quelques petites modifications de mon crû. Les chercheurs d'Aquaria font des merveilles en matière d'innovation et de trouvailles farfelues."

    Les contacts qu'il entretenaient avec la cité des profondeurs n'avaient strictement rien d'officiel, mais il n'était pas nécessaire de tergiverser sur la question.

    "Et quant à votre invitation concernant les mœurs de l'Empire, je l'accepte elle aussi avec joie ! Même un vieux clébard peut apprendre des nouveaux tours, si on s'en donne les moyens. N'est-ce pas ?"

    Croisant le regard impérieux de l'un des gardes qui le fixait avec un mépris palpable, Bigorneau sut aussitôt que le type qui le surveillait d'aussi près avait parfaitement compris à quel genre de crapule il avait affaire. Serait-ce par respect pour Dame Ryssen qu'il gardait son clapet bien fermé et qu'il se contentait de river ses vilains yeux gris sur la frimousse de l'Elémentaire ? Peut être bien. L'Amiral n'en avait pas grand-chose à faire dans l'immédiat compte tenu du fait qu'il s'apprêtait à savourer des délices d'outre-mer en compagnie de la plus charmante Vosdraak qui fut. Ils pénétrèrent ensemble dans la cabine aménagée faisant office de salle à manger et lorsque Bigorneau se fit témoin de l'impensable luxe du repas, il ne put qu'écarquiller les yeux en s'écriant :

    "Par les baloches de Kaiyo !"

    Son effarement se mua très vite en un sourire béat lorsque l'Impératrice l'invita officiellement à prendre place face à lui, bien qu'ils demeuraient sous bonne garde. Deux gardes se postèrent près de la porte, glaives en évidence, pour ensuite se poster droit comme des piquets. Au moindre écart, le pirate allait recevoir deux bons coups dans la truffe mais coup de chance pour les militaire impériaux comme pour lui, le vieux briscard n'avait nullement dans l'idée de se montrer hostile envers la belle. De toute façon, celle-ci avait déjà prouvé avec brio qu'elle incarnait à elle seule le gros de l'armement de ce navire. Tirant la chaise pour s'assoir confortablement, l'Amiral tâcha de ne pas s'affaler et eut même le réflexe de ne pas flanquer ses coudes sur la table.

    " 'Scusez moi pour l'juron, c'est culturel. Rien de religieux derrière."

    Après tout, invoquer en vain le nom du Titan abyssal lui avait déjà attiré quelques emmerdes par le passé alors mieux valait éviter de se comporter comme un âne en présence de la représentante en chef des opposants aux Archontes.  Plutôt que d'ouvrir sa mouille pour ne rien dire de probant, l'Amiral s'empara d'une petite toastinette qui paraissait trop petite pour ses doigts griffus et il la porta à sa bouche. Le goût salé mais profondément élégant de l'amuse-bouche ne manqua pas de ravir les papilles du vieux loup de mer qui ne put retenir un soupir de pur plaisir. Les biscuits secs, les rations de survie et la viande de poulpe grillée avaient tous leur charme mais la grande cuisine demeurait tout de même issue d'un tout autre monde culinaire. Il en engouffra deux ou trois de plus dans sa gueule de carnassier et après s'être balancé au fond de son assise, il fut surpris de se voir servir une tasse de thé vert, une boisson dont la finesse dépassait elle aussi de loin son habituel tord-boyaux mais dont il se contentait très bien.

    "Merci bien, mon brave."

    Il se brûla aussitôt la langue avec le contenu, ce qui l'empêcha d'en apprécier pleinement la saveur, et fut donc contraint de reposer un peu brusquement le thé dans un élan de panique.

    "Bigre, c'est fichtrement chaud votre affaire."

    S'aérant brièvement la langue, il fit râper cette dernière contre ses crocs du haut par trois fois puis recentra enfin son attention sur l'Impératrice. Joignant ses mains, il se racla un peu la gorge et reprit après avoir jeté un œil à l'environnement somptueux. Le Nord n'était pas perdu et le filou gardait toujours un esprit ouvert lorsqu'il avait une chance de se tirer d'une rencontre hasardeuse avec un quelconque contrat juteux mais pour l'instant, discutailler sans parler besogne était de mise, politesse obligeant.

    "Alors dites moi, Impératrice; est-ce par loisir que vous avez pris la mer en ce jour heureux ? J'ai cru comprendre que vous n'aviez pas trop le pied marin, qu'est-ce qui vous a poussé en dehors de votre fabuleux palais ? Si j'me montre indiscret, n'hésitez pas à me le dire !"

    Respectueux mais avenant et assuré. Impeccable, pour le moment.
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  • Jeu 21 Mar - 7:39

    L'Impératrice écoutait ce que ce charmant Bigorneau avait à dire. La description de son bateau, Ginette l'Impitoyable, lui arracha inévitablement un petit sourire en coin. En toute honnêteté, elle s'attendait à une appellation bien plus intimidante ou héroïque, comme le Kraken Déchaîné,  l'Ombre des Abysses ou encore le Conquérant des Ténèbres. Enfin, des trucs du genre, quoi. Toutefois, la jeune femme se devait d'admettre que le nom actuel du navire possédait un certain charme, une singularité qui, à bien y réfléchir, se mariait parfaitement avec le caractère unique de Bigorneau et de son allure. Elle ne put s'empêcher de penser que derrière ce choix apparemment anodin se cachait sûrement une histoire fascinante. Puis, elle haussa un sourcil de curiosité en entendant la mention de la cité sous-marine. Malgré ses liens avec le monde géopolitique, la reikoise n'avait jamais eu la chance d'explorer cet endroit du Sekai, principalement à cause de son manque d'accessibilité pour les non aquatiques. Au final, elle se demandait quelles sortes de magies et de technologies avaient été imbriquées dans le bois et les voiles de Ginette ? Et quelle était l'étendue des pouvoirs que ces modifications lui conféraient ?

    En fin de compte, elle réalisa surtout que ses connaissances en la matière s'avéraient limitées. La navigation en mer, ce n’était vraiment pas le délire des Impériaux.

    - Voilà un nom qui ne manque pas d'originalité ! Ginette l'Impitoyable... Je suis bien curieuse d'en apprendre un peu plus. Votre navire et vos aventures doivent être riches d'histoires extraordinaires !

    L'ouverture d'esprit de l'Amiral et son acceptation enthousiaste de se plonger au sein des coutumes reikoises étaient exactement ce qu'elle espérait. En son for intérieur, elle élaborait déjà un plan pour introduire Bigorneau à la grandeur culturelle de sa nation bien-aimée. À commencer par les bases.

    Ainsi donc, ils s'installèrent à la table. Comme toute bonne personne civilisée, la vosdraak respecta l'étiquette de noblesse en abordant le repas avec une attention particulière, non pas sans rire doucement suite à l'évocation des parties génitales de Kaiyo. Il s'agissait effectivement d'une image très peu ragoûtante. Sans commenter, elle débuta par le thé vert, portant à ses lèvres le délicieux breuvage et laissant son arôme subtil infuser en elle une sensation de sérénité. Ses yeux se fermèrent paisiblement afin de mieux apprécier la complexité de la saveur. Ensuite, l'appétit de la belle la mena vers les mets gastronomiques disposés devant eux. Ayshara commença par une minuscule portion de caviar, déposant délicatement les grains noirs sur un petit blini avant de l'approcher de sa bouche. Et elle continua, lentement. Très lentement. Peut-être trop lentement.

    Alors que la maîtresse du Reike poursuivait sa dégustation, son attention fut captée par les manières de son invité, nettement moins raffinées que les siennes. Manifestement émerveillé par l'assortiment culinaire devant lui, l'homme bleu ne partageait pas la même approche délicate dans l'art de manger. Ses gestes se voulaient empreints d'une rusticité franche, contrastant assez fortement avec la grâce royale de l'Impératrice. Elle haussa les sourcils, surprise mais non offensée. Et ce moment de légèreté atteignit son apogée lorsque l'Amiral se brûla la langue en buvant trop vite le thé bouillant. Elle ricana doucement.

    - Amiral, je vous en prie, prenez garde ! Le thé reikois est normalement servi très chaud. Généralement, nous préférons laisser la tasse reposer quelques instants avant de s'en délecter. Conseilla-t-elle d'une voix douce, essayant de transformer cet incident cocasse en une occasion d'apprentissage.

    Il y avait dans les manières de Bigorneau une authenticité brute et un refus inconscient des conventions qui régissaient la vie à la cour. Telle une bouffée d'air pur dans l'atmosphère souvent étouffante des protocoles royaux, la jeune femme à la chevelure d'argent trouvait cela rafraichissant. C'était comme si, en lui, Ayshara découvrait le reflet d'une liberté qu'elle avait à maintes reprises envié lors de son adolescence.

    Quand le capitaine de Ginette s'informa des raisons justifiant son escapade hors du palais impérial, elle n'eut aucune difficulté à lui répondre avec toute la sincérité du monde :

    - Et bien... Je suis en route pour la cité blanche, où des affaires urgentes m'attendent. Des procédures administratives de la plus haute importance doivent être discutées avec l'Intendant de la ville, notamment en ce qui concerne la distribution d'une protection contre la Peste Obscure. Elle but un p'tit peu de thé. Cette peste fait encore des ravages, en particulier à Shoumei et à Mael. Elle a emporté bien trop de vies innocentes. Je pense qu'il s'agit de notre responsabilité, à nous qui avons les moyens d’intervenir, de faire tout ce qui est en notre pouvoir afin de préserver nos peuples.  Ses améthystes scrutèrent le marin, tandis que le ton employé devint plus sérieux. Si vos aventures vous mènent là-bas, je vous en conjure, soyez extrêmement prudent. Les risques ne sont pas négligeables et la contagion s'étend rapidement.  Même si les reikois avaient accompli des miracles en neutralisant des agents de Puantrus au sein de son antre, le titan n'était malheureusement pas encore maîtrisé, ce qui signifiait qu'il fallait garder l'oeil ouvert. Je vous partage cette information non pour vous inquiéter, mais parce que je crois en l'importance de prendre soin les uns des autres, peu importe nos origines ou nos destinations.

    Évidemment, la belle vosdraak ignorait qu'elle discutait avec un pirate qui pratiquait des activités particulièrement illégales. Toutefois, si elle venait à découvrir un jour la vérité à propos de lui, l'impératrice, dotée d'une grande bonté, éprouverait sans doute des difficultés à adopter une attitude hostile envers lui, malgré tout.

    - Dites-moi, Amiral. Dans votre vie de marin, vous avez certainement traversé des mers et lieux inconnus. Je me demandais, quelle a été la trouvaille ou l'expérience la plus étonnante durant vos voyages ? Quel est ce moment qui vous a profondément marqué ?  Questionna-t-elle, une étincelle de curiosité animant ses prunelles.

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  • Sam 30 Mar - 9:13
    Etrangement, l'Impératrice ne s'encombrait que de peu de mystères et consentait sans aucun mal à partager avec son vis-à-vis les raisons de cette aventure maritime qui ne lui plaisait qu'à moitié. Prenant soin de souffler avec minutie sur la tasse brûlante pour pouvoir s'en délecter sans perdre l'usage du goût au passage, l'Amiral observait le visage enjôleur d'Ayshara avec une grande attention alors qu'elle lui livrait le motif de son escapade. Décidément, les reikois ne se reposaient jamais sur leurs lauriers.

    "La Peste Obscure hein ? J'connais. Un seul gaillard infecté par cette saloperie sur un navire et vous pouvez l'considérez coulé. Endiguer la prolifération d'un tel mal ne doit pas être chose aisée, à n'en pas douter."

    L'Impératrice divagua un instant sur les devoirs que lui imposaient naturellement sa fonction, ce avec la notoire bonté d'âme que lui prêtaient ses adorateurs. D'un air absent dont la gravité était entièrement faite, le vieil élémentaire tâcha de s'imprégner du discours qui, pour le coup, ne le touchait nullement. Si ces pauvres bougres de Shoumeï et de Maël n'étaient pas foutus d'agir autrement qu'en se reposant sur le pouvoir de plus extraordinaire qu'eux, leur anéantissement au sein du nouveau monde devenait inévitable. C'était toutefois une approche de la question que Bigorneau se gardait bien d'évoquer trop directement et, tout naturellement, il répondit avec une malhonnêteté parfaitement éhontée :

    "C'est très noble de votre part, Impératrice. J'ai l'impression que vous faites plutôt bien votre boulot, dans l'ensemble."

    Ca, ce n'était pas faux à proprement parler. Ce que se gardait bien de rappeler Bigorneau, en revanche, c'était qu'il participait activement à rendre la profession de Dame Ryssen plus difficile qu'elle ne l'était déjà par nature. Amiral de flotte pirate, c'était une autre façon de dire "fouteur de merde en chef", en quelque sorte. Mieux valait passer à autre chose, s'étendre sur un mensonge revenait à risquer de s'exposer inutilement à des incohérences de discours :

    "Et j'vous remercie pour cette mise en garde. On s'amuse rarement à poser pied à terre très longtemps dans ma profession mais lorsque ça arrive, on essaie d'éviter de choper la mort au passage."

    Coup de chance pour l'Amiral, la vosdraak ne s'attarda pas plus que de raison sur cet épineux sujet, épargnant ainsi à Bigorneau une éventuelle maladresse. Alors qu'il engloutissait un énième petit four, elle lui demanda le plus gentiment du monde de lui conter son aventure la plus folle et, après un bref instant de silencieuse réflexion, le pirate finit de mâchonner ce qu'il avait en bouche et s'essuya par réflexe à l'aide du coin de sa manche. Après s'être éclairci la gorge en masquant sa gueule derrière son poing, il vint joindre ses deux mains sur la table et entreprit de répondre courtoisement :

    "Ma plus grande trouvaille, hein ? Une hospitalité telle que la vôtre mérite bien une anecdote à la hauteur..."

    Il jeta un oeil à sa tasse encore fumante puis, après avoir pris une grande inspiration, il entama :

    "J'ai voyagé des siècles durant sur les trois mers du Sekaï. En quête perpétuelle de nouvelles découvertes, j'ai convoité des trésors plus formidables les uns que les autres mais, dans ma cupidité, j'ai eu la bêtise de poser mes mirettes sur un cadeau trop grand pour moi. Vous êtes une lettrée, de c'que j'en sais, aussi avez-vous peut être entendu parler de la liche du Roc Azur ?"

    Après avoir chassé de ses crocs quelques miettes coincées, il reprit gravement :

    "Nécromancien d'exception, cet être légendaire préparait, disait on, l'avènement d'une véritable armada de morts. L'appel de l'aventure étant mon crédo, j'y ai mené mon équipage et nous avons combattu sans relâche cette créature machiavélique ainsi que ses innombrables abominations, ce dans l'espoir de mettre un terme à sa folie..."

    Un peu d'honnêteté ne faisant pas de mal, il laissa un sourire en coin apparaître sur ses lèvres et ajouta non sans pouffer brièvement :

    "Pis pour lui prendre ses trésors, et aussi pour pouvoir revendre ses recherches profanes au plus offrant, quand même. On reste des mercenaires. Seulement voilà..."

    Contre toute attente, l'un des gardes de l'Impératrice qui jetait depuis quelques minutes un vilain regard noir à l'Amiral ouvrit la bouche et prit la parole avec une certaine audace. Il était rarissime de voir un simple soldat se permettre d'interférer dans une conversation privée entre l'Impératrice et l'un de ses invités, mais la situation semblait l'exiger :

    "...Seulement l'un des artefacts chapardé à la liche était porteur d'une malédiction. Depuis ce jour, vous êtes frappé par un mal que l'on nomme l'Appel des Profondeurs et vous êtes contraint de voguer éternellement, toujours plus loin sur les eaux impétueuses. La terre ferme vous repousse et les flots sont votre domaine."

    Le début des emmerdes. Haussant un sourcil sans laisser son petit sourire s'effacer, Bigorneau laissa un léger soupir lui échappa et rétorqua :

    "Ca n'aura pas duré longtemps."

    Une épée quitta son fourreau dans un furtif cliquetis et le militaire surenchérit :

    "N'avez-vous pas honte, serpent ? Croyez vous pouvoir vous jouer de l'Impératrice du Reike ? J'ai le malheur de connaître votre histoire. Vous n'avez rien d'un mercenaire, vous n'êtes qu'un répugnant pirate et votre présence en ce lieu constitue déjà une injure envers l'Empire !"

    Avec un calme étrange en vue de la gravité de la situation, Bigorneau attrapa sa tasse de thé et la porta à ses lèvres. Coup de bol, elle avait enfin refroidi. Après en avoir siroté une gorgée, il siffla entre ses crocs :

    "Parle pas à la place de ta patronne, jeune. C'est elle qui décide ce qui est un affront et ce qui l'est pas, j'pense."

    Puis, levant ses yeux vers Ayshara elle-même, il soutint son regard et conclut :

    "Le thé est excellent, Impératrice."
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  • Mer 1 Mai - 9:39

    L'Amiral embrassait l'incertitude des mers ouvertes avec la même passion que l'impératrice se dédiait à la gouvernance de son empire.

    Crédule, elle était sincèrement intriguée par cet homme étrange, se demandant comment quelqu'un qui paraissait si... raffiné dans sa brutalité, si poétique dans sa rusticité, pouvait naviguer les complexités de ce monde impitoyable. Pour sûr, Ayshara y trouvait là un contraste intéressant. Bon public, elle l'écoutait parler de ses aventures et de son fameux navire des ténèbres, une vague de pensées tourbillonnant en elle, mêlant curiosité, amusement et une minuscule pointe de scepticisme (parce qu'il le fallait bien).
    L'épouse du Conquérant se demandait si, au sein d'une réalité différente, elle aurait pu être exploratrice. Parcourir les mers à la recherche de mystères au lieu de les régner depuis un trône, ne se préoccuper que de ses petits projets personnels...

    Elle ressentait une sorte de camaraderie inattendue envers ce marin. Mais en même temps, il y avait ce genre de sentiment de solitude. Être souveraine d'une nation comme le Reike signifiait qu'elle était entourée de beaucoup de gens, mais très rarement comprise. Et voilà que se tenait devant elle un personnage qui vivait d'une façon qu'elle ne pourrait jamais expérimenter pleinement. Elle voyait en Bigorneau un esprit libre, non enchaîné par les devoirs et les attentes qui pesaient sur ses propres épaules. Puis, au fond, il y avait aussi cette étincelle de joie, un plaisir dans la découverte de nouvelles perspectives et la possibilité de partager un moment d'humanité réelle en compagnie d'une personnalité remarquablement différente. Il s'agissait d'une rare occasion de s'échapper. De toucher du doigt une vie moins ordonnée, moins prévisible. En tout cas, elle aimait y croire.

    Un sourcil curieux se haussa lorsque le bonhomme bleu répondit à sa mise en garde à propos de cette maudite Peste Obscure. Il semblait connaître ce fléau quasiment aussi bien qu'elle. Enfin, peut-être pas à ce point-là. Nonobstant, son approbation à ses efforts pour endiguer la maladie la toucha en son for intérieur et un doux frisson de satisfaction lui traversa l'échine à la reconnaissance de son rôle de protectrice, une tâche qu'elle prenait particulièrement à cœur.

    - C'est en effet une lutte constante. Chaque précaution adoptée peut faire la différence entre la vie et une tragédie inutile. Cela me réconforte de savoir que vous prenez ces menaces au sérieux, malgré le peu de temps que vous passez à terre.  

    Jusqu'à maintenant, les études sérieuses concernant la propagation de ce mal créé par le titan Puantrus se concentraient principalement sur les transmissions entre les individus et les impacts sur les populations terrestres. Le risque d'une diffusion via les milieux aquatiques se voulait une dimension du problème que, peut-être, même les savants les plus érudits du Sekai n'avaient pas complètement explorée ou du moins, dont les résultats n'avaient pas encore été communiqués à la vosdraak.

    Ensuite, l'être des mers enchaîna avec son incroyable récit d'aventure et de grosse liche méchante. Les prunelles d'améthyste de la dragonne brillaient d'une curiosité éveillée tandis qu'elle sirotait son thé et picorait parmi les délicieux mets disposés devant. Appréciant les bonnes histoires, elle se laissa transporter, oubliant un instant ses lourdes responsabilités de dirigeante. La quête et la vente de trésors n'étaient certes pas des activités que l'on pouvait qualifier de nobles, et pourtant, elles faisaient indéniablement partie du monde complexe de ceux qui évoluaient en marge des sociétés structurées comme celle du Reike.

    Malheureusement pour l'Amiral, l'un des gardes de l'impératrice ouvrit la bouche et n'hésita point à divulguer la véritable nature de l'invité. Évidemment, cette fâcheuse révélation plongea l'atmosphère au sein d'une tension palpable. La mère de Draknys inspira profondément, maintenant son calme avec une maîtrise qui témoignait de sa stature impériale. Oui, elle était en colère. Une colère contrôlée.

    - Je fais pleinement confiance à la parole de mes hommes. Ils ont prêté serment de protéger la Couronne, prêts à donner leur vie pour ma sécurité. Je crois en eux. Et leur dévouement à la vérité s'avère une vertu que je chéris énormément.  Dit-elle fermement. Ayshara se tourna lentement vers le garde, lui adressant un hochement de tête approbateur avant de revenir à Bigorneau qui affichait des traits d'une sérénité presque provocante. Ce n'est pas tant le fait que vous soyez un pirate qui me dérange, Amiral. Mon propre époux, Tensai, était autrefois connu comme un barbare sanguinaire. Je sais que la vie ne distribue pas toujours les cartes de manière équitable, et que chacun de nous doit jouer avec celles qu'il reçoit.  Son regard se durcit, cependant, en abordant le cœur du problème. Non, ce qui me trouble profondément, c'est votre mensonge. Vous avez choisi de me tromper, de tromper mon hospitalité, en dissimulant votre vraie nature. Cela, je ne peux ni le tolérer, ni l'excuser.

    Elle croisa les bras, le visage fermé. La belle fixa le marin avec une déception palpable qui était sans doute plus blessante qu'une fureur ouverte.

    - Vous avez raison sur un point : c'est moi qui décide ce qui est un affront et ce qui ne l'est pas. Et vous avoir à ma table, partageant mon thé tout en me cachant la vérité, s'avère un outrage non seulement à ma personne, mais à l'Empire du Reike.  Elle fit un geste discret, indiquant que ses hommes devaient rester vigilants. Je vous accorde la chance de rectifier cette erreur. Parlez maintenant, avec honnêteté, et peut-être trouverons-nous un chemin pour avancer qui n'implique pas votre déchéance. Toutefois, sachez que ma patience a ses limites. Et vous vous en approchez dangereusement.

    Malgré qu'elle se sente trahie et offensée, la jeune femme tentait de demeurer maîtresse de ses émotions. Ici, en pleine mer des anciens, elle ne possédait pas le même filet de sécurité qu'au palais impérial où un simple claquement de doigts suffisait à appeler son époux ou ses meilleurs soldats, chose qui avait tendance à la rendre plus susceptible.

    Citoyen du monde
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    L'Amiral Bigorneau
    L'Amiral Bigorneau
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    Info personnage
    Race: Elémentaire (Eau)
    Vocation: Guerrier combattant
    Alignement: Chaotique Mauvais
    Rang: D
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  • Mar 14 Mai - 21:26
    Bigorneau accorda au garde un regard si venimeux qu'il s'en faisait glaçant. L'Impératrice reprit le contrôle de la situation, s'exprimant cette fois-ci avec un esprit de franche opposition qui n'était pas au goût de l'intéressé mais qui, en vue des circonstances, paraissait tout à fait compréhensible. L'Amiral eut en idée de hausser les épaules face à l'évidence formulée mais se ravisa lorsqu'il se fit la réflexion qu'ajouter du sel à la plaie n'allait pas dans son sens. Il avait de la finesse, un semblant de sagesse hérité du grand âge ainsi que d'un instinct de survie qui lui avait permis de se tirer de bien mauvais pas. Une confrontation directe avec l'Impératrice-Dragon, en revanche, entrait d'office dans les cas de figure où le moindre écart pouvait signifier l'anéantissement de toutes les fondations qu'il avait œuvré à construire. Faussement goguenard, l'Amiral brisa son propre mutisme dans un sourire qui se voulait avenant et posa sa tasse de thé avant de s'adosser plus profondément dans son fauteuil, comme pour établir un peu plus de distance avec la plus haute figure reikoise.

    "Vous m'avez eu, je suis un petit filou."

    Minimiser la gravité de l'affront constituait la première partie de sa stratégie de défense mais la noirceur de l'œillade que lui accordait l'Impératrice laissait sans mal comprendre qu'elle ne mordait point à l'hameçon. Bigorneau savait se montrer charmant lorsque la situation l'exigeait, certes, mais sa bonhommie et sa rustique sympathie étaient tout de même limitées par le contexte. Selon ses propres termes, Ayshara lui accordait une chance de remonter la pente et s'il était parfois malhabile, il avait bien l'intention de saisir la corde avec fermeté pour éviter de tomber à la flotte.

    "Pour être parfaitement transparent, je n'vous ai pas menti. La nuance, c'est que j'ai effectivement occulté sciemment certaines vérités que je n'estimais pas forcément bonnes à dire."

    Le garde donna l'air de vouloir l'interrompre mais après avoir réfléchi deux secondes, il comprit par lui-même qu'il valait mieux laisser le forban s'enliser tout seul dans la mouise noire qui tâchait déjà son veston. Tapotant nerveusement la table du bout de ses doigts bleutés, Bigorneau fit mine de s'intéresser aux arabesques du plafond pour s'accorder quelques instants d'introspection, se sachant coincé au beau milieu d'un champ de pièges à ours. Après avoir poussé d'abord un marmonnement incompréhensible, il secoua les épaules et se repencha en avant pour continuer ses abracadabrantes explications :

    "Question d'ambiance, vous comprenez ? Ca n'aurait pas forcément été dans l'ton que d'appuyer sur les sujets sensibles. Bon, soyons francs. J'suis bel et bien Amiral, mais pas d'une flotte... traditionnelle. Je commande la fameuse Flotte sans Nom; joyau de la piraterie moderne."

    Des hommes d'arme échangèrent des regards interloqués, attestant silencieusement qu'une telle appellation ne sonnait pas la moindre cloche. Passablement vexé par cette absence totale de stupeur ou d'intérêt accordé à sa révélation, Bigorneau leva les bras et afficha une mine pour le moins offusquée en cherchant un soutien des yeux mais après quelques instants d'indignation, il ronchonna dans sa barbe avant d'ajouter :

    "Je leur avais bien dit qu'il fallait qu'on s'mette d'accord sur un nom. Au bout d'un moment, on peut pas s'faire de réputation si on trouve pas un fichu nom. C'est quand même pas compliqué de s'poser autour d'une table, de réfléchir cinq putains de minutes et d'trouver un... BREF !"

    Il tapa la table du plat de ses mains, ce qui eut pour effet immédiat de renforcer la méfiance des sentinelles et de les pousser à ramener leurs dextres aux fourreaux. Bigorneau leva ses paluches en signe de paix, puis reprit après un moment d'hésitation grave :

    "Pirate et mercenaire, c'est pas siiii éloigné que ça, vous savez ? La différence, c'est l'employeur. Dans mon cas, je bosse à mon compte."

    Avec une assurance partiellement renouvelée, il soutint enfin les yeux furibonds de l'Impératrice et ajusta le tir :

    "Vous l'avez dit vous-même, les hommes ont parfois besoin de faire preuve d'un peu de barbarie pour survivre. On est ni plus ni moins qu'une brochette de manants cherchant à faire notre trou là où on peut, Impératrice. L'appel de l'aventure, la vie en mer, le lendemain incertain et l'esprit de découverte; c'est surtout ça la piraterie !

    L'problème, c'est qu'on se met souvent la République à dos lorsqu'on vient chaparder leurs trésors. C'est qu'ils sont rancuniers et pas fichtrement partageurs, 'voyez ? J'suis pas tout à fait au point concernant vos échanges avec la Nation Bleue mais dans l'doute, j'ai préféré évité de m'vanter de leur avoir piqué quelques trucs. Ca fait désordre, lors des présentations."


    Appuyer à tout prix sur le fait qu'il tapait en priorité les culs azurés plutôt que ceux des tatoués. Il n'avait que ça dans sa manche.
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