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    Jean Bressac
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    Race: Humain
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    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t2550-jean-bressac-terminehttps://www.rp-cendres.com/t2665-carnet-de-voyage-de-jean-bressac#23030
  • Mar 3 Oct - 1:04
    Fait à Linsbruck, République
    Le 29 avril, an 1


    C’est en proie aux vertiges de l’insomnie et la main tremblante que j’écris ces lignes tant je suis rongé par le poids de ce que je m’apprête à révéler. Demain, 30 avril, avant l’aube, cinq personnes perdront la vie dans les mêmes circonstances inexplicables que celles dont je fus témoin l’an dernier et qui hantent depuis lors chacune de mes nuits.

    Pourquoi m’a-t-il fallu tant de temps, soit un an jour pour jour après la fin de ces évènements pour me décider à sortir du silence ? Depuis cette sinistre expédition dans les hautes terres isolées du nord je suis dans un si singulier état d’esprit que j’en viens à douter des évènements que je m’apprête à raconter et ne puis croire qu’ils se soient réellement déroulés tels qu’ils sont gravés dans ma mémoire. Je ne dispose d’aucune preuve au soutien de ce que j’avance, et pourtant je suis persuadé que ce qu’il s’est passé alors à Herdorf se reproduira demain, et que des innocents disparaîtront à nouveau de ce village sans laisser de trace.

    Je tiens à préciser que je n’ai en définitive rien vu que je puisse assurément expliquer, et que les singuliers évènements que je m’apprête à décrire ont probablement été pour part le fruit de mon imagination ou de la sinistre folie qui s’est emparée de moi lors de cette nuit fatale. Et pourtant, je ne puis plus dormir aujourd’hui qu’en gardant à toute heure contre moi un poignard, car la terreur la plus saisissante s’empare encore de moi lorsque je vois briller ces étoiles infâmes qui m’observent comme autant d’yeux à travers le voile de ces maudites nuits sans lune.

    Je laisse donc ce document à l’attention de qui le découvrira, mêlé aux pages écrites par le seul témoin qui était présent cette nuit-là. Je ne sais ce qu’est devenue cette personne, ni si elle est parvenue à fuir cet endroit maudit ou si elle fut elle-même le produit de mon imagination. J’ai pourtant entre les mains son témoignage que je n’ose feuilleter qu’à regret, puisqu’il est l’unique vestige qui me lie à ce lieu infâme et la seule preuve tangible que je suis encore sain d’esprit. En lisant cette confession vous comprendrez bientôt pourquoi je voudrais me croire fou plutôt que d’accorder le moindre crédit aux évènements que je m’apprête à décrire.

    Je ne signerai pas ces pages. L’anonymat est aujourd’hui ma dernière protection contre les retombées de ces évènements et les conséquences des activités qui y sont décrites. Je redoute d’écrire ce qui s’est passé dans ce village et la part que j’y ai prise, mais je fais vœu par ces lignes de décrire fidèlement ce que j’y ai vu et ce que j’ai fait ; je n’omettrai ni n’enjoliverai rien, afin que chacun se fasse une idée impartiale de ce qu'il s’est passé à Herdorf dans la nuit du 30 avril au 1er mai de l’an 0.
    Citoyen de La République
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  • Mar 3 Oct - 7:19
    L’affaire commença pour moi le 29 avril, à la veille de l’équinoxe de printemps. Je vivais encore à cette époque à Mittenwald, petit fief urbain à vingt lieues de Herdorf. La région avait connu un essor économique important grâce à la richesse de ses sols en tuffeau, son industrie de la pierre et ses habitations troglodytes qui attiraient les badauds et les curieux qui ne savaient où dépenser leur argent. Les villes s’étaient développées, des fortunes s’étaient amassées, et de nombreux collectionneurs en quête de sordide avaient jeté leur dévolu sur l’art brut et rustique des anciens habitants de la région. Les objets les plus prisés venaient d’Herdorf, petit village isolé du fin fond des hauts-plateaux du nord sur lequel couraient de curieuses légendes. Parmi les innombrables rumeurs qui couraient sur cet endroit, dont certaines seront exposées plus en détail dans la suite de ce document, se trouvait par exemple la croyance qu’Herdorf recouvrait de vastes réseaux d’habitations troglodytes qu’on n’avait au demeurant jamais retrouvées.

    J’avais établi à Mittenwald une petite activité de négoce d’œuvres d’art et travaillai avec des pilleurs de la région qui dénichaient pour moi des objets insolites liés de près ou de loin au folklore qui entourait Herdorf et que je parvenais souvent à revendre à prix d’or. Mais en dépit du développement industriel et culturel de la région, les gens d’ici restaient aussi ignares que superstitieux et aucun n’osait jamais s’aventurer dans le village lui-même.

    Inutile de préciser à quel point Herdorf avait mauvaise réputation auprès des locaux. Ce petit village suscitait les rumeurs et les controverses les plus inquiétantes et les plus vagues que l’on puisse concevoir. Ses habitants, à l’apparence rustre et célèbres pour leurs yeux anormalement bleus, y vivaient reclus depuis des siècles dans un entre-soi nourri par la crainte de l'étranger, l'ignorance et la consanguinité. Le folklore local voulait entre autres qu’il fût le refuge d’un horrible culte que les grand-mères et les nonagénaires désœuvrés appelaient à voix basse le Culte des robes rouges ou, parfois, le Culte de l’Œil de X’o-Rath. D’après la légende, il s’agissait d’une petite secte plus ancienne qu’Herfdorf elle-même, et dont les adeptes nourrissaient une dévotion qui confinait à la folie. Personne ne savait exactement à quoi ressemblaient leurs rites, mais les autochtones en avaient si peur qu’ils refusaient d’en parler, sinon à voix basse, pour s’effrayer au cours des longues soirées d’hiver au coin du feu. L’objet de leur adoration était, d’après certains fanatiques, une entité anormale qui existerait par-delà la réalité de ce monde, et dont le nom avait des sonorités inhumaines que l’on retranscrivait très approximativement par la phonétique de « X’o-Rath ». Bien entendu, il était difficile de voir en ces superstitions autre chose que le produit de siècles d’ignorance, d’esprits particulièrement impressionnables et de l’imagination fertile qu’excitent ces terres reculées. Mais pour les gens de la région, ces légendes étaient aujourd’hui encore particulièrement vivaces, si bien qu’il était difficile, pour ne pas dire impossible, de convaincre mes excavateurs de se rendre là-bas pour y trouver des objets de plus grande valeur symbolique ou spirituelle que les reliques que l’on parvenait à dénicher ailleurs. Ce culte supposé, dont la réalité n’avait d’ailleurs jamais été attestée par aucune preuve tangible, ne semblait opérer qu’au sein de ce village isolé et s’était entouré du voile de mystère que se plaisent à arborer les légendes urbaines les plus sinistres et les plus improbables. Les indigènes faisaient état de nombreux phénomènes étranges qui se déroulaient régulièrement à Herdorf, à commencer par les disparitions inquiétantes de voyageurs un peu trop curieux ou d’excavateurs qui se seraient aventurés là-bas de nuit et qui n’en seraient jamais revenus.

    Parmi les bruits qui me parvinrent dès mon premier jour à Mittenwald se trouvait l’histoire de Griselda Lockhart, une vieille dame excentrique qui vivait pour ainsi dire recluse chez elle et dont la maison faisait l’objet de tant de rumeurs et de superstitions que personne au sein d’Herdorf n’osait s’en approcher. Certains murmuraient qu’elle était une sorcière, d’autres qu’elle appartenait au Culte des robes rouges, d’autres encore qu’il s’agissait d’une ogresse ou d’une dévoreuse d’enfants.

    Lorsque l’on m’apprit son décès, le 29 avril de l’an 0, l’affaire fut bientôt entendue et je n’eus d’autre choix que de m’y rendre en personne, à cause de l’absurde terreur qu’inspirait Herdorf à mes excavateurs. Pour parachever leur frayeur, et par une singulière ironie dont le destin a le secret, il avait fallu que la vieille Griselda décède à quelques jours de la fameuse nuit de Walpurgis qui débuterait demain, puisqu’elle se tenait chaque année du 30 avril au 1er mai. Tristement célèbre dans le folklore populaire, cette nuit maudite était dépeinte comme étant le sabbat des sorcières, le panégyrique des farces grossières et des abominables rituels de magie noire. Les habitants d’Herdorf préparaient donc, conformément à leurs traditions, une grande célébration populaire visant à éloigner le mal en pleine nuit de Walpurgis. D’après mes excavateurs, la sinistre demeure de la vieille Griselda et l’ensemble de ses effets personnels devaient être mis sous quinzaine aux enchères à Herdorf. Parmi eux se trouvait, me dit-on, une affreuse idole de pierre à l’apparence grotesque qui était sans doute utilisée dans des rituels liés au culte de X’o-Rath. Malheureusement personne ne put – ou ne voulut – me décrire son apparence exacte, sinon qu’elle était de pierre, d’environ deux pieds de long, d’aspect monstrueux et montée sur un étrange socle de forme triangulaire.

    Cette idole avait particulièrement retenu mon attention car je savais d’expérience qu’elle se vendrait à prix d’or auprès de collectionneurs en quête de frisson et de sordide, ou de fanatiques prêts à se ruiner pour l’adorer et l’utiliser dans des rituels. Je n’avais toutefois que peu de temps pour l’acquérir car les effets personnels de la défunte seraient probablement saisis, triés et évalués bien avant le début de la mise aux enchères. Il me fallait donc partir céans pour Herdorf si je voulais avoir une chance de la trouver avant les huissiers et de l’emporter avec moi.

    Je louai donc à la hâte la meilleure monture que je pus trouver et quittai Mittenwald sans regarder derrière moi. A mesure que je m’éloignai de la ville et que les maisons se raréfiaient, j’observais les rues devenir des routes et les chemins des sentiers, jusqu’à me retrouver seul à chevaucher au milieu des fermes et des champs. Le printemps balbutiant avait réveillé les arbres qui bourgeonnaient en bordure des routes, les forêts qui se trouvaient à l’horizon retrouvaient progressivement leur panache et leur verdure, et la floraison reprenait timidement partout où l’on portait le regard.

    Mais à mesure que je m’enfonçais dans les hauts plateaux du nord et que je m’éloignais du monde familier des villes, de leur activité et de leurs tracas quotidiens, je réalisais à quel point je quittais la civilisation pour m’enfoncer toujours plus loin au cœur de ces terres reculées, flétries par la superstition et les âges. Le printemps avait commencé à reprendre ses droits, mais partout dans cette région la nature semblait se soustraire aux caprices de la saison. Les arbres n’avaient retrouvé ni leurs feuilles ni leurs bourgeons, les oiseaux s’était fait curieusement silencieux, et les fleurs brillaient dans les champs échevelés par leur absence. Décidément, je réalisai que je m’étais aventuré dans un endroit étrange et qui semblait n’exister que comme une bulle en retard sur le temps et la civilisation.

    A mesure que je m’approchai d’Herdorf et que je longeai ces arbres noueux dont les branches se tutoyaient dans la faible lueur du coucher de soleil, je comprenais mieux comment ces vastes terres boisées avaient pu être le théâtre de tant de superstitions et de crainte, et que des esprits imaginatifs avaient cru y voir des présences inquiétantes et des silhouettes à demi-dessinées dans les brumes de ces forêts épaisses.

    Le soleil avait disparu derrière la ligne de l’horizon lorsque j’arrivai enfin au village de Herdorf. Les rues étaient sombres et désertes et je n’y trouvai aucun signe de vie, à l’exception d’une petite auberge séculaire dont les fenêtres étaient encore allumées. Sans toutefois m’y arrêter, je me promis d’y revenir plus tard pour y passer la nuit et reposer ma bête qui était harassée d’avoir tant chevauché.

    A l’extrémité du village, proche d’une épaisse forêt sans feuilles, je trouvai la maison de la vieille Griselda exactement telle qu’on me l’avait décrite. Seule, isolée, et dans un état de délabrement tel qu’elle semblait se dresser comme un spectre maladif dans la nuit. Ses volets branlant sur leurs charnières dévoilaient des fenêtres défraîchies qui apparaissaient comme des verrues dans ses murs décrépis. Son toit et ses poutres semblaient chanceler dans la pénombre et trahissaient la vétusté de son intégrité structurelle. En découvrant son apparence lugubre et son singulier emplacement géographique je comprenais mieux les croyances qui entouraient cette maison, et pourquoi des habitants superstitieux et inquiets craignaient tant de s’en approcher.

    Sa porte, faite de lourdes planches de bois vermoulu, semblait si vieille qu’on craignait de l’arracher en tirant un peu trop vivement sur sa poignée. Je l’examinai, muni de ma lanterne et de mon pied de biche, mais je découvris avec étonnement qu’elle avait déjà été fracturée et que la serrure déformée révélait des traces que j’imputai mentalement à des coups de bélier.
    Lorsque je la tirai à moi, la vieille porte de bois pivota péniblement sur ses gonds dans un atroce couinement de métal rouillé. Une fois à l’intérieur, je me trouvai aussitôt plongé dans les ténèbres et l’infâme odeur de nourriture en décomposition.

    Je passai aussitôt et minutieusement le rez-de-chaussée au peigne fin mais je ne trouvai rien qui aurait pu venir corroborer une prétendue affiliation à un culte. Partout où je promenais ma lanterne, je ne découvrais qu’un désordre sans nom, de la moisissure et des rats. La seule curiosité qui attira mon attention fut peut-être le grand intérêt qu’avait porté la défunte Griselda à l’astronomie, si l’on en jugeait par le grand nombre de cartes célestes que j’y découvris, ainsi que la quantité d’ouvrages traitant des constellations et de la rotation des astres. Les volumes, que j’examinai sommairement à la lumière de ma lanterne, développaient moults considérations scientifiques sur ce thème à grand renfort de schémas et de formules auxquels je n’entendais rien. Je m’avouai bientôt vaincu car je ne trouvai rien qui pût correspondre à l’idole de pierre que j’étais venu chercher, et décidai donc de me rendre à l’étage supérieur pour y tenter ma chance.

    Je gravis l’escalier de bois dont les marches branlantes craquaient odieusement sous mon poids et trouvai bientôt la grande chambre. Ici, l’odeur de renfermé et de moisissure était plus forte que partout ailleurs. Je promenai ma lanterne tout autour et découvris des feuilles éparses jonchant en tous sens le vieux parquet et, sur les murs décrépis, des livres et d’épais volumes reliés de cuir écrits dans des langues étranges que je ne reconnaissais pas. Cette fois, ce que je trouvai dans cette pièce était bien plus incriminant. De nombreux bocaux étaient renversés sur les étagères comme s’ils avaient été ouverts et vidés à la hâte. Une singulière odeur de formol s’échappait de ces récipients à l’apparence sale et poisseuse. De l’autre côté de la pièce je découvris une large commode poussiéreuse sur laquelle se trouvaient de vieilles bougies éteintes, déformées par l’usage et les coulées de cire qui s’étaient succédé en fondant. Au centre du meuble, une forme géométrique se découpait nettement dans la poussière et indiquait que l’on venait de retirer très récemment un objet de forme ou de base triangulaire.

    Si j’avais pu poursuivre mon exploration, j’aurais sans doute remarqué un morceau d’étoffe rouge sombre qui semblait avoir été arraché et qui pendait maladroitement au coin d’une table. Mais je fus malheureusement interrompu en sursaut lorsque j’entendis soudain les marches de l’escalier grincer à l’étage inférieur. Dans le silence de la maison, les craquements se rapprochaient lentement, inexorablement, puis lorsqu’ils furent enfin audibles à l’étage où je me trouvais, ils cessèrent subitement. L’ascension de l’escalier venait de s’arrêter. Les grincements du parquet s’approchaient dans le couloir et, le cœur battant, je retins ma respiration, tendant l’oreille dans le silence et les ténèbres. J’entendis alors la poignée s’actionner et la porte de la chambre s’ouvrir en grinçant. Après quelques instants, elle se referma doucement dans un cliquetis métallique. Je n’étais plus seul dans la pièce.
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  • Dim 22 Oct - 17:43
    AN 1 – À Liberty

    La nuit est bien avancée. Les reflets argentées de la lune éclairent l'intérieur d'un appartement propre et meublé du strict nécessaire. Sur la table en bois marqueté trône une liasse de papiers. L'auteure s'est endormie, la plume à la main. Cette main tannée aux reflets dorés repose sur l'un des parchemins. L'écriture est élégante, soignée. Une légère brise s'engouffre par la fenêtre entrouverte et fait frissonner l'humaine, sans la réveiller.

    ***

    À qui le lira,

    Je ne suis pas écrivaine.
    Je n'ai jamais su comment bien débuter un récit, encore moins quand il doit relater des faits qui se sont véritablement déroulés et dont j'ai été l'une des protagonistes (des années après, je songe toujours à cet homme qui m'a accompagnée dans cette expédition). Je m'appliquerai à retranscrire, aussi fidèlement que possible, ce que j'ai vu, entendu ou encore lu cette nuit du 29 avril de l'an 0. À ce jour, je ne sais toujours pas si j'enverrai ces lignes au journal républicain ; si je le fais, vous comprendrez que l'anonymat est une mesure nécessaire pour ma propre sécurité. Vous êtes libre de toutes interprétations des lignes qui suivront. Si je suis la seule destinataire de ce texte, alors puisse-t-il me rappeler, à sa relecture, de ne plus sombrer dans des pièges aussi grossiers que celui qui m'a menée à Herdorf.

    Sans le sous, j'étais dans le besoin. Ainsi, la réception d'une lettre cachetée, indiquant que j'avais touché l'héritage d'une lointaine descendante vivant à Herdorf, avait suffisamment attisé ma curiosité pour que je rassemble mes affaires et parte sans plus tarder dans les contrées reculées de la République. À l'époque, j'étais persuadée que je parviendrai à renouer contact avec ma famille biologique par ce biais. J'avais utilisé mes maigres revenus pour faire le déplacement et, lorsque j'arrivais à court de mon précieux pécule – que je jugeais plus sage de conserver pour de futurs achats en denrées alimentaires ou en couchage sur matelas de paille –, j'usais de mes atouts pour négocier des bouts de trajets en carrioles ou, cela arriva une fois, à dos d'âne. Je ne m'étais pas informée sur les lieux mais, à mesure que j'approchais de ma destination, les voyageurs me regardaient avec des yeux ronds craintifs et mes charmes devenaient inutiles. Personne ne voulait me conduire à Herdorf. Lorsque je me renseignais sur les raisons de ces refus, on me racontait des histoires à dormir debout basées sur de vieilles superstitions. Souvent, je leur riais au nez. J'avais eu la chance de faire des études et de côtoyer des êtres différents des humains ; à savoir des elfes, des nains ou encore des hybrides. Aussi, je ne comprenais pas comment des superstitions ou des histoires vieilles de plusieurs centaines d'années pouvaient à ce point effrayer les populations alentours. Avec le recul, je suppose que c'est l'isolation progressive dont souffrent ces habitants qui est la cause de toutes ces croyances. Toujours est-il que je décidais de poursuivre mon chemin à pied, malgré les protestations de certains qui ne voyaient sûrement en moi qu'une jeune femme perdue et avec peu de défense. Ils n'avaient pas tout à fait tort. Je n'avais aucune appétence pour le combat. La seule arme en ma possession était un gantelet de cuir, qui ne me quittait jamais, dans lequel était dissimulé une lame rétractable. Je l'avais utilisé quelques fois, pour faire peur aux gentilshommes avec les mains baladeuses – que la gente féminine de Liberty me jette la première pierre si elle se sent parfaitement en sécurité et ne ressent pas le besoin d'être armée –, mais je doutais de ma réussite à planter un prédateur cherchant à m'ôter la vie, ou pire encore.

    Après de longs jours de voyage, j'arrivais enfin à destination. Ce n'était pas un lieu touristique mais, si je voulais être dépaysée, j'étais servie. Je réussissais à trouver une bonne âme pour m'indiquer où était la demeure de Griselda Lockhart, sans écouter les histoires loufoques qui entrecoupaient ces indications, et, à ce stade de ma narration, je me rends compte que j'ai omis certains détails.

    ***

    Les lèvres entrouvertes, elle commence à respirer un peu plus fort. Ses sourcils se froncent légèrement mais elle reste endormie.

    ***

    Le contenu de la lettre m'invitait à me rendre à Herdorf d'ici la fin du mois, pour récupérer ce qui m'était dû avant que les biens de la défunte ne soient mis aux enchères. Elle était accompagnée d'une liste non exhaustive des possessions à récupérer. Je m'étais renseignée sur le prix de revente de certaines d'entre elles, j'avais donc des intérêts financiers. Un peu naïve, je ne m'étais instruite ni sur les modalités ni sur l'organisation de l'affaire. Je m'attendais, en arrivant à Herdorf, à être accueillie par l'auteur de la lettre, force me fût de constater que ce n'était pas le cas. Ce fut ma première déconvenue. J'en déduisais que j'allais devoir me servir moi-même. Par esprit de contradiction, ou simple stupidité, je m'étais mis en tête que j'allais doubler ceux qui avaient voulu me piéger 1.

    La deuxième déconvenue arriva rapidement, lorsque je découvris l'état de délabrement de la maison. Je commençais à douter du sérieux de toute cette histoire et je me demandais si je n'avais pas été victime d'une farce. Il n'y avait sûrement plus rien à voler. Cependant, je n'étais pas étrangère à l'art que je comptais pratiquer les heures suivantes et j'avais fait trop de chemin pour rentrer bredouille. De jour, l'endroit souffrait de son ambiance misérable. Ce n'était rien en comparaison de l'atmosphère qui régnait lorsque le soleil disparaissait derrière les grands arbres de la forêt. Ma témérité me poussa à avancer jusqu'au seuil de la maison. Là, je repérais que la porte d'entrée avait été forcée. N'importe qui aurait sans doute fait demi-tour mais, mue par un instinct qui m'avait porté bien des préjudices par le passé, je rentrais à l'intérieur et je me retenais de tousser lorsque mes pas soulevèrent un amas de poussière. Nul besoin de décrire ce que j'avais sous les yeux. Ce qu'il faut retenir, c'est que je ne trouvais aucun objet de valeur. Du moins, à première vue. Je décidais de poursuivre mon exploration à l'étage. Je n'étais pas bien lourde, pourtant chaque marche grinçait sous mes pieds. J'ouvris une première porte, qui se révéla être un placard duquel s'échappa un rat et je plaquais ma paume contre mes lèvres pour me retenir de lâcher un cri de surprise. Je n'appréciais pas particulièrement ces bestioles, alors je refermais le placard, dégoûtée. Je tentais ma chance avec une autre porte.

    En l'ouvrant, la pénombre m'accueillit de nouveau. Je baladais ma propre lanterne vers l'avant et, dans un réflexe nul que je tenterai de corriger avec les années, je la lançais vers l'avant en découvrant une silhouette humanoïde qui me faisait face. Il me sembla entendre que l'objet rebondissait sur le sol, avec un horrible bruit métallique, avant de s'immobiliser, reflétant sur le mur l'ombre de celui qui me faisait face. Elle paraissait imposante et toute en muscles.

    « N'approchez pas, je suis armée ! dis-je à brûle-pourpoint. »

    Puis, ne détectant aucun signe d'animosité de sa part, je sentais mes épaules se relâcher mais la tension qui crispait chaque muscle de mon visage ne faiblissait pas. Je m'en rendais compte lorsque je reprenais la parole, je parvenais à peine à desserrer mes lippes.

    « Qu'est-ce que vous faites chez ma... Mon arrière grand-mère ? »

    Je ne savais pas si c'était la vérité lorsque je prononçais ces mots. J'essayais de légitimer ma propre présence dans ces lieux. Sa dégaine ne me disait rien, mais il n'avait pas l'air d'un manant et encore moins d'un des paysans qui habitent dans le coin. Sa barbe hirsute me dissimulait une grande partie de son expression faciale et, avec la lumière de ma lanterne qui commençait à faiblir après le choc, j'y voyais de moins en moins. Par contre, je sentais toujours cette odeur exécrable qui, ici, était mélangée à une senteur sur laquelle je n'arrivais pas à mettre de nom. Elle me donnait envie de me couvrir le nez, ce que je finis par faire en attendant la réponse de l'individu. De toute évidence, je ne croyais pas moi-même à mon mensonge, comment attendre de lui qu'il le gobe ? Mes plans semblaient contrecarrés par sa simple existence et, même si j'étais loin d'être une professionnelle dans ce domaine, je me demandais si sa présence à cette heure n'était pas liée aux mêmes motivations que les miennes...

    1 Mes motivations personnelles ne servant pas l'aventure principale de cette histoire, je ne m'attarde volontairement pas dessus.
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