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  • Mar 30 Mai - 19:48
    Il priait lorsqu’ils vinrent, comme à chaque fois. Deux silencieux, encadrant un chuchoteur. L’acier cliquetant de leurs armures tintait et résonnait à chacun de leurs pas, tandis qu’ils s’enfonçaient d’un pas aussi sûr que mécanique dans un temple plongé dans la pénombre. Le jour était tombé depuis peu, et la plupart des croyants, trop faibles, si désespérément mortels, se retiraient pour trouver quelques instants de paix dans un sommeil aux rêves aussi ambitieux que puérils. Au soir, l’or et l’argent du temple de Célestia semblaient se ternir, rongés qu’ils étaient par l’ombre que quelques bougies aux flammes anémiques ne parvenaient plus à repousser.
    Longuement, sans un mot, ils parcoururent les couloirs, longèrent les innombrables autels couverts d’offrandes maigrelettes données, certes de bon cœur, par un peuple de plus en plus pauvre. Sans le trouver. Alors, de guerre las, le chuchoteur attrapa par le bras un fanatique agenouillé face à une représentation miniature du défunt Forgeron.
    “-Il n’est pas là. L’Ange s’en est allé remercier les Huit, dehors.
    Sous leurs casques enténébrés, trois cyniques tueurs s’étaient mis à sourire avant de rebrousser chemin.

    Dehors, la neige s’écoulait des cieux sans discontinuer. Aucun courant d’air ne venait troubler la lente descente des flocons immaculés et ces derniers, comme souvent, profitaient de la quiétude offerte par les autres éléments pour recouvrir le sol froid de ce que d’aucun s’évertuaient à nommer “l’ultime bastion de Shoumeï”. Les deux bouches-closes et leur protégé se frayèrent un chemin à travers ce linceul glacé, leurs pieds bottés rendus insensibles au froid et à l’humidité par la rudesse d’une vie faite d’entraînements et de privations volontaires. Ils saluèrent de la main leurs semblables, sur le chemin, coupèrent à travers le “pic de la foi” -un quartier réservé aux immigrés de la petite ville s’étant formé en marge du temple- pour finalement rejoindre l’allée des Huit.
    Il se tenait là. Encadré de Treize des meilleurs d’entre-eux. Aussi indiscutablement glorieux qu’à son premier jour sur cette terre. Ses ailes formaient une cape, derrière-lui, faite de plume et de grâce. Les flocons semblaient l’esquiver ou glisser le long de sa chevelure sans jamais parvenir à s’y accrocher. L’Ange ne craignait pas le froid. Les éléments n’avaient aucune emprise sur cette enveloppe de chair créée par les dieux eux-mêmes. Seule une humble robe de moine couvrait sa chair et dissimulait la perfection d’un corps hors du temps. Ses lèvres bougeaient sans qu’aucun son ne sorte de sa bouche, car la prière qu’il adressait aux Huit était trop pure pour des oreilles mortelles.

    En tout cas, c'était l’explication que la rumeur avait fini par trouver.

    Le chuchoteur et ses deux accompagnateurs s’avancèrent jusqu’à passer entre les murs de lames des treize autres, parfaitement immobiles. A leur arrivée, le fils du faucheur stoppa son récital, se détourna de la gigantesque statue aux pieds de laquelle il était venu se recueillir puis posa enfin ses yeux chargés de tant de mystères, de questions et de réponses, pour sourire aux nouveaux arrivants comme un père aimant.
    Beaucoup de civils, tout à fait extérieurs aux coutumes des sombres gardes et de leur divin protégé, ne parvenaient pas à comprendre le stoïcisme de ces hommes d’armes si insensibles à la beauté. N’étaient-ils jamais frappés par la grâce de ses traits? Par la douceur de sa voix, de son regard qui aurait eu tous les droits de devenir aussi dur que cruel, avec le temps ? Ne ressentaient-ils donc rien face à l’avatar de la perfection ? Comment pouvaient-ils demeurer si désespérément stoïque lorsque le fils d’un dieu posait ainsi ses yeux sur eux?
    La solution de cette énigme s’avérait aussi lugubre que cynique.
    La Garde Noire demeurait stoïque parce que ce qu’elle voyait, ce que ces cent paires d’yeux cernés discernaient, en fixant l’ange, n’avait rien de parfait ou de vénérable.
    Lorsque les Silencieux s’égaraient à l’observer, lui, ce n’était que pour découvrir de nouvelles dégénérescences présentes tout le long de sa silhouette faite d’os et de chair anémique, avant d’être inexorablement rappelés à l’ordre par un regard fait de folie pure, ne clignant ni ne faiblissant jamais et promettant tant de supplices à son observateur qu’il en devenait, parfois, irréel.
    Car aucun d’eux ne croyaient plus depuis longtemps. Leur foi, Il l’avait dévoyée, travestie, pour se l’accaparer totalement, s’attribuer leur dévotion, aussi perverse pouvait-elle être.
    Ils ne croyaient plus au divin et voyaient donc l’Ange comme un monstre, puisque telle était la vérité. Ils croyaient à la vérité - la sienne en tout cas - et le vénéraient donc, ce monstre, comme un nouveau Divin. Une gymnastique mentale tortueuse résultant d’un long travail de sappe de l’esprit, s’étendant sur d’innombrables générations de gardes ayant jadis eu de glorieuses aspirations… À l'époque où Shoumeï n’était pas encore devenu un cadavre animé.
    “-Regardez-les.” Dit-il en guise de salutation. Et la voix qu’ils perçurent alors n’avait rien à voir avec celle d’un Ange. “Voyez comme chacun d’eux regarde les cieux avec envie et désespoir plutôt qu’oser baisser les yeux. Même ici. Même à l’état de statue. Ils haïssent cette terre pour ce qu’elle est devenue. Pour ce que nous en avons fait.
    Les gardes acquiescèrent comme de coutume.
    “-Que me vaut votre visite, mes fils?” Sourit l’Ange. Ceux qui le regardaient virent un étrange liquide, noirâtre et poisseux, filtrer de ses lèvres déchirées pour tomber et s’étaler dans la neige. Le plus jeune d’entre-eux fit l’erreur d’orienter son attention sur la masse informe, qui semblait faite d’un amas étrange d’encre et de sang. Des petits ossements, de rongeurs ou d’oiseaux, perçaient parfois la mélasse sans parvenir à s’en extirper totalement. L’observateur inexpérimenté cligna des yeux lorsque l’immonde détritus esquissa son premier mouvement et, au retour de sa vision, la chose avait disparu.
    Le chuchoteur s’avança un peu plus, jusqu’à ce que l’Ange se baisse pour lui permettre de venir murmurer ses secrets à son oreille.
    “-Quelqu’un souhaite vous voir.
    L’annonce fit ricaner la créature divine.
    “-Quelqu’un, dis-tu?
    -Quelqu’un vous convoque. L’un des vôtres, monseigneur


    ✞✞✞ Malazach est Maudit ✞✞✞

    -Les pratiquants du Culte des Ombres et les adeptes du Divinisme le voient comme un ange resplendissant. Son pouvoir de métamorphose ne fonctionne pas avec eux.
    -Ceux qui n'ont pas de croyances affirmées le voient comme un homme de foi usé par les années.
    -Les adeptes du Shierak et les athées, eux, le voient tel qu'il est véritablement ; une créature aussi famélique que sinistre.
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  • Mar 30 Mai - 20:08
    Il se nommait Aeluvich, un nom bâtard, issu du croisement contre-nature de la langue ancienne et du commun, signifiant "brise-rêve". Conçu par la main du forgeron au cours d'un de ses énième caprice. Aussi vieux -si ce n'est plus- que le fils du Faucheur. Son apparence était aussi dépourvue de mystère et de finesse que son nom pouvait le laisser présager mais, chose rare, quelques notes de blancs semblaient s'être frayées un chemin dans sa chevelure noire de jaie et dans sa barbe, si impeccablement taillée. Pour des êtres immortels, afficher un signe de vieillesse n'avait rien de naturel, car seul un sort ou une malédiction très puissante pouvait entraîner l'usure d'une enveloppe telle que la leur. Il devait donc avoir subi une rude épreuve. Malazach se gardait pourtant bien de le considérer comme faible. Sa posture était toujours celle d'un guerrier, de même que son équipement. La longue lame qui battait son flanc devait faire la hauteur d'un homme adulte et son armure lourde, probablement faite de Mithril à en juger sa couleur immaculée, n'avait rien d'une plaisanterie.

    Il l'attendait, les bras croisés, tout en bas de Célestia. Les restes d'une patrouille de Soldats Reikois finissait de saigner à ses pieds et quatre gardes noirs se tenaient autour de lui, armes dégainées. Le dévouement des mortels avait quelque chose d'attendrissant en pareille situation, puisqu'il n'y avait aucun doute sur le fait que le brise-rêve les balaieraient, tous, le temps d'un clignement d'œil, si l'envie lui venait. Mais cette vérité connue de tous ne suffisait pas : ils s'escrimaient à tenter de se rendre intimidant autour de ce colosse barbu, et leur seigneur les remerciait pour ça, puisque leur dévouement lui permettrait -sans l'ombre d'un doute- de faire bonne impression.

    Malazach se posa délicatement au sol et enchaîna immédiatement avec une longue et gracieuse révérence ayant toujours eu son succès, parmi les mortels.
    "-Épargnes-moi tes facéties, mangeur de cadavres." Le salua d'une voix bourrue son cousin. "Je te vois comme tu te vois."
    Les épaules de l'accusé s'affaissèrent et un rictus horriblement laid se dessina sur son faciès de charognard.
    "-Est-ce donc ce qui passe pour un sourire, chez toi?
    -Au moins, je souris."
    Il y eut un court silence. Puis le héros attribua au croque-mitaine un ricanement et, finalement il décroisa les bras pour tendre une main dans sa direction.
    "-Heureux de te revoir, cousin."
    Malazach serra cette offrande entre ses doigts longs et tordus avant de pouffer à son tour :
    "-Plaisir partagé, Aeluvich."

    ✞✞✞

    Son cœur battait. C'était ce qu'il y avait de plus révulsant dans tout cela. L'organe vital se tenait figé en-dehors de sa cage-thoracique fendue en deux, suspendu au-dessus de ce corps supplicié au moyen d'un crochet de boucher planté directement dans sa viande rougeâtre. La nécrose avait commencé son œuvre à la surface de la pompe sanguine, noircissant ça et là ses extrémités et gorgeant le sang qui s'en écoulait d'un mélange de pus et de pourriture. Un réseau de veines et d'artères entremêlées le reliait au reste du corps et remplissait ce dernier de l'ichor nauséabond ayant remplacé son sang. Ses ailes, jadis aussi immaculées que la neige de Célestia, s'étaient ternies au contact du fer des chaînes les entravant totalement. La chair et les plumes étaient tombées là où les cruels anneaux serraient le plus. Il avait cousu ses mains contre son visage, de sorte à ce que ses paumes ouvertes viennent épouser la surface de son visage écorché et couvrir ses orbites dépourvues d'yeux. Sa bouche, grande ouverte, demeurait perpétuellement figée dans un cri de souffrance atroce s'étant transformé en sifflement pitoyable lorsqu'on lui avait sectionné les cordes vocales. De ses dents brisées s'écoulaient sans discontinuer un venin aussi noir que la nuit, qui empoisonnait ses chairs à vif sans parvenir à les tuer totalement.
    Tout autour de ce corps en lambeaux se trouvaient les restes pourrissant de sa peau, de ses cheveux et de ses organes inutiles. A l'aide d'une scie, l’Autre avait sectionné ce qui se trouvait en-dessous du genou pour y enfoncer de larges lames, suffisamment solides pour lui servir de prothèses.
    Il ne restait rien de la beauté de l'enfant des titans. Seulement une carcasse de plus, gigotant et souffrant au milieu d'une quinzaine d'autres, tout au fond d'une cave perdue dans le sol cendreux d'un pays moribond.

    "-Ce qui me fascine, vois-tu, c'est cette faculté que vous avez, tous, à vous imaginer être les premiers." Commença Malazach, en enfilant ses gants.
    Harnaché solidement sur la table de pierre voisine, Aeluvich peinait à respirer au travers du bâillon que le monstre aux ailes noires lui avait fourré dans la bouche. Il ne se souvenait de rien, si ce n'était de leur première entrevue et de la douleur d'une piqûre, juste entre ses ailes.
    "-Vous venez à moi, vous tous. Le sourire aux lèvres et l'air triomphant." Un ricanement dément filtra d'entre les lèvres craquelées du nécromant au-dessus de lui. "L'un pour m'inviter à rejoindre une cabale de survivants. L'autre pour me signifier que je devrais mettre mes talents aux services d'une nation. Tous, dans le but de me transformer en l'un de vos acolytes. Comme si le simple fait que nous partagions notre origine suffisait à expliquer tout. Nous sommes liés, décrétez-vous. Parfaitement et totalement. Des frères et des sœurs, plus que des cousins."
    Le soliloque s'interrompit brusquement et il détourna son attention de sa nouvelle œuvre pour disparaître de son champ de vision. Ses bruits de pas s'éloignèrent et les yeux écarquillés du prisonnier balayèrent la pièce, à la recherche de quelque chose, n'importe quoi, susceptible de l'aider. Mais tout ce qui se trouvait autour de lui s’avérait être des corps attachés à des tables d'opérations, exactement comme lui. A côté de l'une d'elles, il y avait une lanterne, suspendue à l'un des innombrables crochets pendant au plafond terreux et trop bas de la cave. Ce que la faible flamme parvenait à tirer des ténèbres environnantes valait bien mille cauchemars, cependant le brise-rêve attaché se refusa à céder à la panique. Bandant ses muscles malgré leur engourdissement, il se mit à tester la solidité de ses liens un par un, à la recherche d'une faiblesse, d'une faille, incapable de se résoudre à admettre la défaite, à saisir que la fin de sa vie prendrait la forme d'une tragédie innommable ayant l'honneur discutable d'être partagée par une dizaine d'autres anges.
    Au loin, quelqu'un hurla. C'était un glapissement d'effroi et un râle d'agonie, le résultat d'un croisement parfait entre peur et douleur. Une ôde à l'inhumanité. Une femme l'avait poussé avant de s'étrangler dans un borborygme longuet dont les échos lugubres n'avaient pas manqué d'alimenter l'imagination du prisonnier, après qu'elle ait retrouvé le silence. Le cri s’était fait assez fort pour couvrir la foule de gémissements ne cessant de résonner alentour. Des dizaines de bouches sans vies babillaient et pleuraient dans le noir, et leurs plaintes désespérées semblaient de plus en plus fortes, au fur et à mesure que les sens assoupis de l’ange prisonnier reprenaient conscience.
    Les liens des bras tenaient bon mais il y avait du jeu au niveau de la jambe gauche, quelque chose d'assez lâche pour lui donner de l'espoir. Aeluvich se mit à pousser de toutes ses forces, les yeux rivés sur la carcasse du martyr aux mains cousues sur son visage, détaillant cette bouche ravagée, remplie de crevasses et de sang infecté. Des siècles de combat, des millénaires même, ne l'avaient pas préparé à ça. Combien de fois le vénérable fils de Kazgoth s'était imaginé tomber au cours de ses éons d'existence ? Le compte devait s'approcher du millier. Pourtant, pas une seule fois son esprit aiguisé n'avait pu visualiser pareille situation. C'était trop grotesque, trop abscons. A la limite de l'impossible. L'esprit de Malazach s'était perdu irrémédiablement dans des ténèbres nocives, que ça soit pour lui-même ou pour les autres. Il le tuerait par pitié, une fois libéré. Le Brise-rêve se le jura silencieusement.
    Le lien cédait, petit à petit. Encore quelques instants et il serait en mesure de se dépêtrer et d'agir. De reprendre le contrôle pour punir son geôlier.
    L'écho de bruits de pas lointain se fit entendre. Aeluvich serra les dents en doublant encore ses efforts. Ses yeux s'écarquillèrent et ses tempes s'enflammèrent. Quelque chose craqua dans son genou. Un mince filet de sang s'écoula de ses narines pour venir échouer dans sa barbe.
    "-...si vous saviez à quel point vous me faites pitié." La voix nasillarde du monstre pris dans son monologue se rapprochait lentement." À vous inventer de nouvelles vies. A vous persuader que les mortels valent quelque chose. Que certains méritent d'être protégés, sauvés ou aimés."
    Quelque chose cliqueta au niveau de la boucle et celle-ci se desserra presqu'assez pour libérer sa jambe.
    Mais la voix du monstre paraissait bien proche, maintenant.
    "-Tu es l'un des fils du forgeron et, comme lui, tu es fort, inflexible…" Quelque chose vint meubler le silence qui suivit cette coupure… le son caractéristique d'une langue venant humecter les lèvres de son propriétaire. L’image d’un serpent se faufilant dans des eaux boueuses vint immédiatement à l’esprit du prisonnier, à son entente. “Et, comme lui, tu t’es montré trop confiant. Regarde où ça t’a mené. Regarde où cela vous mène, tous.
    Que ce pompeux salopard continue à parler, pensait l’engeance de Kazgoth tout en sentant son courroux venir alimenter sa force et réveiller son corps anesthésié. Qu’il se perde dans l’écoute de sa propre voix et oublie que je ne suis pas une simple brebis. Il n’aura pas le temps de s’en mordre les doigts.
    La jambe se libéra, enfin. Son propriétaire parvint difficilement à contenir un profond soupir de satisfaction, préférant user de son nouvel atout pour s’attaquer aux boucles retenant sa jumelle. Le pied libéré frappa à la base du lien, encore et encore, provoquant un bruit négligeable au milieu des sanglots et des pleurs.
    “-Je vais te faire un aveu, Aeluvich : Je hais notre race. De toutes, il n’en existe pas de plus exécrable. C'est un gâchis tellement…divin."
    Le concert de gémissement gagna en force alors qu’un rire à la fois nasillard et éraillé résonnait dans la caverne.
    Quelque chose d'aussi brûlant que tranchant s'abattit sur la jambe de l'ange entravé, sectionnant la chair, brisant les os sous le poids ridicule d'une lame d'acier démesurée et souillée par le sang de trop nombreuses victimes.
    Jadis, lors d'une épreuve d'honneur, Aeluvich avait dû plonger ses mains dans les flammes ardentes d'une cheminée et les garder à l'intérieur aussi longtemps que possible. Aussi fort d'esprit que de corps, le fils de Kazgoth avait su faire taire les réflexes primaires de son corps jusqu'à ce que ses doigts prennent la forme de bâton de chairs fondus, recouverts d'une croûte de cendres au travers de laquelle on pouvait, par endroit, découvrir sans trop de mal les os suppliciés. Il avait fallu six heures au mage guérisseur de sa bande pour rendre à ses mains une apparence normale et la douleur était restée durant de trop nombreuses semaines. Cette épreuve lui avait permis de prouver à tous ses semblables qu'Aeluvich possédait la force et la détermination nécessaires pour les diriger, une barbare preuve de courage et d'abnégation lui ayant valu une promotion, à l'époque de la grande guerre.
    Jamais, ô grand jamais, le Brise-Rêve s'était imaginé vivre un tourment plus grand. Durant ses siècles de duels et d'escarmouches on l'avait percé, tranché, brûlé et empoisonné. De douloureuses blessures ne pouvant pourtant pas même espérer égaler le calvaire de ce feu de cheminée. Par orgueil, le fils du forgeron s'était imaginé immunisé à la souffrance.

    Mais lorsque le couperet d'acier chauffé à blanc s'était abattu sur sa jambe, la sectionnant en deux sur toute la longueur dans une cascade de sang et de viande écrasée, Aeluvich avait hurlé comme toutes les autres victimes du Porteur de Peine.
    Alors, une bouche de cauchemar, souriant de toutes ses dents aiguisées et jaunâtres, s'était approchée de son visage couvert de sueur pour lui susurrer à l'oreille :
    "-Mais en dépit de nos origines si méprisables ; Nous allons accomplir quelque chose de sublime, ensemble, Brise-rêve."


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  • Mer 23 Aoû - 8:13
    Katrina Zolyak était une femme dévouée à son travail. Durant la triste époque de sa jeunesse, elle avait vécu dans la campagne de la République. Abandonnée par son père, maltraitée par sa mère, elle s'était réfugiée au seul endroit de son horrible village où les vivants se refusaient à aller : le cimetière. Là-bas, la pauvre blondinette avait erré, de tombe en tombe, chaque jour jusqu'à l'aube de ses quatorze ans, où elle s'était découvert un singulier don : Celui de réveiller les morts et de les contrôler.
    Cette révélation avait alors causé, dans l'esprit de cette adolescente perturbée, une épiphanie troublante : ce pouvoir ne pouvant être dû au hasard, il avait un but, un objectif, une attente. La mort lui ayant fait un don, il allait de soi qu'elle attendait un juste retour des choses.
    Alors Katrina, après des mois d'entraînement discrets, avait forcé les défunts de son village à dévorer chacun de ses vivants. Le feu s'était chargé de consumer les baraques au sol souillé de sang et elle s'était retrouvée sans abri, errant sur les routes, au bord de la folie.

    Obsédée par la mort comme tant d’autres de nécromanciens néophytes avant elle, la jeune Katrina, orpheline volontaire, meurtrière de son propre foyer, vit alors son esprit s’étioler petit à petit tandis que ses morbides considérations l’éloignaient toujours plus des vivants. Attirée par la nécropole qu’était devenue Shoumeï comme une phalène l’aurait été par un feu de forêt, elle échoua dans un village perdu transformé en cimetière à ciel ouvert, où elle s’escrima à relever les cadavres laissés sur place et à parfaire sa morbide maîtrise de la mort jusqu'à ce que…
    Jusqu’à ce qu’il la trouve.

    "-Qu'avons-nous là?" Manda la désagréable voix du monstre, au cours de leur étrange rencontre.
    Elle se trouvait alors au milieu d'un charnier, les genoux enfoncés dans la boue et les tripes, le visage souillé d'un sang à demi-coagulé lui ayant peut-être, un jour, appartenu. Ses bras, couverts de bandages noircis par la saleté, témoignaient des lacérations que sa propre personne s'était infligée, lors de ses phases de délires, de plus en plus courantes. Sa voix -celle du monstre- sonnait mal. Traînante, moqueuse, les mots sortaient de sa bouche en un souffle pour s'étirer interminablement au contact de l'air. On sentait dans chacun d'eux une malveillance appliquée, souhaitant à la fois soumettre et détruire son auditrice…pourtant, toute cette cruauté ne se voyait pas privée d'une certaine forme de lugubre mais séduisante beauté.
    "-Quelle est donc cette brebis perdue, qui se nourrit ainsi des cadavres de son troupeau ?"
    A cet instant, Katrina pris conscience que cette voix ne provenait pas d'un de ses délires. Qu'elle était aussi réelle que la chair infestée de larve éclatant sous la pression de ses molaires. Surprise, inquiète, la nécromante fit volte-face tout en réanimant tous les morts autour de son sanctuaire.
    Mais alors que les mâchoires des défunts claquaient inlassablement et que ses yeux d'un bleu glacial découvraient l'ombre de grandes ailes noires, le monstre, lui, riait.
    "-Intéressant." Commenta-t-il à la fin de son rire, avant de simplement balayer des mois de travail d'un revers de main.
    L'intégralité des cadavres changèrent immédiatement de maître, au terme de ce geste. Katrina senti sa propre volonté de domination de la mort s'effondrer, brisée par celle d'un être lui étant en tout point supérieur. Vaincue, la pauvrette attendit que les dents pourries de ses anciennes marionnettes ne viennent se refermer sur sa fragile carcasse.
    Sans que la délivrance ne vienne.

    L'apprentissage ayant suivi sa rencontre avec le maître s'était avéré aussi fastidieux qu'humiliant. Malazach ne connaissait ni le repos, ni le doute, car son corps restait avant tout celui d'un des fils des cieux. Katrina ne pouvait se targuer de disposer des mêmes racines, son esprit comme son corps restaient incapables d'absorber nuit et jours les connaissances et enseignements de ce professeur aux airs de bourreaux, parlant et prophétisant sans interruption à chacune de ses visites en oubliant parfois la présence de son apprentie.
    Avec le temps, cependant, elle avait fini par comprendre bien des choses. Tout d'abord : il la méprisait. Ca n'avait rien de personnel puisque l'ange noir méprisait chacun des mortels parcourant les terres du Sekaï. De ce fait découlait une autre vérité : Katrina lui était indubitablement utile, l'inverse l'aurait conduite à l'équarrissement. Sa maîtrise de la nécromancie restait mineure par rapport à la sienne, mais les couloirs sombres de son esprit dissimulaient une inventivité dont il se servait à l'envie, lorsqu'une de ses propres expériences menaient a un résultat peu concluant.
    Elle veillait sur ses créations, en son absence, lorsque le jour se levait et que ses ouailles venaient s'abreuver une fois de plus de ses mensonges. Elle avait appris plusieurs psaumes et récits religieux et éviter ainsi l'ordalie, si un jour les Célestiens descendaient de leur montagne dans l'espoir de reprendre ce qu'ils croyaient leur revenir de droit. Utile mais jamais aimée, Katrina avait fini par s'enorgueillir d'être son assistante, pas simplement son apprentie.

    Peut-être que le maître savait lire dans ses pensées car, quelques jours à peine après cette décision, il lui avait fait parvenir non pas un mais deux uniformes : une longue robe blanche, d'allure monacale, au tissu épais parfaitement adapté pour éponger les éclaboussures, au cours des vivisections. Et une simple armure légère, de cuir et d'acier uniformément noir, à revêtir et employer lorsqu'ils sortaient d'un caveau pour en rejoindre un autre. "Judicatrice Zolyak" avait-il, dès lors, commencé à la nommer. "Judicatrice", cela sonnait bien mieux que "brebis égarée", "apprentie" ou même "assistante". Ce seul changement de titre l'avait catapulté vers de nouveaux sommets de productivité lugubre et, maintenant, deux ans après leur rencontre, elle pouvait sans rougir se targuer de savoir contenter son maître, dans son travail.

    "Le sujet ne répond plus aux sollicitations mais continue de se nourrir de la viande qu'on lui présente. La chair de ses doigts de mains et de pieds se décolle. Ses ongles tombent ou cassent. Déchaussement des dents. Fonte partielle du visage. Il sera une goule avant la fin de ce mois." Sa plume grattait inlassablement le carnet alors qu'elle évaluait l'état de chacune des expériences souffrant dans le caveau. Il y avait là treize corps, tous enchaînés à l'intérieur de sarcophages ayant au préalables été ouverts, pillés et soulagés de leurs anciens occupants. C'était une allée souterraine et chichement éclairée, longue d'une soixantaine de pieds, aux parois et au plafonds -trop bas- faits de pierre et de bois. Katrina n'était pas la seule à évoluer ici-bas. Elle partageait cet honneur avec une demi-douzaine de morts vivants décérébrés, qui slalomaient entre les sarcophages pour prolonger la durée de vie du tombeau, fragilisé par le cataclysme s'étant déroulé au-dessus de lui.
    La défunte claustrophobie ayant alimentée les terreurs nocturnes de son début d'apprentissage avait expirée depuis bien longtemps, ce qui lui permettait d'évoluer sans le moindre handicap au plus profond du caveau de Saint Hieronymus, là où même le maître ne daignait que rarement se montrer, par manque de temps et d'intérêt.

    Elle se chargeait de chacun d'eux. Les goules en devenir. Les greffés. Les abominations. Tous tremblaient, couinaient ou même aboyaient à son approche, car si son génie n'égalait pas celui de l'ange noir, la même cruauté luisait tout au fond de ses yeux d'azur. Ses fines mains, toujours dissimulée sous le cuir blanchi de ses gants de travail, plongeaient dans la chair avec la même voracité que celui à qui elle devait tout. Alors ils pleuraient constamment, tous. Y compris ceux à qui elle avait retiré les glandes lacrymales en même temps que les yeux. Y compris ceux qui ne possédaient plus de cordes vocales. Ils geignaient sans interruption, continuant à interpréter une parodie humiliante de ce qu'ils avaient été avant d'atterrir là bien que…pour la plupart… l'idée même de se souvenir d'autre chose que la peur et la douleur était impossible.
    Parce qu'aucun d'eux n'étaient morts ou vivants. Ils se trouvaient quelque part entre les deux. Treize expérience, maintenues dans un état inédit de non-vie et de presque conscience par un astucieux et ignoble procédé de nécromancie. Malazach avait tué leurs cœurs, à tous. Pendant quelques courts instants, ils avaient pu expérimenter la paix de la mort, après que leur muscle cardiaque ait cessé de battre.
    Et puis la magie du maître avait ranimé la pompe vitale, qui s'était aussitôt remise à inoculer dans leurs veines un sang cadavérique, parfaitement incapable de coaguler. Le cerveau, trompé par le processus, avait retenu l'esprit dans le corps supplicié. Condamnant l'âme à demeurer dans son enveloppe aux abois. Chacun d'eux engendreraient, ainsi, à la fois des prédateurs immatériels - tels des spectres - et des créatures anthropophages tout ce qu'il y avait de plus matérielles.
    C'était une idée de génie. Pourtant le maître -comme souvent- c'en était vite désintéressé, une fois sûr qu'elle aboutirait. Son esprit d'une incompréhensible et admirable voracité s'était immédiatement penché sur une autre possibilité, une autre fulgurance, et il avait laissé sa subalterne s'occuper de traiter la fin de cette torture sur plusieurs plans d'existence en lui confiant cette section.

    Ses pas la menèrent jusqu'au dernier corps de la liste : un ex-robuste gaillard, aux lèvres dévorées par les verres et aux muscles trop développés désormais couverts d'une fine couche de pourriture. Sa voix terrifiée parvenait encore à filtrer d'entre ses mâchoires irrémédiablement serrées par une douleur sans fin. Ça n'était pas une plainte, pas vraiment. Simplement une série d'insultes étouffées. Il la haïssait. Son esprit, détruit depuis longtemps, ne parvenait à se souvenir que de la haine que sa simple vue lui causait. Elle le remercia -comme de coutumes- de cette généreuse intention en enfoncant son index dans le biceps gonflés de son bras droit. La chair à nue, verte et nauséabonde, remua à son contact. Des centaines de parasites fouisseurs, troublés dans leurs repas, sortirent à l'air libre le temps de se creuser un nouveau terrier dans le terrain meuble qu'était ce corps pourrissant.
    La Judicatrice pouffa en se détournant, sans prendre la peine de noter quoique ce soit. Cette enveloppe-ci ne subsisterait d'aucune manière possible, elle s'en était assurée.
    Son inspection terminée, Katrina porta son regard au bout du couloir de sarcophages, à l'endroit où se trouvait une porte de bois de faible facture surmontant une paire de marches couvertes de mousse. D'un pas rendu rapide par l'habitude, elle se dirigea vers l'unique échappatoire possible, impatiente de rejoindre la section du caveau donnant sur sa chambre, pour paisiblement préparer sa prochaine journée de travail.


    ✞✞✞ Malazach est Maudit ✞✞✞

    -Les pratiquants du Culte des Ombres et les adeptes du Divinisme le voient comme un ange resplendissant. Son pouvoir de métamorphose ne fonctionne pas avec eux.
    -Ceux qui n'ont pas de croyances affirmées le voient comme un homme de foi usé par les années.
    -Les adeptes du Shierak et les athées, eux, le voient tel qu'il est véritablement ; une créature aussi famélique que sinistre.
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