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  • Mer 22 Mar - 12:59


    Quelque part dans la vasteté de Sekaï, un vent se lève.

    Il vole au dessus des terres arides, témoin de la désolation qui règne sur le Royaume qui fut mais qui n’est plus. Ici, les souvenirs sont plus nombreux que les vivants, ils vont et viennent, ils sont les nouveaux habitants de ces lieux qui transportent inlassablement leur fardeau de douleur et de souffrance dû à l’annihilation titanesque. La brise qui souffle doucement dessus ne peut interagir avec ces rémanences de haine, elles ne sont pas sur le même plan, le zéphyr ne peut que balancer les feuilles des quelques arbres encore restant, ajoutant au bruit de son faible hurlement le frémissement discret des rares branches caduques encore fournies. Pourtant malgré la dévastation omniprésente, d’autres plaintes parvenaient à résonner dans cet espace lugubre, entre Mael et Benedictus un petit bois tenait encore debout, en lisière duquel vivait toujours un petit groupe de shoumeïens refusant d’abandonner leur terre. Ces résidents plus que fervent tentaient de faire perdurer leurs traditions face à l’adversité multiple de leur propre existence éphémère, du Reike, des Titans et de la Nature.

    Si la Vie trouvait toujours un moyen de se frayer un chemin quelque part, elle s’apercevra en arrivant que la Mort était déjà là, et qu’elle attendait.

    À l’intérieur du bois, au sein d’une clairière à l’écart du campement de rescapés, trois grands piloris se dressent, imitant pathétiquement les troncs d’arbres noueux qui les entourent, à chaque mât était accroché un bien étrange cocon de lin serré et ligoté fermement, chacun contenant un corps, humain, gobelin, humain. Tête en bas, pendus par les chevilles à près d’un demi mètre du sol, ils ont tous les lobes d’oreilles sectionnés au couteau, de leur plaie ne s’écoule même pas un filet de sang, juste un égouttement, perle par perle, du précieux liquide dans des baquets disposés en dessous. À en juger par les contenus et le rythme de l’exsanguination, cela doit bien faire une journée qu’ils sont accrochés là à infailliblement se vider de leur fluide vital.

    Plitch.

    Leurs têtes sont rouges et tuméfiées, gonflées par l’afflux anormal d’humeur rouge dans leurs crânes, le supplice est non seulement douloureux mais atrocement lent, spécialement conçu et perfectionné à travers les siècles de pratiques traditionnelles pour infliger une punition tant redoutée que sa simple évocation suffit à en décourager plus d’un. Pour les trois malchanceux qui commencèrent à osciller eux aussi au gré du vent, la dissuasion n’avait pas été suffisante, les traîtres à Shoumeï qui avaient pactisé avec le Reike ne méritaient pas la clémence des habitants conservateurs, et pour donner l’exemple, le trépas n’était que la solution évidente à ce problème.

    Plitch.

    Ils sont encore conscients, occasionnellement l’un d’entre eux gémit encore, grognant de manière gutturale sous la torture. Ils ne sont cependant plus lucides, leurs esprits sont embrumés par la souffrance, la saturation sanguine et la fatigue. L’épuisement n’est qu’un seuls des assaillants qu’il doivent affronter car la faim et la soif se mêlent inexorablement à leur condition, négligeable pour le moment face à la douleur mais tout doucement, l’appétit se fait connaître, il creuse un trou dans les estomacs, il tord les boyaux au fur et à mesure que les corps meurtris crient famine.

    Plitch.

    Leurs chevilles sont brisées par le stress mécanique trop intense, l’action combinée des cordes épaisses qui maintiennent les cocons suspendus et du simple poids des corps, à quoi s’ajoute de temps à autre les pitoyables tentatives de gigotement des suppliciés. Les rotules ne sont pas juste démises, les os sont broyés par la force de la gravité, en réalité, même si ils étaient décrochés et soignés maintenant, les victimes ne pourraient plus jamais marcher à moins de recevoir des cures magiques. Leurs tendons sont écrasés, arrachant des bouts de cartilage en se rompant, la peau des pieds meurt et se nécrose, coupée d’apport sanguin.

    Plitch.

    Il ne neige pas, seul une fine couche de givre dûe à la rosée matinale perlant au sol recouvre la terre. À quelques endroits le duvet glacé laisse place à un cadavre d’animal sauvage suffisamment imprudent pour s’aventurer dans le sanctuaire interdit. Les fourrures déchirées qui brillent au soleil hivernal semblent être parcourues de petites vagues de reflets tandis que l’alizée les enveloppe, tentant de les réveiller de leur sommeil éternel. Un renard un peu trop curieux. Une géomi en quête de nourriture gratuite. Un kokot impétueux. Normalement la faune hostile vient souvent achever les malheureux qui sont exposés dans cette clairière avant que les sévices ne réclament leur vie. Cette fois, ils ont un gardien qui veille.

    Plitch.

    Assise sur un roc, les jambes pliées dessus, une armure géante demeure immobile comme une gargouille qui surveille son église. Sa posture est si parfaitement immuable qu’elle n’en a plus rien de naturel. Ses mains sont figées dans des poignes closes posées sur ses genoux d’acier, la couleur rouillée qui recouvre les lamelles des gantelets trahit le tueur des animaux qui gisent dans la clairière. En lieu de tête, une Sphère noire trône en haut de son corps, une orbe à la couleur si pure, si profonde qu’elle semble être un trou au milieu de l’espace dont le pourtour est doté d’une très fine aberration chromatique déformant la lumière en plusieurs faisceaux étranges. L’armure est parsemée de failles béantes dans sa cuirasse, dévoilant des éclats de ce qui dort à l’intérieur de la protection, des volutes de fumées noires passent devant les ouvertures en laissant parfois entendre des gémissement quasi-silencieux. Sur les épaulières du colosse, des bras ressortent d’une des brèches et du métal, formant une collerette sinistre, chaque membre est enroulée autour d’un des bras principaux de l’armure, longeant l’acier pour venir simplement grossir la silhouette menaçante.

    Plitch.

    Violence ne dors pas, elle contemple, fascinée par la cruauté des mortels qui ne finiront jamais de lui faire honneur, depuis plus d’une quinzaine d’heure où elle a trouvé ces trois clampins elle reste là, à les garder, à se régaler de leur mal. Shoumeï est un endroit où elle se sent bien de base, et dans cette clairière ces trois proies accrochées à leur piloris lui font l’effet de perfusions salvatrices. Elle a sondé leurs esprits en arrivant ici, à la fois intriguée et satisfaite de leur sort, elle a vu ce qu’ils avaient fait, les actes qui les avaient menés à cette situation, elle les avait “protégé” des prédateurs naturels, prolongeant leur épreuve dans le temps, dès lors qu’ils demeuraient en vie elle saurait être là pour savourer le moment.

    Plitch.

    La Sphère trésaille, son périmètre circulaire se trouble. Un signal vient d’y créer une ondulation pareil à un caillou lancé dans la surface d’un lac, quelque chose arrive. Quelque chose s’approche, c’est là, pas loin. Cette sensation bizarrement perturbante, Violence l’a déjà senti une fois auparavant, le petit chat du petit ange. La Comme-Elle. Ça aussi c’est un Comme-Elle, et c’est de moins en moins loin. La Sphère ne parvient pas encore à l’apercevoir, pourtant elle regarde partout autour d’elle, scrutant chaque recoin du bois éparse à la recherche d’une trace de vie, était-ce à nouveau un chat? Le petit ange l’avait appelé “démon”, c’était le mot qu’elle utilisait pour les Comme-Elle, cependant le Comme-Elle qu’elle avait croisé était très différent de Violence, elle n’avait rien à voir avec elle, mais un peu quand même, c’était étrange.

    Plitch.

    Elle le voit.
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  • Jeu 23 Mar - 14:14
    Ce fut un cerf, curieux et splendide, qui s'approcha en premier de l'armure immense. Spectateur muet de l'abject spectacle, l'animal observait, oreilles tendues et œil alerte, le sordide tableau qu'avaient dressés devant lui des rêveurs assez aliénés par la vie pour s'oublier eux-mêmes. Il n'y avait, dans cette parodie de justice, qu'un sadisme primaire usuellement attribué aux plus diaboliques entités. Pourtant le Démon, trônant face à l'ignoble, semblait quant à lui autrement plus calme et fier que les sordides artistes responsables d'un tel affront à l'humain. L'animal, innocent mais pas naïf, contourna l'armure animée et vint timidement s'approcher de la terre maudite sur laquelle se déversait, à un rythme régulier, quelques gouttelettes pourpres. Puis, contre toute attente, le cerf rendu fou par un songe trop beau pour lui vint laper doucement le sang qui s'écoulait.

    Vint ensuite une parade pour le moins étonnante car, à la suite de la première bête, ce fut d'abord un écureuil puis ensuite  une chèvre qui pointèrent le bout de leurs museaux. Dans une symphonie naissante, des animaux divers piaillaient et couinaient tandis qu'ils s'approchaient ensemble de ce repas interdit sous l'oeil inquisiteur du géant argenté. Alors qu'ils savouraient, chacun à leur manière, ce banquet cruel qu'on leur avait dressé, les plus grandes et les plus fortes des bêtes commencèrent lentement à défaire les liens qui retenaient les malheureux. Non pas pour les libérer, bien au contraire, car ce fut après une chute que le premier corps fut embroché sauvagement par le bois d'un élan. La victime, incapable de pousser ne serait-ce qu'un ultime gémissement, mourut aussitôt et fut lentement dévorée par les créatures à l'appétit tout bonnement surnaturel.

    Dans les yeux indéchiffrables de ces enfants du mal, on ne lisait que gourmandise et goût de la violence. Sous leurs crocs et leurs griffes, chair et os craquaient dans une cacophonie de chuintements humides et d'effusions sanglantes. Vint enfin, à la suite d'une multitude de corbeaux, le prophète tordu de ce morbide pèlerinage. D'un pas si aérien qu'il en devenait étrange, le pied noirci et griffu d'une figure féminine vint écarter dans un froissement feuilles mortes et épines. Nue et si pale qu'elle en devenait aussi grise que la roche, la créature surnaturelle s'avançait en silence et offrait à l'armure un sourire enjôleur. Trahissant sa nature démoniaque, une paire d'ailes immenses traînait derrière elle comme un voile nuptial et laissaient parfois dans son sillage une plume étincelante. De ses yeux noirs s'écoulait un impur liquide, symbolisant bien sûr la corruption de ces terres désolées tandis qu'au creux de ses paumes, on discernait vaguement les traces de stigmates encore frais. De ces mains assombries et curieusement blessées perlaient furtivement un nectar scintillant mais la chimère merveilleuse ne semblait pas s'en offusquer.

    Ses iris obscurs se posèrent enfin sur le charnier où grouillaient ses fidèles amis et elle vint, sans hésitation, se joindre aux festivités. Elle posa sa main sur le flanc d'un élan et macula ainsi le corps de ce dernier de son sang arc-en-ciel mais l'animal imperturbable ne répondit à cela que par un reniflement sonore pour retourner aussitôt à sa pitance interdite. Avec méthode et douceur, la créature de cauchemar porta un index à sa plaie puis vint ensuite peindre sur le front d'un chaton un symbole nouveau issu de son imaginaire. Le petit félin au museau tâché de sang se lécha les babines, miaula, puis retourna à son carnage. Comblée, la femme qui n'en était pas une pivota et fit face au monstre de minerai et de haine en le gratifiant toujours d'une douce risette.

    "Est-ce là ton œuvre ?"

    Ses mots, prononcés par deux voix, étaient ponctués par la mélodie immonde de la viande froissée et du cartilage écrasé. Un oiseau, portant dans son bec l'œil de l'un des malheureux, se posa alors sur l'épaule de l'être fantasmé et jeta lui aussi un regard indéchiffrable à l'armure titanesque.
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  • Ven 24 Mar - 13:19


    Le cerf n’était pas qu’un simple résident de la forêt comme ceux que Praelia avait déjà couché au sol, il y avait quelque chose de terriblement sinistre avec cet animal. Violence se contenta d’observer, curieuse, ne sortant pas le corps de l’armure titanesque de son stationnement surnaturel, elle regarda la bête s’avancer au milieu de la clairière jusqu’aux martyrs, marquer une pause, pencher sa tête dans un des baquets et laper le sang. Percevant de multiples mouvements venant des bois, la Sphère repéra les autres bestioles qui affluaient soudainement au sein du sanctuaire, d’une certaine manière, le Comme-Elle devait sans doute influer sur ces animaux, d’une manière ou d’une autre. Le Démon pouvait ressentir la différence de comportement, la différence d’intention dans les gestes des bêtes qui commencèrent soudainement à devenir… furieuses, dans un excès de sauvagerie un élan acheva l’existence d’un des torturé, les dents, les crocs, les serres, les griffes, tous se plantèrent dans le corps pour déchirer le cocon de lin, rompre les liens de corde et écarter le tissus pour accéder à la viande fraîchement décrochée comme un jambon sur un esse de boucher. Les autres victimes dans une ultime tentative de survie regagnèrent conscience  et comprirent le sort qui leur était réservé, elles tentent de gesticuler, de se libérer en vain de leur liens mais finissent elles aussi par succomber au déchaînement de la faune. Le carnage est exceptionnel dans le sens où il est rare que des bêtes fassent preuve de cruauté et pourtant, c’est le cas ici, il n’est pas question de survie malgré les conditions hostiles de cet environnement, il n’est pas question de vivre ou mourir, les animaux agissent de manière purement instinctive, laissant libre cours à une pulsion que la plupart de ces proies ont oublié depuis des générations elles se repaissent des cadavres, faisant fit de la chaîne alimentaire usuelle.

    Dans le ciel, une nuée de corbeaux croasse en volant au dessus d’eux, la Sphère les observe, les funestes messagers sont bien trop nombreux pour que l’escadrille soit anodine, en rabaissant son centre de perception plus bas, l’orbe noire se distort et ses contours s’excitent, l’aberration chromatique qui l’entoure se fait plus épaisse et intense tandis qu’elle peut enfin le contempler. Le Comme-Elle. Il est étrange, sa forme est celle d’un mélange entre une femme et un oiseau que Violence ne saurait nommer, quelque part cette apparence lui rappelle le Petit Ange qu’elle a croisé plus au nord lors d’une sortie il y a peu, contrairement à l’apprence lumineuse de son ancienne proie, le Comme-Elle arbore des ailes de jais intense et des touches d’ébène parsèment sa peau sur les appendices de ses membres et les traits de son visage. Il semble blessé lui aussi mais à l’instar de la Multitude lorsqu’elle s’agite et se blesse sur ses épaulières, le Démon pense qu’il n’est pas réellement meurtri. De ces stigmates s’écoulent un liquide psychédélique dont la couleur instable change éternellement, Violence est curieuse, cette forme, cet être, il est infiniment différent du petit chat de Petit Ange. Son congénère se tourne vers lui après avoir félicité ses troupes bestiales d’une caresse ensanglantée et darde la Sphère de son regard obscure, lui posant une simple question.
    Arborant un simple sourire.
    Tout comme elle, sa voix est désincarnée, résonnant comme deux voix chantantes en une seule. Premier contact. Hâtive d’en connaître plus sur ces êtres similaires à elle, le Démon met Praelia en branle, dépliant lentement les jambes de métal pour poser pieds au sol, l’armure écrase la neige, des plaintes furtives s’échappent des failles dans sa cuirasse, les fragments d’âme en souffrance agités par la présence d’un confrère en apparence primordial. Désireuse de communiquer, Violence tente d’imiter l’ange-déchu-Comme-Elle, la Multitude se réveille, les mains se relèvent et commencent à se précipiter brutalement sur des recoins biscornus de l’armure, s’empalant dessus pour former des trous au niveau de chaque paume, le sang vermeil commence à couler, maculant l’armure, dégoulinant le long des bras jusqu’à leur base et gouttant même à travers la Sphère sans pour autant la perturber. Les multiples dextres se positionnent ensuite en éventail pour afficher l’étalage macabre ostensiblement au nouveau venu, de même, afin de copier le sourire morose de l’entité, la Sphère se module, des ondes morphent sa surface et des dents prennent forme, dessinant un collier de mauvaise augure partant d’un côté de l’autre de l’orbe d’encre.

    Ex nihilo, in nihilum. OXrAlSg

    Dans son dos, similaire à sa rencontre avec Petit Ange, de nouveaux bras poussent sur les plaques d’acier des omoplates en bouquet des paumes desquels de nouveaux bras se manifestent à leur tour, s’entremêlant ensemble pour dessiner des ailes organiques sépulcrales. Écrasant la poudreuse, Violence effectue un pas de plus en avant, arrivant à quelques mètres du messager des bêtes. Puisqu’il utilise sa voix physique, le Démon de la guerre en fait autant, empruntant les voix des damnés qui prononcent chaque mot comme leur dernier râle spectral d’agonie.

    ”Je ne suis pas l’artiste, je SUIS l’oeuvre.”

    Praelia s’avance encore un peu plus, la sphère vient s’arrêter à quelques centimètres du visage glauque du Comme-Elle, dévisageant des pieds à la tête la créature. À bien y regarder les stigmates paraissent réel, étrange. Bizarre mais pas illogique.

    ”Et toi, qui es-tu? Sais-tu seulement qui nous sommes? Ce que nous sommes?”

    La question sur sa propre nature est presque rhétorique, peut-être son confrère avait-il plus étudié Sekaï qu’elle et saurait lui apporter une réponse à son interrogation sans prétention, mais le Démon n’y comptait pas vraiment. Par contre quelque chose qui piquait véritablement sa curiosité était le visuel de son congénère.

    ”Ceci est-il ta forme véritable?”

    L’armure colossale se baisse alors, pose la paume de sa main à plat au sol et tout doucement décolle celle ci de la surface enneigée, entre la terre et le gantelet métallique, une lame se matérialise au fur et à mesure que Praelia se redresse, cette épée réfléchissante à l’apparence séraphique finit par être saisit à pleine poigne dans la main de l’abomination et le Démon, dénué de toute hostilité dans son attitude, présente l’arme au Comme-Elle avec la simple intention de la montrer.

    ”Je suis là.”
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  • Ven 24 Mar - 16:21
    Ignorant désormais ses compagnons sauvages affairés à se repaître de chair mourante, l'ange noir mima son homologue en s'approchant d'elle pas à pas. Sa douceur et sa beauté contrastaient drastiquement avec l'étendue du carnage qui s'opérait derrière elle mais ses fidèles gloutons ne semblaient pas souhaiter faire preuve de pitié ou de compassion. L'oiseau au sombre plumage quitta l'épaule de la figure diabolique et vint se joindre à nouveau au carnage, sa curiosité pour l'armure métamorphe s'étant déjà éteinte. Il n'y avait ni haine ni esprit de revanche dans le cœur de ces animaux aliénés mais la violence ancrée en eux et si brusquement éveillée traduisaient toutefois leurs plus profonds fantasmes. Même chez l'herbivore, il y avait une rage : celle d'avoir été élu proie avant même de naître. Violence était partout mais le Voyageur comprit soudain que c'était son avatar qui se trouvait face à lui. Lorsque le colosse métallique manifesta par magie des ailes artificielles, Rêve vint faire battre les siennes en réponse puis murmura :

    "Evidemment."

    Comment ne pas le voir ? Le prince fut comblé d'avoir découvert aux détours d'un sentier une nouvelle sœur perdue. Celle-ci était imprégnée par les méfaits et la souffrance de l'Homme, au contraire de sa consœur privée de nom qui n'était quant à elle qu'amour, volupté et mystère. Il y avait pourtant, dans chaque Démon qu'il croisait, une fascination et une affection éternellement renouvelée. Ils étaient, pour beaucoup, ceux qui comprenaient le mieux ses plus obscures considérations. L'orbe déformée en un macabre sourire posa ses questions et le Rêve l'écouta sans sourciller. Lui aussi avait été isolé, loin de tous ses repères, lorsque son sculpteur adoré l'avait mis au monde. Le prince onirique était donc heureux de pouvoir aujourd'hui s'improviser guide et éclairer ainsi le chemin de sa semblable.

    "Les rêveurs nous nomment Démons. Certains nous craignent et d'autres nous adulent car nous incarnons les forces primordiales qui régissent leur monde. Seuls ceux qui suivent nos enseignements connaissent la joie absolue."

    L'ange pivota légèrement et pointa de sa main noircie et corrompue le spectacle abject du massacre qui touchait à sa conclusion. Ces animaux voraces n'étaient ni fous ni possédés mais simplement convaincus qu'au delà du réel, le Rêve leur offrait un salut qu'ils n'auraient trouvé nul part ailleurs. Un écureuil aventureux, lui même couvert de viscères et de sang luisant, accourut alors comme pour illustrer les mots de son maître. Sans y être convié, il s'accrocha à la peau grise de l'Errant et vint l'escalader comme un arbre afin de s'installer tranquillement au creux de son cou, grignotant ses cheveux et jouant avec eux. Lorsque le géant conçu par la guerre demanda au songe incarné la nature de sa véritable forme, Rêve rétorqua cette fois par une manifestation illusoire. Son visage emprunté qui arborait encore un sourire béat fut parcouru soudain par une vague d'ombre, suite à quoi une multitude de faciès imaginés à la hâte s'y manifestèrent tour à tour.

    "Je suis un rêve, ma sœur. Véritable est un mot que j'emploie rarement."

    Et là où l'ange noir avait cru voir un semblable, il réalisa seulement à quel point il avait été sot. L'armure n'était qu'un porteur ou au mieux une enveloppe car en ses mains puissantes résidaient le corps de celle dont il avait ressenti l'aura écrasante. Lorsque la main ensanglantée de Rêve s'approcha de l'arme qui lui était présentée, un reniflement sonore poussa l'engeance chimérique à se retourner. Les animaux carnassiers, visiblement repus, observaient le spectacle de cette nouvelle rencontre avec une attention telle qu'ils en paraissaient anxieux. Comme à l'approche d'un séisme ou d'une éruption volcanique, certains plaquaient leurs oreilles en arrière et d'autres respiraient de plus en plus rapidement. Une tempête s'annonçait et les bêtes, parfois infiniment plus sages que les Hommes, la pressentaient déjà. Se voulant rassurante, la chimère rit puis leur glissa :

    "N'ayez crainte, mes amours. Elle est comme moi, après tout."

    Et la main charbonneuse de la corneille se referma alors sur la lame de l'épée.
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  • Sam 25 Mar - 8:32
    L’intention et la nature de l’individu sont deux concepts distincts mais étroitement liés dans le domaine animal, ainsi la nature des entités sont souvent renforcés dans leur comportement par inscription génétique et cultivé par épigénétisme à travers des dizaines de miliers d’années de spéciation et de sélection, qu’elles soit naturelle, sexuelle ou évolutive. Ces modalité de la transmission des données a façonné des êtres vivants dont le libre arbitre est en réalité limité à ce que la biologie comportemental le impose comme choix, en effet chaque représentant de son espèce n’aura qu’un but précis qu’il est poussé inlassablement à poursuivre dans toutes les décisions qu’il devra prendre dans sa vie dès lors que la magie n’est pas impliquée dans l’équation de sa survie: assurer la transmission de ses gènes, ni plus, ni moins. Certains individus ont avec le temps développé des techniques plus ou moins avancées pour pouvoir garantir une descendance et la pérennité de celle-ci, allant parfois à faire des choix pragmatiques en optant plutôt pour la survie de la mère que pour celle de la progéniture comme gage d’avoir de meilleures chances pour la prochaine portée.
    Compliqué avec tout cela de parler d’intention donc lorsque les animaux ne sont mus que par ce que leur dicte leur patrimoine génétique. En revanche avec les êtres pensant et dont la biologie comportementale est devenue si poussée qu’en effleurer la surface devient une tâche dantesque, l’intention se détache de la nature de manière drastique, les communication d’idées ou de concepts se font aux travers d’outils mémétiques plus poussés, plus travaillés et évolués qui ont l’avantage de s’affranchir des restrictions géniques pour pouvoir être encore plus libre dans leur capacité d’évolution, ainsi là où les animaux sont sélectionnés sur l’évolution aléatoire et la propension de ses mutations à favoriser ou pas la reproduction, les memes peuvent muter en cours de vie de manière intentionnelle pour s’adapter et survivre. Cette révolution favorise l’échange d’informations et permet de filtrer les idées les plus aptes à fructifier dans leur environnement, définissant l’hypothèse que tout concept qui est adapté au monde, qui lui est pertinent, reste dans ce monde non pas par sa propre force de survie mais parce que les individus le font perdurer de leur propre chef en se l’appropriant et en le propageant le plus possible.

    La violence est un meme.

    Comme tout concept, elle s’implante, elle peut naître du néant et retourner dans le néant. Elle se transmet d’une personne à une autre, elle se propage à travers les âmes, s’invitant comme une tumeur névrosée dans les cerveaux et se nourrissant des autres memes, les absorbe, les déforme, elle s’accapare les pensées et corrompt les esprits. Elle tire sa force d’autres émotions tout aussi polarisées comme l’amour, la colère, la peur, la vigilance, le dégoût, elle les utilise comme le comburant de son essence et pousse ses victimes rescapées à devenir ses nouveaux évangiles par désir de vengeance.
    La violence est un des memes les plus forts de ce monde.

    En cet instant figé dans le temps où le corps de Praelia tends ses deux bras vers l’avant, présentant sa forme physique à son interlocuteur, et où la main anthracite du Voyageur est déployée au dessus de la lame nue, à ce moment précis, l’intention du Démon est belle et bien distincte de sa nature. Seule de la curiosité l’habite, elle ne souhaite qu’apprendre, faire connaissance et échanger des informations de manière non-génétique avec son partenaire onirique. En dépit de cette intention pourtant neutre à l’égard de Rêve, la nature de Violence quant à elle, lui fait défaut, si le Démon belliqueux a pour habitude de sonder ses cibles pour toujours tirer avantage de leur psychée, les proies qui décidaient de lire en elle pour donner le change, ne s’en tiraient jamais tout à fait saines et sauves. Un résultat inéluctable lorsqu’un esprit mortel s’ouvrait à des dizaines de miliers d’années de brutalité, de sauvagerie, de cruauté gratuite, de déchaînement furieux de colère et de massacres ensanglantés, là aussi, tout comme la psychologie humaine dont on ne peut qu’effleurer la surface du bout des doigts, tremper ne serait-ce qu’un orteil dans cet océan de déferlement haineux pouvait facilement être massivement écrasant pour ceux qui en était victime.

    Lorsque le Prince des Songes referma ses appendices sur l’épée famélique, ce ne fut pas plus différent pour lui, que ce ne le fut pour l’Incarnation de la Guerre.

    Perdus.
    Des formes, dans d’autres formes, dans d’autres formes…
    Des polygones fractals se déroulent à l’infini.
    L’espace se replie sur lui-même mais reste plat, il est partout mais nul part.
    Le corbeau le regarde avec son oeil dans le bec et il vomit l’oeil puis vomit le bec puis vomit le corbeau qui recommence encore et encore et perpétue le cycle sans jamais s’arrêter et rien ni personne ne vient mettre de terme à la boucle d’oeil de corbeau et de bec qui se succèdent-
    Noir.
    Des formes grouillent, comme une fourmilière mystique dont la foule insaisissable ne peut être perçue autrement que dans sa globalité, chaque composant de cette masse grouillante ne peut être focalisé clairement mais définit le tout.
    Dans la forêt des ombres bougent, elles oscillent et se déplacent, pourtant rien de trahis visuellement leur mouvement mais c’est comme un sixième sens, un nouveau moyen de perception indescriptible qui permet à Violence de savoir qu’elles sont là et de savoir quand elles changent de position.
    Les montagnes sont froides.
    Qui crie depuis tout à l’heure? C’est insupportable. Si ça s’arrête elle mourra, il faut donc que le cri continue autant que possible.
    Le sol est en l’air, un trou s’ouvre au dessus d’eux mais ils ne tombent pas dedans, au milieu du néant il y a une porte mais Violence ne peut pas l’ouvrir, elle ne peut pas l’atteindre, pour ça il faut prendre-
    Les escaliers tournent dans des escaliers qui tournent dans escaliers qui tournent dans escaliers qui tournent dans escaliers qui tournent dans escaliers qui tournent dans escaliers qui tournent dans escaliers qui tournent dans escaliers qui tournent dans escaliers qui tournent dans escaliers qui croassent.
    Le corbeau, non il ne peut pas être là, il était déjà présent tout à l’heure, ce n’est pas possible mais ça fait sens. Il a eu le temps de venir, combien de temps déjà? Combien de temps s’est écoulé depuis la dernière apparition du corbeau? Il doit avoir finit de se vomir lui-même c’est pour ça qu’il est revenu.

    Violence se réveille. Elle est dans la main de l’Exilé. Il n’y a eu ni éclat de lumière ni bruit de magie. Praelia a disparu d’un seul coup, seule la lame demeure. Le Démon se rends compte de la profondeur spiralée dans laquelle il venait de plonger, c’était… fascinant, à la fois il ne pouvait même pas commencer à saisir tout ce qu’il venait d’observer, à la fois il comprenait totalement la véritable nature de son… frère. Il l’avait appelé sa soeur, sur le coup elle n’avait pas comprit pourquoi, le terme ne lui était familier que pour les mortels, pourtant, c’était limpide maintenant qu’elle avait goûté au songe absolu. De son côté, Rêve semblait aussi être affectée par son contact avec Violence, son apparence d’ange déchu se modifiait subrepticement pour adopter un langage corporel plus agressif. Ses mains douces et stigmatisées s’allongèrent en grandes serres acérées, avide de dévorer de la chair, ses ailes dont les plumes d’ébène douces rappellent celles de Petit Ange s’affinent et se multiplient pour devenir des aiguilles perçante similaire à un arbre à carillon mortel. Le visage, le v̴̫͎̀͒ỉ̷̳̳͒͝s̷͓̣̩̈́̀̈́̒̾ͅả̴̧̧̮̄ǧ̶̗e̷̛̺̗͔͐̕ v̴̫͎̀͒ỉ̷̳̳͒͝s̷͓̣̩̈́̀̈́̒̾ͅả̴̧̧̮̄ǧ̶̗e̷̛̺̗͔͐̕ v̴̫͎̀͒ỉ̷̳̳͒͝s̷͓̣̩̈́̀̈́̒̾ͅả̴̧̧̮̄ǧ̶̗e̷̛̺̗͔͐̕ v̴̫͎̀͒ỉ̷̳̳͒͝s̷͓̣̩̈́̀̈́̒̾ͅả̴̧̧̮̄ǧ̶̗e̷̛̺̗͔͐̕ indéchiffrable comme une menace cosmique imminente.

    Violence est ravie.

    Elle va pouvoir lui montrer, à lui aussi, ce qu’elle est.
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  • Sam 25 Mar - 12:09

    L'ange noir vit, dans son dos, ses fidèles hurler à la mort. Aucun son ne parvenait à la figure diabolique mais les faciès déchirés et implorants des bêtes laissaient entrevoir sans mal leur détresse profonde. Les cieux s'ouvrirent et devinrent aussi rouge que la chair des damnés et les arbres corrompus furent dévorés ensemble par des flammes invisibles. Dans un chaos sans nom, les animaux entreprirent de fuir mais dés lors qu'ils tentaient de s'éloigner de l'épicentre du cauchemar, ils tombaient aussitôt et se décomposaient sur place à un rythme défiant toute rationalité. Dans ce monde illusoire, Rêve voyait absolument tout sans avoir à se fier aux deux traitres figés dans ses orbites métamorphosées.

    Il ressentait la terre recouverte de glace qui, dans un grondement puissant, se mettait à trembler pour devenir brûlante. Sous ses pieds, le sol se gorgeait d'un liquide dangereusement bouillant. Le sang du monde en perça la coquille et vint s'extraire alors en effusions fumantes dans un sifflement strident, première note audible du cauchemar éveillée. De ce songe joint vécu bien différemment par les deux êtres apocalyptiques, un hurlement résonna et fit vibrer Rêve tout entier car d'un seul coup il comprit ce que signifiait vraiment être violence incarnée. Le prince exilé aperçut les corps inanimés de ses fils entreprendre doucement une inexorable ascension vers les cieux infernaux et découvrit alors qu'autour de lui, tout était lentement dévoré par la gueule béante qui avait déjà mangé les nuages et croqué le soleil.

    Le Rêve fut à son tour porté par cette force imperceptible qui engloutissait l'univers mais, impassible face à à la mort, il s'y laissa mener paisiblement en gloussant silencieusement. Il déploya ses ailes puis écarta les bras, accueillant ainsi l'inexorable avec le cœur léger car il voyait enfin dans l'extinction de chaque être le salut de l'univers tout entier. Lors de son ascension, le Rêve se fragmenta, morcelé puis réduit en cendres comme il l'avait été lors de sa renaissance et lorsqu'il ne fut plus que poussière dans l'ouragan, ce fut à cet instant qu'il caressa la surface incandescente d'un mur de flammes dansantes qui vociféraient et crachaient tout en l'assimilant.

    Ex nihilo, in nihilum. D8e40ab3d8a86060a70cccc1dc9b6c06

    L'existence vint s'éteindre et ce fut au tour de la conscience d'être ainsi effacée. L'océan de feu qui était un instant plus tôt un ciel entama alors la conclusion de son œuvre. Après les vivants et les morts, il vint se repaître des aspirations, des rêves, puis des idées. Une sphère s'était formée, noire comme le néant qui faisait son essence. Elle s'étendait jusqu'à l'infini car elle avait déjà tout pris puis, dans un ultime rugissement, elle s'avala toute seule. Pas même les songes n'avaient survécu à cet apocalypse et seul demeura un cercle, magnifique, immense et unique vestige du réel.

    Les yeux de Rêve, grands ouverts, vibraient et s'illuminaient. Ses pupilles d'encre étaient cernées de ce tracé de feu et lorsqu'il reprit conscience du monde qui l'entourait, l'armure n'était plus et ses enfants inquiets l'observaient en tremblant. Le prince aliéné par cette vision de l'enfer tenta bien de tendre sa main libre vers ses petits mais, ne le reconnaissant plus pour ce qu'il avait été, les bêtes poussèrent cris et piaillements et s'échappèrent ensemble en fuyant à toutes jambes. Rêve ne s'en offusqua pas et demeura inerte face à ce désamour démontré par ceux dont il avait pourtant cru toucher l'âme. Le Voyageur réalisa alors que son autre main était quant à elle alourdie car il tenait fermement le manche d'une épée et lorsqu'il assimila enfin sa présence, le prince fut happé intégralement par les changements qu'ils avaient vécus sans le voir.

    Sa sœur n'était plus tout à fait la même et Rêve percevait tout juste de quelle façon il avait lui aussi été affecté par cette expérience unique en son genre. Il observa longuement la corruption maléfique dont était enrobée désormais ses bras et ses griffes puis ses yeux voguèrent jusqu'à ses ailes terminées en une multitude de dagues acérées qui crissaient toutes en cœur à chacun de ses gestes. Sur l'enveloppe angélique, devenue bien plus grande et menaçante, des cornes d'acier sombre se mouvaient sans cesse dans un froissement abject et elles ne cessèrent leurs cris que lorsqu'elles trouvèrent enfin leur place sur le corps faussement meurtri de la créature. Sa crinière de plumes et de cheveux mêlées ressemblait à s'y méprendre au casque décoré d'un implacable conquérant.

    "J'ai vu ton rêve."

    Les voix jumelles n'étaient plus celles qu'employait d'habitude la bête onirique. Violence s'était insinuée en elle et en possédait la moitié. La frontière entre Rêve et sa sœur -devenue bien mince- semblait à deux doigts d'être coupée à chaque pas lourd qu'effectuait la chimère chancelante. La bouche si féminine s'ouvrit dans un claquement musculaire et les lèvres du Rêve métamorphosé se fendirent par endroits lorsque le Démon hybride poussa un rugissement bestial et glaçant dans lequel on entendait toute la misère du monde.

    Frère et sœur s'avancèrent, la lame traçant derrière eux un sillon en raclant le sol. Violence avait un songe qu'il fallait exaucer.
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  • Dim 26 Mar - 0:00


    Elle l’avait vu.

    Elle aussi elle avait vu son rêve. Violence aime bien ce mot, le rêve. Depuis qu’elle lit dans les mortels elle y voit très souvent des passages marquants qui ne sont pourtant jamais arrivés dans la réalité, ces souvenirs factices elle les avait toujours trouvé très intriguant et avait finit par comprendre qu’il s’agissait de leur imagination qui travaillait hors du contrôle des êtres, étrange pour le Démon, mais pas complètement incompréhensible non plus. Lorsque Violence cessait de penser pour se préserver de la paix ou de la plénitude elle se soumettait parfois à des fragments de mémoire qui la constituait mais qu’elle n’avait pourtant pas suscité dans sa transe, ce n’était pas tout à fait la même chose que les rêves, mais c’est ce qui pour elle s’en rapproche le plus. Maintenant qu’elle a pu apercevoir le Songe au travers de sa soeur, elle voit toute l’étendue de ce domaine inconnu et elle comprends quelque part l’immensité qui est sienne, c’est pour ça qu’elle aussi désire lui montrer son propre songe. Lui montrer ce qu’elle est réellement.

    Les doigts crochus du Démon onirique sont fermement enlacés autour du pommeau de Violence, et alors que le Prince reste debout au milieu des cadavres d’homme et d’animaux, l’incarnation corruptrice sent l’enveloppe charnelle de sa soeur s’ouvrir à elle comme une invitation, la sensation est drastiquement différente de cette fusion lente et insidieuse qu’elle pratique habituellement avec ses hôtes, ici Rêve l’accepte en elle. Violence s'immisce dans les cellules, parcours la chair métamorphe et prends possession d’une moitié de ce corps, ensemble, ils parlent, ensemble, ils avancent, ensemble, ils sont. Les lèvres torsadées se rompent à leur commissure tandis que la voix criante de l’entité symbiotique résonne, utilisant les tons cumulés de la brutalité et du songe pour prononcer sa menace:

    ”MES RÊVES SONT RÉALITÉ. NOUS SOMMES DANS LE COEUR DES HOMMES, MOI DE JOUR, TOI DE NUIT.”

    Sa lame ne changea pas d’apparence, et Violence en est heureuse quelque part, sa forme originelle est effectivement celle que son porteur préfère, une vérité subjective qui l’affecte grandement de manière nouvelle, un lien constructif se forme, non pas mû par son intérêt envers la survie de son manipulateur mais crée par le partage de cette compréhension mutuelle de ce qu’est l’autre. Tandis que sa pointe trainait dans la neige, raclant contre les ronces et les feuilles mortes décomposées qui pourrissaient sous la poudreuse, le Démon de la guerre eut le temps de réfléchir à ce que sa soeur lui avait dit quelques instants plus tôt, profitant cette fois de l’union charnelle de leur deux corps pour apporter un nouveau degré de compréhension de ces propos.

    ”Ceux qui suivent nos enseignements, tout les mortels nous connaissent, sans savoir notre nom, ils nous voient sans nous regarder. Je me demande maintenant si certains peuvent nous lire comme nous les lisons.”

    La question se posait réellement, mais Violence se doute de la réponse, si elle parvient à saisir l’immensité que représente la psychée et le spirituel de sa soeur, elle doute que de simple êtres vivants à l’existence si éphémère peuvent comprendre leur nature, leurs esprits sont programmés pour analyser, rationaliser, établir des connection logiques. Il n’y a pourtant rien de rationnel ni de logique dans l’univers, la simplicité côtoie la complexité au sein même du Sekaï mais les hommes se plaisent à vouloir vulgariser le cosmos pour l’abaisser à leur propre niveau de perception. Une autre question vient occuper momentanément la pensée du Démon-Arme mais elle choisit de taire celle ci: sa soeur avait dit “amour”, si Violence n’arrive pas à saisir la nature de ce sentiment, elle est partagée entre l’espérance que celle-ci puisse lui montrer cette partie de son spectre et la peur de ce que cet inconnu représente.

    Entre les arbres, le son caractéristique des vagues qui se heurtent à un littoral commence à se faire entendre, quelques oiseaux de berge couinent dans les cieux pour accompagner l’éclaircissement forestier laissant place à une terre meuble et sablonneuse. Ensemble ils avaient marché. Ensemble ils sortent du bois. Une plage s’étend devant eux, quelques huttes de tailles inégales se dressent là où le sol est plus stable, à l’abri des marées et des intempéries côtières. Des séchoirs accueillent des poissons et des bestioles marines que Violence ne connait pas, mais ce n’est pas là ce qui l’intéresse, la totalité de sa focalisation passant à travers non seulement sa lame redressée mais aussi l’oeil qu’elle a emprunté à sa soeur se porte sur les deux gamins qui sont assis à une trentaine de mètres d’eux. Visiblement interrompus dans leur petit jeu, les marmots les regardaient avec incompréhension, ne sachant s’ils devaient fuire devant l’apparition malsaine ou s’il s’agissait d’une des entités dont leurs parents leur parlent religieusement. La bouche de Rêve se fissure au menton, pends bouche bée et demeure reliée à sa deuxième moitiée par les veines laissée intactes mais exposée à ciel ouvert pour éviter le saignement, la mâchoire démantelée s’articule sporadiquement pour prendre la parole.

    ”Goûte à la souffrance, celle des parents qui vont les voir mourir est plus savoureuse que celle des enfants qui ne comprennent pas ce qui leur arrive.”

    L’oeil droit déjà obscure de l’Exilé se dégonfle dans son orbite pour ne devenir qu’un petit bout de rétine rabougri, à sa place une orbe de fumée ébène aussi opaque que la nuit sans lune se forme, envahissant la cavité vide, les paupières du Prince autour de cette nouvelle pupille brûlent et laissent entrevoir un cerceau de déformation colorée qui englobe l’oeil menaçant. Sur le bras charbonné du Voyageur, des mains poussent et viennent sécuriser sa poigne autour de l’arme avide. Un demi sourir se forme sur le visage sinistre.

    ”Laisse moi te guider à travers ma réalité.”

    Des huttes, des clameurs commencent à s’élever tandis que leur présence se fait remarquer.
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  • Dim 26 Mar - 3:05
    Le Rêve ne parlait plus, laissant tout contrôle au Cauchemar qui avait commis l'irréparable en prenant la main de la dénommée Violence. En lui, il y eut  une fissure et en réponse à celle-ci, ce fut le rugissement strident d'une harpie qui s'échappa de sa gorge malmenée par les plumes taillées en dagues dont elle était couverte. Le pacte avec Halewyn, promesse faite face à la tempête, se voyait éprouvé par ce goût pour la haine que venait de se trouver l'éternel Marchand de Sable. Le hurlement bestial se changea en caquètement rieur, sordide et infiniment mauvais tandis que les lèvres déformées se tordaient en un rictus malfaisant. Il ne restait de la douceur du songe qu'une infime parcelle et seule semblait subsister la démoniaque chimère issue d'une union interdite.

    Le corps fut tordu, massacré et redéfini dans ses moindres détails et la souffrance occasionnée par ces métamorphoses profanes ne parut que trop réelle pour la bête onirique aux pensées tumultueuses. Dans un bref éclat de lucidité, Rêve se remémora la brutalité de sa renaissance et la peur si profonde qu'il avait ressenti lorsqu'il avait été détruit puis redessiné sur le plan matériel. Il put redécouvrir par lui-même ce qu'il n'avait qu'entrevu dans le cœur des mortels sans pouvoir en déguster la pleine substance. Il y avait du bon néanmoins, dans cette rage infernale qui le parasitait et qui ne paraissait plus pouvoir trouver son terme car, lorsqu'il tenait cette épée symbolisant la colère d'un monde mourant; l'inconfort de sa faiblesse devenait fort lointain.

    L'hybride monstrueux, instable sur ces jambes qui n'étaient plus vraiment les siennes, avait tout perdu de son habituelle élégance. Lorsqu'il s'élança vers les marmots égarés, il laissa traîner derrière lui la lame corrompue et ses mouvements imprévisibles devinrent ceux d'une poupée possédée peinant à conserver son équilibre. Ses ailes glissaient sur le sol comme une cape déchirée et sa posture bestiale ne laissait présager que d'une folie sans nom. La chose innommable poussa à deux voix un nouveau piaillement qui se perdit en rire et ce son inimitable fut assez glaçant pour paralyser sur place les innocentes victimes en devenir. Alertés par les bruits surnaturels produits par la créature, deux parents affolés sortirent en trombe de leur logement et furent aux premières loges pour voir voler les têtes de leurs chérubins.

    Suivant les dires du guide qui lui croquait l'esprit, Rêve orienta alors les vestiges de ses yeux pour être témoin du déchirant spectacle occasionné par son crime. Les petits corps s'écroulèrent comme un seul et la bête exaltée offrit à leurs géniteurs un sourire impossible dans lequel luisait ses crocs noircis et dégoulinants de bile illusoire. L'enveloppe torturée mêlant Songe et Violence fut secouée de spasmes puis décolla pour s'abattre avec force et fracas sur la mère implorante qui, déjà, avait abandonné toute envie de vivre ainsi que son mari hébété. L'épée maudite trancha dans le vif ,encore et encore, Rêve s'adonnant à un carnage blasphématoire qui fut si frénétique qu'on en oublia bien vite les silhouettes initiales de cet amas de chair. Violence s'imprégnait de la tristesse résiduelle des corps sans vie et ils parvenaient jusqu'au Voyageur au centuple.

    Le monstre leva sa gueule difforme face au ciel gris et ses traits retrouvèrent alors cette beauté féminine de l'enveloppe empruntée lors de la rencontre avec cette sœur née pour détruire. L'orbite fumante se reforma en un œil embrasé qui voguait dans toutes les directions en d'erratiques mouvements paniqués. Était-ce à Sans-Nom qu'il avait volé ce visage ? De ses yeux indiscernables sous le masque de plumes et de cheveux flottants qui gagnait en volume, des larmes d'encre se mirent à couler. Les ricanements de la créature aliénée se changèrent en sanglots qui resonnèrent jusqu'aux tréfonds des âmes des autres habitants du village oublié. Dans un craquement sourd, la tête de l'entité infernale pivota brusquement et fit face à une poignée de guerriers et chasseurs venus se défendre face à la menace surréaliste qui planait sur eux. Il y avait des fourches, des arcs et une poignée d'épées, rien en vérité qui ne puisse stopper dans sa course l'ouragan de brutalité. Presque suppliante, la chose leur murmura :

    "Pour terminer... Que vas-tu devenir pour l'Humanité, ô démon ?"

    Une troisième voix était venue se joindre à celle des deux créatures surnaturelle. C'était celle d'un ange dont Rêve peinait à se souvenir mais dont l'image était parvenu à se frayer, l'espace d'un instant, un chemin jusqu'à la psyché noyée du prince exilé. Les témoins de cette dualité étaient bien incapables de comprendre les batailles internes qui se déroulaient dans le corps du monstre mais le Songe paraissait reprendre doucement un ascendant sur sa propre identité. Les plumes ornant sa nuque s'épaissirent et vinrent recouvrir peu à peu ses épaules et ses bras. Violence pourtant ne lâchait pas prise et ce fut d'un simple bond que la maudite créature vint écourter la distance entre ses nouveaux adversaires et elle. La lame fut abattue trois fois et autant d'hommes passèrent de vie à trépas dans une gerbe sanglante.

    Après avoir fauché ces vies sans la moindre peine, la monstruosité vociféra une énième fois mais porta cette fois-ci ses serres à son propre visage pour le griffer avec force. Rêve, ou ce qu'il en restait, ne voulait pas être dévoré par l'intense volonté de sa sœur belliqueuse.
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  • Lun 27 Mar - 11:52
    L’engeance symbiotique se déplaçait de façon saccadée, peinant à évoluer avec son corps sous contrôle de deux entités distinctes mais fusionnelles. Alors que dans un premier temps les deux Démons s’adonnaient de concert à une boucherie sans équivoque, Violence ressent rapidement le Rêve devenir dubitatif face au carnage. Elle rencontre une résistance dans les mouvements de son hôte onirique, lui conférant à nouveau la maîtrise de son visage celui ci se redresse et contemple les faibles créatures qui se dressent sur leur chemin, armé de pacotilles en comparaison de la menace qu’ils tentaient de stopper. Une question, une simple question posée par le Gardien des Songes, pourtant lorsqu’elle sortit des lèvres conjuguées de la fureur et du fantasme, l’entité s’arrêta brièvement, marquant une pause pour soupeser le poids de l’interrogation.

    Devenir pour l’Humanité?
    Devenir?...?..Comment ça, et pour l’humanité? Pourquoi pour? Pour quoi faire?

    Violence ne saisit pas la question cryptique du Messie de l’Illusoire, elle ne comptait rien devenir, elle est déjà. Elle est le bourreau, elle est l’exécution, elle est à la fois la finalité et l’existence, elle est à la fois la condamnation et la sentence. Dans ce moment d’absence, le Voyageur regagnait un peu plus de terrain sur son enveloppe charnelle, adoucissant son ramage et récupérant son torse dans la foulée. Le Démon impétueux se laissait chassé du corps qui lui avait été cédé, occupé par la rhétorique comme il était rare que ça lui arrive, mais il fallait dire que la situation dans son ensemble était une première pour elle. C’était exactement pour ça qu’elle souhaitait échanger avec le Comme-Elle après tout. Des coups de fourches et une torche jetée contre la poitrine du Prince la rappelle à la réalité, et sortant de sa réflexion Violence ré-envahit la chimère, se propulse vers l’avant dans un accès de rage et balaye sa lame, fauchant autant de vies que de voix sortant de la bouche du corps surnaturel. Cette voix… Cette voix est familière.

    ”Petit Ange?” La voix de Violence prends le timbre d’un souvenir irréel, un cauchemar puisé dans la psychée de la frêle figure ailée qu’elle avait croisé dans les Terres du Nord.

    Quelque chose dans son hôte résonne avec ses propres souvenirs, comme si les mêmes pensées habitaient les démons au même moment, deux roues dentées qui s’imbriquent soudainement parfaitement ensemble et fonctionnent avec harmonie, l’espace d’un cours instant, mais cet perle précieuse qui s’écoule fugace dans le sablier du temps suffit à rappeler Violence à l’ordre. Les serres de Rêve la mutile, lui arrachent des lambeaux de peau au visage.

    ”Nooon.”

    D’un seul coup la corruption se rétracte du corps du Gardien Utopique, le Démon belliqueux se retire de son propre gré, rendant les veines, les cellules, les nerfs, les muscles à son propriétaire originel. Sur la lame des bras grandissent de la garde et saisissent les mains de l’hôte pour les séparer du faciès de Rêve, relâchant également l’emprise sur le pommeau de l’arme maudite. Violence tombe à terre, s’enfonçant dans le sol sous le regard stupéfait et confus des quelques rescapés qui n’ont pas encore fuit la scène. Lentement le corps de Praelia se reforme, tordant le métal éclatant de l’épée pour le ternir et l’étirer jusqu’à faire réapparaître l’armure menaçante présente dans la clairière. La Sphère contemple le visage meurtri et empathique de l’Exilé. Pensive. Elle lui a dit que les Hommes qui suivent leurs enseignements connaissent la joie absolue, cela ne se valait-il que pour le Songe? Était-ce sa propre version de la vérité, applicable uniquement à sa nature éthérée? En était-il réellement si différent pour la brutalité?

    ”La Furie n’est pas faite pour le Songe, les deux peuvent cohabiter mais sans jamais se confondre. Je comprends un peu mieux à présent ma soeur.”

    La Sphère se rapproche de la tête du Prince, respectant cette fois la distance qui les séparait désormais, afin d’éviter d’altérer à nouveau sa semblable.

    ”Je retiens précieusement le souvenir de ce partage éphémère. Si tu penses que je devrai devenir quelque chose, je vais y réfléchir, mais je ne suis pas comme toi. Moi, je suis l’épée.”

    Autour des deux sujets des Hommes, les shoumeïens ne savent pas quoi faire, certains en ont profité pour mettre à l’abri femmes et enfants restants, les rares courageux encore debout piques et torches en main hésitent à profiter du moment d’accalmie, se rattachant à l’espoir que les Démons ne se pacifient mutuellement.
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  • Lun 27 Mar - 22:57
    Violence s'expulsa d'elle-même du corps de son frère suite aux multiples signaux que ce dernier avait tenté d'envoyer depuis l'enveloppe hybride dans laquelle il avait bien cru se perdre. Ce n'était pas par crainte qu'il avait ainsi porté un assaut sur son propre corps mais bel et bien par envie de conserver sa personne dans son entièreté. Il avait déjà tant perdu lors de son ascension car, de ses pouvoirs jusqu'à sa mémoire, tout avait été fracturé. Pour mener à bien sa quête, le prince savait d'instinct qu'il était essentiel de conserver intact cette essence qu'était la sienne. Violence ne méritait pas d'être rejetée car elle incarnait avec noblesse les fondations d'une infinité de rêves et de cauchemar cependant le Voyageur avait bien d'autres attentes. Rêve existait aussi pour préserver l'équilibre du Songe et ne pouvait décemment pas favoriser la haine avec tant de ferveur.

    Lorsqu'il reprit possession de lui, l'ange noir aux yeux noyés de larmes sembla changer du tout au tout. Libéré des pensées de sa sœur tout comme de son emprise, Rêve sentait également qu'il reprenait l'ascendant sur son propre esprit et dissociait désormais sans mal ses propres émotions et celle de ses récentes victimes. Il n'y avait ni remord ni tristesse dans le cœur de la chimère car elle ne comprenait l'éthique et la morale humaine que lorsqu'elle tentait de la répliquer pour mieux s'insinuer en eux. La grimace suppliante qui avait été sienne au terme de l'altercation s'effaça brusquement et céda place à une expression de calme frôlant la plénitude qui s'avérait, de bien des manières, plus effrayante encore que ses hurlements et vociférations.

    Le géant d'acier vint renaître depuis le cœur de l'épée, ce dans un raclement sinistre et immonde de métal froissé avec force. La chimère fantasmagorique n'accorda qu'une maigre attention au retour de l'armure surmontée d'une sphère sombre car une douleur légère mais néanmoins présente l'accapara soudain. Rêve porta alors l'une de ses mains griffues jusqu'à son faciès dont perlait désormais un sang multicolore. Caressant la blessure, il préleva un peu de cette substance sacrée et l'observa longuement sous les regards ébahis des pauvres rêveurs terrorisés qui encerclaient les deux engeances démoniaques sans la moindre conviction.

    Ces créatures maudites étaient d'ailleurs toutes deux concentrées sur une conversation qui semblait bien plus importante et lorsque Violence fit part à Rêve de ses révélations, ce dernier les accueillit par un sourire aimable. Il y avait beaucoup de vrai dans les mots de sa sœur mais la façon qu'elle avait de naïvement les amener laissa supposer que, comme lui, cette dernière apprenait du monde tout autant qu'elle y enseignait ses valeurs. La géante d'acier vint toutefois rebondir sur cette phrase mystérieuse qu'avait prononcé Rêve lors de sa brève montée d'angoisse. Ces mots, pourtant, n'étaient pas tout à fait adressés à l'incarnation de la brutalité mais bien à l'héritier onirique. C'était surtout pour lui-même qu'il s'était ainsi répété les paroles de ce fameux petit ange. Ignorant les fourches pointées sur lui, Rêve répondit tranquillement :

    "Nos domaines sont et resteront éternellement voisins. Les rêves grandioses de conquête et de destruction sont souvent attisés par la flamme de la sauvagerie. Nous faisions déjà partie l'un de l'autre avant même de nous rencontrer mais nous sommes plus proches désormais que nous ne l'avons jamais été."

    Croyant profiter d'un moment d'inattention, un villageois courageux ou idiot tenta vainement d'embrocher le flanc de l'engeance diabolique qui prononçait tranquillement sa dissertation après un carnage gratuit et inimaginable. Ce fut là une parfaite occasion d'illustrer que le Voyageur était bien loin de rejeter l'univers de sa sœur. Rêve posa ses yeux embrasés sur l'attaquant et ce dernier s'écroula aussitôt en poussant un cri. Sa cervelle bouillonna sous les assauts répétés de griffes intangibles et après d'interminables secondes de torture, le corps du malheureux cessa de se mouvoir. Le prince écarta les bras, prêt à recevoir une seconde tentative mais les quelques assaillants potentiels terrifiés à raison choisirent de rendre les armes et s'enfuirent à toutes jambes. Rêve adressa alors un sourire jovial à sa semblable et continua son discours :

    "Lorsque nous avons fusionné, je crois avoir laissé échapper des mots qui n'étaient pas les miens. C'était un souvenir... C'est un ange qui m'a posé cette question. Je pense que cette dernière, tout comme nous, a des choses à apprendre à l'humanité."

    Il était bien curieux de voir ainsi échanger ces êtres fantastiques au beau milieu des restes d'un carnage infernal. Rêve leva les yeux au ciel et sa bouche couverte de sang s'ouvrit puis il poussa un cri mélodieux et bestial mêlant bien trop de sons pour provenir du réel. Quelques instants plus tard, les animaux qui l'avaient fui plus tôt se regroupèrent et entreprirent d'investir le village. Des corbeaux et des renards vinrent se repaître de la chair des morts sous le regard attentif et aimant de la bête issue du Songe. A la suite des premiers venus, des cerfs et des loups se profilèrent au loin. Rêve pointa d'une serre l'un des canidés et reprit la parole :

    "Du cauchemar que nous avons façonné à deux, de nouveaux rêves viendront. Vois-tu celle-ci ? Elle donnera naissance d'ici deux lunes. De ton intarissable haine viendra toujours la vie. Nous sommes l'équilibre."
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  • Jeu 30 Mar - 9:40
    Le Prince a raison, Violence est impressionnée par ses connaissances, il a dû étudier Sekaï avec attention depuis son existence physique, à ce propos le Démon belliqueux se demande justement l’âge de l’Exilé, ce n’est que simple curiosité cependant et elle ne prendra pas la peine de s’en enquérir. L’ange déchu restaure les derniers vestiges de la corruption de son enveloppe charnelle et se dresse devant l’engeance métallique avec prestance en lui développant la nuance de son propos. Brutalité et Fantasme ne sont pas incompatibles, elles partagent une certaine sphère d’influence sur le même domaine mais ce n’est pas tout ce qu’elles sont.

    Oui. Il y a un peu de moi en toi, et de toi en moi.

    Explorer cette partie d’elle-même pourrait amener Violence à considérer Sekaï sous un angle différent, le Démon n’est pas totalement sûr de souhaiter changer sa perspective, elle sait que sa psychée actuelle lui convient tout à fait, mais sa curiosité est également avide de savoir, et elle ne désire donc pas se refuser à quelque chose de nouveau. Après tout, comprendre un peu plus le monde pouvait lui permettre de mieux étancher sa soif de furie.

    Dans la périphérie de sa perception, un mouvement dérange leur discussion pourtant calme et posée, des hurlements suivent bientôt le regard du Maître Illusoire accompagné d’un bruit de chute au sol et de débattement frénétiques. La complainte meurt doucement avec celui qui a osé les perturber. Autour d’eux la Sphère ressent les quelques villageois restants s’enfuir, bien ça lui convient aussi, il faut des survivants qui puissent se souvenir de la sauvagerie dont ils ont été témoins, les images auxquelles ils ont assisté les hanteront et nourriront en eux une forme inédite de cruauté: la peur ou la vengeance. Le Démon remarqua alors que la terreur, tout comme les rêves et les cauchemar sont des souvenirs de l’imaginaire, des évènements qui ne sont jamais arrivés mais que les mortels cultivent pourtant dans leurs esprits. Contrairement à la furie qui est bien réelle et laisse sa marque dans les âmes des hommes, la peur n’existe pas véritablement, pourtant elle est là, et sa soeur en est la preuve vivante elle aussi. Rêve et Réalité. Le Chaos de l’existence. Violence comprends un peu plus comment les deux s’imbriquent, chacun a besoin de l’autre pour subsister, pour s’illustrer et se démarquer. Si tout est Songe alors rien n’est vrai. Donc tout l’est? Ça fait sens. Si tout est rendu cruel, qu’est-ce qui le devient?

    ”La vie a besoin de la mort pour être la vie. Qu-est-ce qui est l’inverse de Violence?”

    L’armure corrompue se penche pour observer le loup au ventre gonflé, la Sphère alterne sa perception entre le canidé et le Prince. Elle réfléchit, mais ses pensées ont encore du mal à aboutir. Elle voit le lien que sa soeur essaie d’établir mais elle ne semble pas parvenir à connecter le lien logique entre la théorie et la pratique. Praelia s’écarte lentement de la louve bientôt mère. Elle se rapproche de l’apparition fantasmée et rebondit plutôt sur la mention de Petit Ange. Quel était son nom déjà? Mmh…

    ”Luvïel. Cet ange est particulier, intéressant, je l’ai vu en toi et je pense t’avoir vu en elle aussi. Je comprends ta curiosité, je suivrai aussi la sienne avec attention.”

    Sa voix se fait de plus en plus prédatrice au fur et à mesure qu’elle prends la parole. Ce petit fragment d’âme qui parcours Sekaï attise la convoitise des Démons. Rêve, le gardien des songes, Violence, héraut du chaos, la petite chatte, il y a quelque chose en Petit Ange qui les attire. Reportant la perception de la Sphère sur la louve enceinte, Praelia se penche vers l’animal qui mange tranquillement, ignorant le géant de métal qui le domine de plusieurs mètres juste à ses côtés. Lentement, la Haine personnifiée appose sa main à plat sur le ventre gonflé de la bête et sonda son esprit. Elle y voit la quête de survie, la chasse pour la nourriture, le combat pour la tête de la meute, le rejet, l’errance, l’espérance de trouver un salut dans le Songe, elle y voit des sensations qu’elle ne comprends pas, du contentement. Pas de la satisfaction non, quelque chose d’encore différent, comme… de l'apaisement d’avoir pu trouver un endroit où elle se sentirait en sécurité. Curieux. Grâce à la vision du Prince tout à l’heure elle se rendait compte de toute l’immensité qui existait en dehors de sa propre vision du Sekaï, il y avait quelque chose qui lui échappait et qui était juste là, à portée de main pour pouvoir mieux comprendre le coeur des mortels et la nature du monde qui l’entoure. Elle se retourne vers le Fantasmé et lui demande d’une voix qu’elle ne veut pas menaçante:

    "Montre moi les rêves des autres, ma soeur."

    En ce faisant, Praelia se relève et se dirige vers le Prince Onirique, retournant la forme originelle de Violence dans la Sphère où le métal blanc maudit se désintègre dans la matière éthérée noirâtre de l’orbe flottante. Mains nues, ou plutôt gantelets nus, l’armure se poste devant son congénère et le scrute attentivement.
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  • Dim 2 Avr - 19:03
    Avec une douceur telle qu'on en venait à oublier la brutalité innommable avec laquelle il venait de prendre tant de vies, le prince onirique vint s'accroupir pour aider un minuscule rongeur à se hisser sur sa paume tendue. La petite bête, trop jeune encore pour être dotée d'une vision efficace, avait semblé se diriger naturellement vers la voix de la créature mythique dans laquelle elle semblait percevoir une figure protectrice. Rêve ne lui accorda qu'une maigre attention et porta le fragile animal jusqu'à son épaule, puis il vint reporter momentanément son attention sur les propos de sa soeur. Tout en lui adressant un regard en coin, l'engeance onirique fit quelques pas en direction de l'homme à l'esprit brisé et chuchota quelques mots :

    "Luvïel... c'est bel et bien son nom. Son destin grandiose l'a donc menée sur ta route ? Formidable. J'ai semé des obstacles sur son chemin, pour parfaire l'histoire de son rêve. Tu as tant de choses à lui apporter, toi aussi. Peut-être que c'est elle, justement, qui représente l'inverse de ce que tu incarnes."

    Ses élucubrations demeurèrent mystérieuses car il n'apporta aucune précision supplémentaire quant à ces fameuses embuches qu'il prétendait avoir semé sur sa route. Une chose était sûre cependant : il parvenait lentement à tisser sur le plan matériel une copie imparfaite de cette toile du Songe dont il était issu. La fantaisie, peu à peu, se mêlait à la réalité et en distordait chaque aspect. Avec bienveillance, Rêve observa sa sœur lorsque cette dernière s'essaya à l'exercice de la lecture spirituelle. Qu'avait-elle bien pu voir, dans le cœur si noble de cette mère en devenir ?

    Un délicat sourire aux lèvres, l'illusionniste démoniaque leva un pied au dessus de la tête de sa dernière victime puis, dans un crissement d'os et de chair tordue, sa patte de volatile gigantesque se reforma et il vint planter avec sauvagerie ses serres mortellement acérées en plein dans la gorge du pauvre homme, l'achevant sur le coup et mettant ainsi un terme à cette torture dans laquelle sa psyché avait été plongée par magie. Dans un ultime gargouillement, l'innocent vint s'éteindre. A cela, Rêve rétorqua par un sifflement fabuleux dans lequel se mélangeait les cris de divers oiseaux, avant de reprendre la parole :

    "Les rêves des autres, dis-tu ?"

    Coupant toute éventuelle suite à ce discours, une horde de rapaces affamés fondit sur le corps fraichement étripé du villageois. Ils s'attaquèrent méthodiquement à la plaie léthale qu'avait infligé le démon et ce dernier, voyant que les moins habiles peinaient à trouver leur place dans ce fouillis, décida de venir en aide aux plus faibles. Il leva à nouveau la patte, déchira l'habit du malheureux d'un coup de serre et vint tracer dans son torse encore chaud des griffures profondes, offrant ainsi à ses petits amis un accès facilité aux meilleurs morceaux. Il était inquiétant de constater à quel point la bête ne montrait ni respect ni animosité pour la dépouille de cet homme. Il n'y avait dans cette violence ni colère, ni esprit de revanche, rien de plus au final qu'une envie de venir en aide à ces oiseaux que la guerre des hommes n'avait pas non plus épargnés.

    "Les Hommes jugent ces temps... troublés, ma sœur. C'est tout simplement d'un lendemain meilleur qu'ils rêvent. L'espoir est aujourd'hui lointain, intangible. C'est pourtant durant les époques les plus tumultueuses que naissent les plus grandes et les plus folles fantaisies."

    Ses yeux se posèrent avec intensité sur la sphère ténébreuse où aurait pu siéger un visage. Avec entrain et passion, Rêve conclut alors :

    "C'est toi qui va me les montrer. Ces rêves, c'est grâce à toi qu'ils les créeront. Tu seras un défi, une montagne à gravir. De ton chaos naîtra l'espoir et de cette misère viendront jaillir leurs rêves. Et comme je l'ai toujours fait depuis la nuit des temps, je les façonnerai pour les rendre plus merveilleux encore. La pièce finale, c'est toi."
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  • Mar 4 Avr - 22:32
    La Sphère est fixe dans l’espace, ne bougeant pas d’un poil tandis que le corps titanesque de Praelia dodeline au gré du vent, balancé par la brise fraîche des terres dévastées. La petite communauté ruinée autour d’eux se décomposent peu à peu alors que les animaux évoluent à la recherche de nourriture ou de survivants, sans grand succès. Les hommes ont complètement fuis cet endroit désormais, le rendant tout aussi désolé que le reste de Shoumeï, ce qui était autrefois un havre de paix au milieu du chaos a fini par être absorbé par ce dernier, sombrant dans la tourmente qui habite ce continent maudit. Le bruit des vagues chante une berceuse irrégulière qui agrémente le silence ambiant pendant que les animaux font tomber les murs frêles des chaumières, les briques creuses en argile précaire et les poteaux en bois dont les troncs peu épais reflètent la fragilité de la forêt qui borde ce petit hameau détruit. La lumière du jour mourant teinte le ciel littoral d’un arc-en-ciel de couleur rosées à l’image du sang de l’Exilé, et alors que les cieux s’assombrissent peu à peu, les pensées de Violence suivent le même schéma. D’après sa consoeur cette Ange représente l’inverse de ce qu’elle est? Donc… donc quoi? Elle ne comprends pas, elle a regardé dans son coeur pourtant, elle avait su y trouver la partie de ses émotions qui appellaient à la brutalité et à la sauvagerie férale qu’elle retrouvait dans chaque mortel, il est cependant vrai qu’elle y avait finalement résisté, par contre elle n’avait réussi à le faire que grâce à l’autre Comme-Elle. Le Petit Chat. Comment est-ce qu’elle s’appelait déjà? Fay.

    C’était au final un peu étrange pour elle d’admettre qu’elle et Fay étaient de la même espèce mais pourtant si différent, le chat semblait bien plus proche des mortels que Violence ou Rêve, et avec ce dernier, l’incarnation de la guerre sentait une symbiose plus forte, une connexion plus puissante qu’avec le félin croisé dans les terres du nord. Est-ce que tout les démons avaient un but? Une raison d’être? La Furie personnifiée n’avait jamais réfléchi à ça, elle se contentait simplement de corrompre, de répandre sa cruauté et de faire ressurgir les véritable natures destructrices des mortels. Praelia se redresse et la Sphère regarde les étoiles qui commencent une par une à faire leurs apparition dans la voûte céleste, elle n’apprécie pas la beauté visuelle à la manière dont les hommes le font généralement, elle ne considère que la fougue frénétique. Se reportant sur sa soeur, elle lui dit:

    ”Un lendemain meilleur, de l’espoir, la vie qui prévaut coûte que coûte, pourtant je continue d’exister et je ne me tarie jamais. Je suis inévitable mais tu me dis que je ne l’emporterai pas, je me demande si l’équilibre est fragile, ou fluctuant. J’ai besoin d’y réfléchir car je crois que ni toi ni moi n’ayons la réponse à cette question.”

    Praelia se retourne et fais quelques pas vers la rive. Ses pieds de géants s’enlisent dans le sable mouillé et l’armure s’enfonce de quelques centimètres, les grains s’infiltrent dans sa cuirasse et sont emportés par le tourbillon de souvenirs fluctuant à l’intérieur de la carapace.

    ”J’ai envie de la retrouver désormais, tu m’as rendue curieuse ma soeur…”

    Les jambes de Praelia se rétractent et le métal se tords dans un craquement immonde et morbide, la chair mêlée aux os et à l’acier se contractent et se replie sur eux mêmes, les bras se raccourcissent aussi peu à peu, prenant de moins en moins de place dans l’espace tandis qu’au centre de la masse informe, l’épée famélique se fait apercevoir. L’arme retombe lentement vers la ligne d’eau, accompagnée par les volutes rémanentes de souvenirs de Violence.

    ”À bientôt ma soeur, je reviendrai quand j’aurai trouvé ma réponse.”

    Et sans un son, sans un flash de lumière, elle disparu.
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  • Jeu 6 Avr - 1:51
    A la conclusion du discours plein d'interrogation de sa consoeur, le Rêve se contenta d'adopter une posture humble, mains repliées sur l'une l'autre, puis gratifia Violence d'une salutation curieusement humaine tout en lui offrant cet éternel sourire qui avait désormais pris des allures de masque, tant il avait demeuré inchangé au fil de leur longue conversation pleine de rebondissements. Tout autour du faux ange ténébreux qui trônait sur sa pile de cadavres éparpillés, les animaux se massaient avec intérêt pour souhaiter en silence un bon départ à la bête cauchemardesque qui se mouvait doucement dans une cacophonie d'acier hurlant. Il y avait, au terme de ce carnage, un calme et un apaisement d'une froideur et d'une cruauté tout bonnement surhumaine.

    "A bientôt, ma sœur. Cette rencontre m'a comblé. J'ai hâte de te revoir."

    Sous les yeux de ses amis bestiaux, Rêve tendit l'une de ses paumes et vint en percer la peau avec l'aide de l'une de ses griffes. De la plaie naissante, du sang multicolore s'écoula aussitôt en un flot léger, mais ininterrompu. Au court de sa croissance sur le plan matériel, il avait perdu petit à petit cette angoisse de nuire à sa propre intégrité et percevait désormais son corps fabuleux comme un simple vaisseau lui permettant d'accomplir les missions qu'il s'était donné. Tout en inspectant cette blessure déjà réouverte à plusieurs reprises depuis qu'il s'était investi de sa quête de guidance, il porta machinalement sa seconde dextre à la plaie presque invisible mais toujours perceptible au toucher qu'avait causé le torrent de lave d'une 'Elementaire enragée.

    Malgré la dureté de ce souvenir, son sourire s'élargit étrangement et un rire cristallin lui échappa. Sur sa nuque, une étoile argentée apparut pour symboliser la venue de sa consœur dans son existence. La paume ensanglanté pivota lentement, conférant à la scène de faux airs de rituel, et le liquide éthéré tomba jusqu'au sol aride que seul le sang des villageois nourrissait. Il ferma le poing, ouvrit intensément les yeux et se mit à fixer longuement la flaque aux teintes changeantes. De sa main encore intacte, il pointa le liquide et un infime tremblement vint parcourir le liquide, pour ensuite se changer en ondulations puis enfin en bouillonnement furtif. Emerveillé par ce pouvoir neuf que cette expérience avait fait jaillir, il usa maladroitement de ces impulsions psychiques qu'il contrôlait instinctivement et la tâche, d'un seul coup, se tordit pour former le brouillon d'un symbole étrange.

    Il ouvrit la main, fit jouer ses doigts dans le vide et, par magie, il parvint à alimenter ce flux pour forcer le sang à se mouvoir selon son bon vouloir, précisant petit à petit le motif pour former cette image mystérieuse qu'il avait en tête. Une fois le dessin macabre parachevé, il accorda à un cerf curieux une caresse et ce dernier, à sa façon, lui posa une question innocente :

    "Où vas-tu, mon ami ?"

    L'engeance onirique laissa une risette amusée apparaître sur son visage d'emprunt et répondit avec bienveillance  :

    "Je ne sais pas."

    La silhouette confuse de l'illusionniste s'étira subitement et ses plumes d'ébène recouvrirent la peau métamorphosée. Après avoir retrouvé l'apparence qui lui avait été offerte par son créateur, il déploya ses ailes colossales dans un claquement puissant et s'envola, ne laissant derrière lui que mystère et désolation.
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