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  • Mar 7 Mar - 19:28
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    L'ombre d'un doute

    Il y avait quelque chose d'étrange. Tout était normal, et pourtant Karsa ressentait un sentiment qu'elle n'arrivait pas à identifier. Elle guidait son client, un marchand qui souhaitait traverser les Rocheuses pour rejoindre le Dorei. Un voyage que la faiseuse connaissait par coeur, chaque abris, chaque recoin d'ombre que la nature avait fabriqué pour s'y refugier, en temps peu clément. Elle allait à vive allure, mais avait l'impression de marcher au ralentit. Son client marchait derrière elle, allant à son propre rythme. Ce client, elle le connaissait. Ce n'était pas la première fois qu'ils faisaient le trajet ensemble, il préférait la discrétion de la jeune femme et avait été agréablement surpris de s'en être sorti vivant la première fois qu'ils étaient arrivés au Dorei sans trop d'encombres. Tout était en ordre. Alors pourquoi ce sentiment ?

    Karsa prit une longue inspiration, et balaya du regard le paysage. Des chaînes de montagnes s'étendaient à perte de vue, s'effaçant au loin dans un brouillard laiteux. Elle avait pris connaissance qu'une troupe reikoise avait pris la route un jour avant eux, et tout en essayant de ne pas trop dévier de la route prévue, calculait quel chemin avaient-ils pu prendre pour éviter de les croiser. A eux deux, ils n'auraient aucune chance contre les soldats du Reike, surtout qu'ils attireraient bien trop l'attention à pouvoir s'aventurer dans ses alentours peu accueillants. Elle se stoppa un instant pour scruter les environs, voulant s'assurer qu'elle ne distinguait pas, au loin, la silhouette d'une troupe en marche. Mais non, il n'y avait pas un chat, et seul le bruit gémissant entre les nombreuses falaises, s'écrasant contre les parois minérales se faisait entendre d'une mélodie plaintive. Son employeur ne pipait mot, chose étonnante. Lui qui ne tarissait pas d'anecdotes au long de leur périple, était bien silencieux aujourd'hui. La jeune femme masquée lui jeta un regard en biais. Le visage de l'homme ne trahissait aucune émotion digne d'être relevée. Ses joues et son nez étaient rougis par le froid et l'effort, et sa poitrine émettait un léger sifflement qui aurait pu inquiéter n'importe quel médecin.
    Cependant, Karsa n'était pas médecin et lui n'était pas son patient. Même si, fallait-il l'avouer, il y avait quelque chose de thérapeutique dans ces longs voyages. Ils se seraient cru seuls au monde, livrés aux éléments. C'est ce qu'appréciait la faiseuse. Ces vastes étendues, donnant presque le vertige, vous ramenaient constamment à votre propre condition, leur montraient à quel point leur être était insignifiant. La moindre erreur pouvait leur être fatale. L'Ombra avait l'impression d'y être comme un intru, bravant ces lois, y faisant passer des individus clandestinement. Certains survivaient, d'autres succombaient. Il en était ainsi.

    Evoluant au grès des pierres aplanies par d'autres avant elle, la femme masquée grimpa sur un rocher plus imposant pour avoir une vision d'ensemble de leur futur chemin. Elle savait exactement où ils devaient aller. Elle avait fait ce chemin plusieurs fois, et pouvait se targuer d'avoir un sens accru de l'orientation. Alors pourquoi les chemins pierreux qui sillonnaient au sein des Rocheuses lui semblaient lointains, comme si certains avaient été légèrement modifiés. Le sentiment qui la pesait se fit plus présent, plus lourd. Il allait et venait, tortillait ses entrailles. Serrant le poing, la femme brune se retourna vers son client, qui ne semblait pas affecté par les mêmes doutes qu'elle. Le sifflement dans sa poitrine se faisait plus aigu, aussi Karsa se dit qu'il ne serait pas malvenu de faire une halte. Elle le signifia au marchand, qui accueillit la nouvelle avec un grand sourire. Chose qui fit arquer le seul sourcil qui restait à la jeune femme. En temps normal, l'homme était du genre à pester contre les pauses, se croyant plus endurant qu'il ne l'était vraiment. Le sentiment tourbillonnait dans son ventre, et sa gorge se serra. Instinctivement, la faiseuse posa une main sur la dague dissimulée dans sa cape, comme pour se rassurer.

    Pourtant, il n'y avait rien qui puisse justifier ce malaise, rien de tangible. Rien de réel.

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  • Mar 14 Mar - 13:15

    Un bruissement de feuillage malmené attira l'attention de l'aventurière. Derrière les épaisses broussailles qui parsemaient les routes, elle distingua après un ajustement de sa posture la silhouette indéfinissable d'un être vivant qui s'agitait dans l'obscurité mais s'aperçut bien vite qu'en dépit de ses inquiétudes, la bête mystérieuse à l'origine de cet élan d'inquiétude n'était en réalité qu'une humble biche, frottant la terre froide de ses sabots dans un crissement léger. L'animal leva la tête, visiblement dérangé dans son exploration par les deux perturbateurs et aussitôt, l'instinct de la Faiseuse lui joua un nouveau tour. Il y avait, tant dans les mouvements que dans l'apparence de l'herbivore, certains détails à peine perceptibles qui ne pouvaient cependant qu'attirer l'attention d'un œil aussi averti que celui de la guide.

    " 'Foutue bestiole. 'M'avez foutu les jetons, à tripoter votre dague."

    Le client pestait, visiblement indifférent à l'étrangeté de cette visiteuse indésirable. Se redressant mollement, le bonhomme grincheux s'approcha sans précaution de la bête mystérieuse et, par de grands gestes hostiles, il lui intima de s'enfuir. La concernée, loin d'être affectée par la manœuvre du vieillard, se contenta de plonger son regard dans celui de Karsa. Il s'agissait bien d'une biche, à n'en pas douter mais pourtant, la Faiseuse distinguait dans les traits de l'animal une lueur d'intelligence tout à fait hors-norme ainsi qu'une poignée d'imperfections. Ses yeux luisants paraissaient un peu trop grands de même que son cou qui, l'espace d'un instant, parut se tordre dans un angle trop prononcé.

    "Allez ! Pars d'ici, vilaine ! Tu nous embêtes !"

    Cette fois-ci, la créature obtempéra, non sans accorder à Karsa un ultime regard en biais. Sans émettre le moindre son, l'animal fit volte-face et s'éclipsa dans les broussailles. Dans ce bref contact visuel, l'aventurière aurait pu jurer avoir distingué une multitude de leurs semblables à de véritables étoiles mais sans doute était-ce la fatigue qui lui jouait des tours. Le client, fier d'avoir fait fuir l'intrus, accorda à sa guide un sourire partiellement édenté mais pourtant empli d'une certaine fierté. Les mains sur les hanches, il retourna tranquillement à la souche qui lui avait servi d'assise jusqu'à présent et porta ensuite ses paluches crasseuses à son paquetage, dont il commença à extraire avec une gourmandise évidente quelques vivres emportés pour l'occasion.

    "Vous avez un p'tit creux ? J'ai amené de quoi grignoter."

    D'un tissu déroulé à la hâte, le voyageur vint révéler la nature de ce repas offert si gracieusement. Une bonne grosse miche de pain, de la viande séchée de provenance inconnue ainsi qu'une gourde qui ne contenait probablement pas d'eau, à en juger par les œillades presque facétieuses que le marchand y jetait. D'un geste sans équivoque, il fit signe à sa compagne de route de le rejoindre à sa table improvisée, qui n'était autre qu'un morceau de tronc sans doute abattu par une tempête ou peut-être pas un animal autrement plus coriace que celui qui venait de s'éclipser dans l'obscurité. Sans attendre de savoir si son invitation était acceptée, le bonhomme se saisit d'un couteau émoussé et vint trancher avec force et envie le pain, puis la viande, se composant ainsi un petit plat qui n'avait rien de frugal.

    Sans la moindre retenue, il porta l'ensemble à sa bouche et se mit à mastiquer le tout, brisant ainsi le silence paisible de leur environnement si vaste et féérique par des bruits élastiques et pour le moins disgracieux. Alors que Karsa pouvait enfin s'autoriser un peu de tranquillité, elle put relever dans les sons parasites provoqués par son compagnon de route des bruissements qui n'avaient pas leur place ici. Tout à fait derrière, lorsqu'elle se concentrait et qu'elle tendait l'oreille, elle entendait un bruit véritablement abject : celui du crépitement furtif mais aisément reconnaissable d'un brasier naissant. A cela se joignait une odeur infime et difficilement lisible par dessus celle de l'herbe fraîche : une senteur de bois dévoré par les flammes.

    "Y'a un truc qui va pas ?"

    Comme les bruits, le parfum désagréable vint s'éteindre au passage d'une bourrasque. A l'horizon, ni fumée ni lueur caractéristique d'un feu de forêt. Rien d'autre que d'immenses étendues sauvages et curieusement silencieuses ainsi qu'une idée, toujours aussi poignante, selon laquelle quelque chose clochait.
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  • Mer 15 Mar - 21:33
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    L'ombre d'un doute

    "Valait mieux elle que lui" Voilà la pensée qui la traversa quand le cerf aux airs anthropomorphes la fixait. Un sentiment de dégoût d'une vive violence s'empara d'elle et sa main se resserra instinctivement sur sa dague. Elle pouvait sentir l'essence qui coulait en elle bouillonner d'une énergie presque néfaste, se perdant le regard de la bête, conversant avec, combattant avec.  Le client qui faisait des moulinets ridicules pour faire fuir l'apparition, provoquant ainsi une réaction contradictoire chez Karsa. Se sentant agressée dans la bulle qui s'était créée entre elle et le cerf aux yeux vitreux, des pensées peu avenantes fusèrent dans son esprit, oscillant entre agressivité et volonté de repousser l'homme avec brutalité. Mais aussi l'envie presque primaire de couper cette connexion, connexion qui lui glaçait le sang au fil des secondes que les pupilles de l'animal transperçaient son être. Se débattant dans une sorte de valse psychique, l'aventurière ne semblait pas réussir à couper l'interaction aussi étrange qu'indésirable. Avec le client qui continuait de pestiférer, ses vociférations, faisant monter les pulsions meurtrières de l'ombra.

    "Il sait." 

    Le malaise qui lui torturait les viscères avait maintenant envahi sa gorge également, et s'était resserré autour de son larynx s'exprimant en une légère douleur aiguë. Les jointures de sa main étaient blanches, et son avant bras tremblait légèrement. Elle avait envie de lui crever les yeux. Là, maintenant, de suite. Déchiqueter ses orbes globuleux indiscrets et atteindre la cervelle, fouiller la boîte crânienne, écraser les os en un ballet fracassant. Elle se retint de rire, sentant sa sanité s'effilocher tandis que cet intermède semblait durer une éternité. Et enfin. Le cerf s'en fut. 

    Il y eut comme un flottement. 

    Puis une libération. Karsa se détendit soudainement, dès que l'apparition disparue de son champ de vision. Sa main desserra son emprise sur le manche orné de son arme, des fourmis se propageaient instantanément sur le dos et les doigts de ses extrémités. Elle poussa un soupir, entre agacement, soulagement et déception. Lançant de temps à autre des regards furtifs vers l'endroit où était le cerf, la faiseuse avait du mal à se concentrer sur son client. Elle essayait de se ressaisir. Quelque chose n'allait pas. Ce n'était pas elle. Ca ne lui ressemblait pas. Elle fixait à présent son employeur, qui mastiquait bruyamment sa ragougnasse avec moultes chambard porcin. Derrière son masque, la jeune femme avait un air de mépris imprimé sur son visage défiguré, arquant son seul sourcil. Il ressemblait à un pourceau qu'on élevait pour l'abattoir. Fascinée par la scène, les pensées encore emplies de l'animal au cou tordu, elle sentait son corps se dédoubler. Était-ce vraiment elle ? 

    "Valait mieux elle que lui". Elle n'en savait rien. Sentant la pointe de sa dague contre son doigt, elle ne contrôla pas la lame qui entaillait déjà son majeur, laissant couler un léger fil d'ombre vaporeuse. Peut-être que c'était elle. Elle releva la tête vers son client. L'odeur du feu. Mais il n'y avait pas de feu. Une peur froide vint hanter son âme,  son corps de sa langue gelée, en prenant soin de la mordre au plus profond de son être. Esquissant un rictus incontrôlé, elle se mit à regarder autour d'elle de manière frénétique. Rien. Rien. Rien. Pas de feu, pas de flammes, pas de brasier. Juste l'odeur. L'odeur qui arrive, qui se rapproche. Dégainant sa dague, elle se rapprocha de l'homme qui continuait son repas, sans se soucier de l'aventurière qui se rapprochait de lui à pas lents. C'était bien elle. Oui, vraisemblablement, c'était elle. Le feu était là. Tout autour d'eux. Il les étouffait de son odeur âcre, les braises crépitant dans l'invisible. Elle était à présent derrière son client, qu'elle appela d'une voix caverneuse, presque inaudible. L'homme se retourna vers elle, avec encore la bouche pleine. Ses joues étaient rubicondes, et ses yeux exorbités de gourmandises. 

    Ses mêmes yeux, qui faillirent sortir de leur orbite lorsque Karsa enfonça lentement sa dague dans le ventre du marchand, jusqu'à la garde. Une fois la lame bien enfoncée, elle la ressortie plus brusquement, pour larder l'employeur de plusieurs coups secs, sans émotions ni débordements. Le sang du malheureux peinturlurait le masque de la faiseuse, et quand elle eut fini, elle se retourna vers l'endroit où se trouvait la bête quelques instants plus tôt. 

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  • Ven 17 Mar - 8:09

    L'acier glacé de la lame rencontra la chaleur des entrailles du malheureux dans un torrent d'émotions mêlant sourde terreur et absolue confusion. Le voyageur vint s'éteindre, mortellement blessé par l'assaut porté par la faiseuse et, sans même pouvoir interroger l'assassin avant de rendre son dernier souffle, il s'éteignit dans un ultime râle en s'écroulant sur ses provisions. Chez la tueuse, une incompréhension semblait se dessiner, comme si l'acte irréparable n'avait pas été mené en parfaite connaissance de cause. Elle avait été flouée, trahie par ses yeux, ses oreilles et son nez pourtant si fidèles. Le vent souffla, s'insinuant entre arbres et rochers dans un sifflement plaintif. A mesure que le temps s'écoulait, le doute se profilait. La carcasse du défunt demeurait inerte et, lentement, l'idée selon laquelle tout cela n'était qu'un mirage commençait à s'écrouler.

    Incertitude, angoisse, panique. La meurtrière paraissait perdue, reprenant possession de ses moyens sans pour autant perdre de vue la présence à l'origine du massacre. Tandis qu'elle se chargeait d'offrir un semblant de dignité à la dépouille de sa victime, la faiseuse jetait tout de même des regards furtifs aux alentours, cherchant des yeux l'animal mystérieux mais également les premiers signes visibles de ce feu naissant qu'elle était si convaincue d'avoir entendu et senti. Pourtant, dans l'immensité de ces plaines désertes, nulle lueur ne se manifestait par delà l'horizon. Elle quitta le pauvre homme, l'abandonnant dans sa mort injuste en offrant bien malgré elle son âme aux Gardiens, puis elle s'aventura plus profondément dans les Rocheuses. Pouvait-elle sentir que, par cet acte terrible, elle venait tout juste de se priver de sa seule ancre dans une réalité bien malmenée par la force ancienne qui avait jeté sur cet endroit un bien mauvais sort ?

    Puis elle la vit à nouveau. A une vingtaine de mètres d'elle, dissimulée partiellement par le tronc d'un arbre planté au beau milieu de rien, se profila la silhouette aisément reconnaissable de cette maudite biche. Encore une fois, il y avait dans cette manifestation un aspect pour le moins inquiétant. Seules la tête ainsi que les pattes avant de l'animal dépassaient derrière ce tronc mort qui semblait bien trop petit pour masquer l'entièreté du corps d'une telle bête. Là où devait se situer l'arrière-train de la créature, il n'y avait pourtant que le vide. La biche leva la tête, plongeant une seconde fois son regard luisant dans celui de la faiseuse et déclenchant en elle ce même malaise, palpable et tenaillant, qui s'était emparée d'elle lors de la précédente apparition.

    En réponse à cette manifestation surréaliste, l'intéressée rétorqua par un éclat de rire sonore. Nerveuse, faisant face à l'incompréhensible, elle s'approchait avec méthode et précaution mais la créature faisant l'objet de ses questions se recula, disparaissant derrière ce tronc pourtant bien trop petit pour accueillir sa silhouette toute entière. La faiseuse s'approcha encore, doucement et avec précaution, parvenant enfin jusqu'à cet arbre qu'elle vint contourner pour confirmer par elle-même l'absence de la bête. Sans grande surprise, elle n'aperçut aucune trace du passage de l'animal et ce fut à cet instant précis qu'une voix aisément reconnaissable se fit entendre, juste derrière elle, assez proche d'ailleurs pour qu'elle parvienne à sentir le souffle de celui qui prononça ces quelques mots :

    ""Y'a un truc qui va pas ?"

    La voix se perdit dans le vent, il n'y avait personne ici. Elle aurait juré pourtant que, dans l'air ambiant, une odeur de tissu brûlé s'était glissée pour s'éteindre aussi vite qu'elle était venue. Le ciel désormais aussi gris que la roche conférait à cet espace trop grand pour ne pas déclencher l'inconfort une atmosphère curieusement infernale. Dans une étendue aussi immense que silencieuse, on se sentait parfois atrocement vulnérable.
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  • Mar 11 Avr - 20:38
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    L'ombre d'un doute

    En cet instant qui parut si long, si vide dans cet espace rocheux au vent sifflant. Karsa serrait et desserrait sa poigne sur le manche de sa dague, dont le sang qui en gouttait se refroidissait peu à peu. Ploc, ploc, ploc. Les gouttes tombaient en valseuses sur le sol poussiéreux, s'étalant dans une corolle écarlate sur la terre meuble. Ploc, ploc, ploc.

    " Y'a un truc qui va pas ?"

    L'aventurière ne se retourna pas. Elle laissa flotter la voix, la laissant tourner dans le vent, résonna désagréablement contre les parois de la roche environnante. La jeune femme retint un autre rire, un rictus mauvais se dessinant sur ses lèvres dissimulées par son masque. Toujours focalisée sur l'apparition grotesque qui s'exhibait devant elle, moqueuse et irréelle, Karsa se concentrait. Elle essayait de balayer la frayeur que le bruit des flammes qui semblaient partout et nulle part à la fois, pour ne voir et n'entendre que ce cerf. Ce monstre de cerf. Décidée, elle ôta délicatement son masque, révélant ainsi son visage atrocement défiguré, se dévoilant devant la créature. Elle l'observait, elle le savait. Elle voyait à travers le tronc, elle regardait de ses yeux immondes. Serrant la mâchoire, la faiseuse sentait une rage incommensurable monter en elle. Elle allait le découper en morceaux. L'éviscérer comme elle avait éviscéré le pauvre bougre qui gisait derrière elle. Elle irait fouiller dans les entrailles de cette bête étrange, remuer ses intestins, remonter la lame jusqu'au poitrail pour atteindre le cœur et l'écraser dans ses mains. Le regard halluciné, la femme se rendit compte qu'elle haletait presque, bercée d'une sorte de fièvre sanguinaire. Elle avala bruyamment sa salive.

    "Bon, on s'remet en route ?"

    Une rafale de vent s'engouffra plaintivement et avec violence dans les dédales de minéraux qui entouraient les deux êtres. Le bruit surprit Karsa qui sursauta au claquement sec du vent qui paraissait se jouer de son environnement. Un soudain apaisement s'empara d'elle. Ses extrémités devinrent plus souples, moins douloureuses. Elle jeta un œil hagard sur sa dague, comme si cet objet avait perdu de son utilité en l'espace de cet instant infime.

    Ah. Elle allait mieux à présent.

    Cette phrase, prononcée encore dans un écho sombre, toujours bourdonnant dans les oreilles de la femme brune, avait été comme salvatrice. Elle entreprit de ranger sa dague, non sans l'essuyer avec soin contre son garde-corps déjà souillé. Son corps, qui était alors engourdi, commençait à se réveiller. Expirant doucement, elle inclina la tête d'un côté, et se massa la nuque. Avec des gestes lents, elle retourna ses paumes vers le ciel, les articulations de ses doigts craquèrent en un son grinçant. Une fumée noirâtre commença à se former tout autour de ses mains. Vaporeuse et opaque, cette espèce de brouillard coula des paumes de l'aventurière, pour s'écouler telle une chute d'eau sur le sol, pour y retomber en un nuage sombre, s'étalant peu à peu vers la créature importune.

    Des formes apparurent dans cette brume étrange, avançant d'un mouvement plus vif, qui se démarquaient de l'allure voluptueuse du frimas noir. Plusieurs claquements secs se firent entendre, dans un rythme désaccordé, des bruits de pattes multiples martelaient la terre sèche. Ils apparurent enfin, sortis du néant, une myriade de crabes noirs. Faits d'ombre et d'obscurité, ils allaient sur le côté, tout droit vers l'arbre hanté. Les yeux de la mage devinrent entièrement noirs, un sourire flottant sur sa lèvre tordue. Clac clac clac. En bons processionnaires, une vapeur sombre les entourant, les décapodes atteignirent rapidement leur cible. Encerclant la bête étrange, dans une danse inégale, faisant cliqueter leur squelette de crustacés et entrechoquant leurs dents d'un son narquois. Ils n'attendaient plus que le signal de leur créatrice.

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  • Dim 16 Avr - 23:29

    La peur, universellement présente aux confins de l'esprit des êtres pensants, ne se définissait par aucune généralité absolue. Face à l'horreur, certains fuyaient tandis que d'autres restaient paralysés, verrouillant leur corps et se détachant d'eux-même pour protéger, paradoxalement, l'intégrité de leur psyché au détriment de leur propre enveloppe. Il y avait les craintifs, les lâches, les irrationnels, les mesurés et pour finir : les combattifs. Les crabes drapés d'encre apparurent les uns après les autres et encerclèrent tels de petits soldats grouillants l'arbre qui semblait à l'épicentre de l'anomalie. Ce fameux arbre mort, trop esseulé pour être à sa place dans ces plaines désolés, paraissait désormais tout aussi irréel que les crustacés monstrueux qui l'entouraient en émettant frénétiquement leurs cliquetis disgracieux. L'odeur de feu disparut dans le vent, cédant place à celle de la nature sauvage.

    Dans cet effroi qui l'avait saisie, la jeune maitresse des ombres avaient su se découvrir une perception hors-norme. Il y avait, dans l'instinct de survie surnaturel qu'était le sien, des atouts insoupçonnés qui lui avaient permis de voir à travers le tissu hallucinatoire pour discerner, par delà les cauchemars et les angoisses, ce qui n'avait nullement sa place dans cette réalité. Cela lui semblait évident, maintenant qu'elle le scrutait avec attention : le cerf n'était pas la seule illusion, c'était l'arbre tout entier qui avait été posé là par une force extérieure au monde des vivants. Les branchages se brisèrent à l'unisson dans une série de craquements, des brindilles se détachèrent de la cime et lorsqu'elles en tombèrent, elles changèrent toutes de forme pour se muer en plumes noires. Dans l'esprit de la sorcière, des cris d'oiseaux résonnèrent et devinrent graduellement de plus en plus agressifs et nombreux, transperçant ses pensées et troublant son esprit pendant que se frayait en elle les prémices d'une douleur migraineuse. Le tronc obscur se déforma encore et s'affaissa sur lui-même pour décrire peu à peu une silhouette plus petite et surtout clairement humanoïde.

    L'arbre, en quelques instants seulement, était devenu une femme. Intégralement noire, la silhouette imprécise de cette dernière se déplia sur elle-même, dévoilant peu à peu sa structure dans une danse trop lente et rigoureusement effectuée pour lui sembler crédible. En toute vraisemblance, la réalité n'avait pas encore repris possession de ces lieux noyés d'illusions cruelles. Les oiseaux invisibles se turent tous ensemble, seuls les quelques sons émis par les crabes malveillants troublant le silence. Soudain, la silhouette indéfinissable commença doucement à se préciser et la Faiseuse réalisa bien vite que c'était une copie imparfaite d'elle qui se manifestait sous ses yeux.

    Imparfaite, car ce ne fut pas à son propre visage qu'elle fit face, mais bel et bien au dos de son propre crâne. Les oreilles non plus n'étaient pas dans le bon sens. Maintenant que la figure était lisible jusque dans ses contours, Karsa découvrait que si le corps imité paraissait être le sien, la tête en revanche était retournée sur elle-même. Son double mal conçu se redressa puis tendit une main vers l'originale et, lorsque sa propre voix s'éleva depuis cette abjecte parodie d'Ombra, elle fut accompagnée d'un son ignoble de crépitement ainsi que de ce même parfum de braise qu'elle avait déjà senti quelques minutes plus tôt.

    "J'ai perdu mon masque. J'en ai besoin, je suis bien trop laide pour être vue sans lui."

    Et la chose fit un pas en avant.
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  • Mar 6 Juin - 22:57
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    L'ombre d'un doute

    Elle contemplait son reflet imparfait comme on contemplait le vide. Un vide fascinant, qui vous happait, qui paraissait se rapprocher plus vous le fixiez. Ce genre de vide qui n'avait pas vraiment de couleurs, aucun son, juste ce sentiment d'éternité entremêlé de peur. Un vide qui donnait l'impression de vous observer d'un unique œil abyssal, sans jamais vous lâcher, transperçant totalement le corps, pourfendant l'âme, trifouillant l'esprit, se jouant de la psyché. Il ne restait alors plus beaucoup d'alternatives devant ce néant écrasant : fuir ou l'embrasser. Fallait-il être fou, fallait-il être inconscient ou alors arrogant, pour s'imaginer pouvoir lui faire face. Karsa n'aurait su dire ce que cela faisait d'elle, cependant elle savait ce qu'elle souhaitait faire devant cette copie grotesque d'elle-même sortie d'un mauvais rêve. Elle abaissa ses bras lentement, ce geste rompant alors le flux constant de brume sombre qui s'écoulait de ses mains. Comme une traînée visqueuse, le reste des ombres s'évida sur le sol, et fut aspirée par un des crabes le plus proches qui eut un petit frémissement à ce contact.

    L'aventurière bougeait ses mains légèrement, en vague, de gauche à droite, de droite à gauche, le regard toujours fixé sur son double fragmentaire. Comme d'un seul homme, les petits soldats décapodes commencèrent à se balancer de gauche à droite eux aussi, faisant claquer leurs pinces dans un son aussi imparfait qu'aléatoire. Certains d'entre eux commençaient à être plus vaporeux que d'autres, donnant une atmosphère éthérée à cette scène déjà bien mystérieuse. Les crustacés se rapprochèrent de l'ersatz de Karsa, l'entourant au plus près, pouvant presque toucher ses bottes répliquées à la perfection. Le sang du pauvre homme qu'elle venait d'assassiner froidement les tâchait, comme il tâchait les siennes. Les vraies. Car c'était elle la vraie. Pas ça. Elle continuait de la regarder, cette chose. Quelque chose s'était passée. Il y avait eu un changement. Un changement qui plaisait à l'ombra. Une sorte d'excitation vint lui titiller les viscères, son ventre se réchauffa à l'idée d'avoir pu obtenir une réaction de la créature qui semblait l'avoir pris en grippe. La tête noire ne se tournait toujours pas vers elle, ce qui provoquait des sentiments indéchiffrables chez la faiseuse. Ses sbires d'ombres s'impatientaient, faisant claquer leurs dents pour exprimer leur hâte. Où était-ce la sienne ? Après tout, n'étaient-ils pas un reflet de leur maîtresse ? Un reflet. Karsa fit un pas. Elle ôta son masque, le plaçant délicatement dans sa poche de cuir.

    "Ça ne va pas." Dit-elle sur le ton de la réprimande. Puis soudainement, elle fonça sur l'apparition caricaturale. Avec des mouvements souples, elle se retrouva derrière la créature et empoigna des deux mains la tête de ce visage qui était le sien. Elle la regarda bien dans les yeux, regardait le vide. Le vide dans ses yeux. Le néant. L'immensité du néant. Puis avec un sourire, elle lui dit d'une voix douce :

    "Ce n'est pas poli de tourner la tête à son interlocuteur." Les crustacés grouillaient maintenant entre leurs jambes à elles deux, cherchant à grimper sur celles de la fausse ombra, entrechoquant furieusement leurs pinces, attaquant le cuir élimé des chausses de l'apparition. Le charivari de leurs pinces, de leurs carapaces se heurtant entre elles résonnaient entre les falaises, se répercutait contre la pierre et se perdait en un écho discordant.

    Toujours son étrange sourire aux lèvres, prenant appui grâce à ses coudes sur les épaules de son alter ego, Karsa cala brusquement ses genoux sur les hanches de sa réplique, toujours lui tenant fermement la tête entre les mains. Suspendue ainsi à sa taille, elle lui murmura :

    "Je n'ai jamais eu honte de mon visage ma belle, jamais. À d'autres."

    Et, d'un geste sec, se hissa sur ses jambes afin de prendre de son élan, puis tourna la nuque de la créature dans un craquement sonore. Karsa lâcha alors le clone, retombant au sol avec agilité. Elle joignit ses mains, et à ce geste, les petits crustacés se mirent à s'accumuler pour recouvrir peu à peu le ménechme de la jeune femme, perdant peu à peu leur forme de décapodes, pour seulement à la fin émerger autour d'elle comme une forme grouillante et mouvante, où quelques pinces en dépassaient ou bien des pattes squelettiques en gesticulaient. Seule, la tête avait été épargnée. Sa tête qui était maintenant dans le bon sens et lui faisait enfin face.

    "Voilà. Tu es bien plus jolie comme ça." 

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  • Lun 17 Juil - 4:07
    "C'est vrai."

    Le clone ignoble avait parlé et lorsqu'il l'avait fait, trois voix distinctes s'étaient élevées ensemble. De la bouche de l'étrangeté, c'était la voix de la faiseuse qui s'était révélée et pourtant, dans le dos de l'originale, celles d'un homme et d'une femme s'étaient faites entendre. La bouche de la demoiselle se tordit alors en une ignoble grimace et son faciès tout entier sembla se déchirer, se déformant dans un cri trop long et puissant pour être celui d'une femme. La réalité toute entière parut se déformer autour de l'imprévisible métamorphe et sa silhouette si menue craqua alors, se distordant comme un branchage tout en gonflant. Dans une symphonie de craquements lugubres, la bête démoniaque tripla de volume en forçant sur le voile d'ombre dont elle avait été nappée. Dans le dos de la silhouette informe se manifestèrent difficilement des ailes gigantesques peinant à trouver leur place dans cet espace restreint. Il y eut enfin une détonation et lorsque le manteau de ténèbres céda sous la pression exercée par les membres démesurés de cet ange monstrueux, ce fut dans une explosion de plumes noires comme la nuit.

    Elles tournoyaient, formant une tornade d'encre furieuse et faisant siffler l'air tout autour de la faiseuse. Le hurlement insupportable qui assourdissait la jeune femme s'était quant à lui mué en une multitudes de croassements rauques, des chuintements longs et d'autres piaillements désordonnés. Enfin, les plumes illusoires s'immobilisèrent d'un seul coup et traversèrent littéralement la magicienne, passant derrière elle sans la blesser ni même provoquer la moindre sensation. Elles s'assemblèrent dans une spirale menée par un vent surnaturel avant de se déposer une à une sur une silhouette jusqu'à présent invisible à laquelle elles conférèrent, pièce par pièce, une structure discernable à l'œil nu.

    Sur une pierre colossale se tenait désormais la méprisable entité qui avait jugé bon de tourmenter l'esprit et le cœur de la voyageuse troublée. C'était sous une forme masculine qu'elle avait choisi de se manifester cette fois-ci mais elle n'avait d'humain que le visage. Son corps recouvert de plumage était celui d'un garçon à peine adulte et dans son dos se trouvait cette paire d'ailes énormes que la faiseuse avait brièvement aperçu sur l'enveloppe de son double cauchemardesque. Assis en tailleur, Rêve souriait tranquillement en fixant son vis-à-vis, jaugeant de ses yeux multicolores et éternellement changeants celle qui lui faisait face. De ses deux voix opposées, il s'exprima à nouveau :

    "Ta magie est terrifiante, jeune rêveuse esseulée."

    Se risquant à adopter une posture plus cordiale, le Démon s'abaissa légèrement et déplia l'une de ses jambes qu'il vint laisser se balancer devant lui. Au bout de ses pieds nus se trouvaient des serres aiguisées, ajoutant à son inhumanité évidente une dangereuse aura. Une main toute aussi griffue se tendit en avant et dans la paume de la créature étrange fut dévoilé un morceau de pain frais, ainsi que des noix et des fruits sauvages. Il était curieux d'offrir ainsi un repas après un harcèlement aussi sordide, mais le Marchand de Sable n'en était pas à une bizarrerie près. Le sourire de la bête s'élargit et lorsqu'elle découvrit ses dents trop nombreuses et luisantes, la faiseuse put sans mal découvrir qu'elles étaient noires comme l'ébène.

    "Si tu pouvais questionner l'un de tes cauchemars, que lui demanderais-tu ?"
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  • Dim 30 Juil - 21:26
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    L'ombre d'un doute


    L’aventurière fut happée par cet instant singulier. Se protégeant le visage avec son avant-bras, une bourrasque la fit reculer de quelques mètres, glissant contre le sol poussiéreux des carrières. Essayant de reprendre un équilibre, elle ne quittait pas des yeux l’endroit où se trouvait la créature. Créature ? Était-ce vraiment le bon mot pour appeler l’être qui se transformait face à elle ? Elle réalisait jusqu’au plus profond de son âme, si puis est qu’elle avait une, que quelque chose d’indicible se déroulait sous ses yeux ébahis. Une pression anormale alourdissait l’air, rendant ses membres douloureusement engourdis, ses petits soldats décapodes se dissipant en quelques fractions de seconde. Sa pupille fonctionnelle en mydriase, elle était comme hypnotisée par ce qui se passait devant elle. Cette naissance, cette apparition, cette émergence.

    C’est là qu’il apparut enfin. Majestueux, inquiétant, étrange. Des plumes flottaient autour de lui, et lorsque son regard se posa sur elle, Karsa se sentit trouvée. Abasourdie, elle lâcha involontairement sa dague, qui retomba sans un bruit, la gravité comme étouffée dans ce cocon mystique qu’il avait créé. Il se révélait enfin à elle, alors pourquoi avait-elle l’impression que c’était elle qui lui révélait tout. Il savait. Il avait vu. Il voyait en ce moment même. Il avait su, et saura ensuite. Un cycle infini se mit à éclore en son sein, et l’ombra, pressentant une sensation plus grande qu’elle, pose à un genou à terre, en guise de respect envers cette apparition qui relevait presque du divin. La jeune femme, guidée par une force inconnue, retira doucement son masque, afin de pouvoir contempler celui qui se tenait au-dessus d’elle. Elle était traversée par une myriade de sentiments, aussi complexes que différents. Comme perdue, elle posa une main à terre, et enserra dans sa paume une poignée de terre, comme pour se raccrocher à quelque chose. Quelque chose qu’elle connaissait, quelque chose de rassurant.

    Il s’adressa enfin à elle, louant son pouvoir. “Jeune rêveuse esseulée.” “Esseulée”. “Seule”. Les mots tournoyaient dans sa tête, se cognant contre sa boîte crânienne meurtrie par cet Inconnu, soulevant les croyances de l’ombra, qu’elle pensait pourtant bien ancrées en elle. Lasse, elle pouvait sentir son corps se détendre enfin, l’adrénaline faisant place à une fatigue assassine, assiégeant son physique et son mental, refroidissement ses extrémités. Elle souhaitait pourtant continuer à nager dans les yeux aux mille couleurs de l'Être. Elle voulait continuer de s’y perdre, de sentir ses émois indescriptibles qui la faisaient sentir si faillible. Malheureusement, trop exténuée, son corps ne l’écoutait plus et s’affaissa lentement, comme au ralenti, son dos s’étalant contre le sol tiède. Les bras légèrement écartés, les jambes de même, la tête vers le rocher où Il se tenait, impassible. Karsa battit plusieurs fois des cils, les paupières lourdes. Elle avait toujours sa poignée de terre bien au chaud au creux de sa main. Elle pouvait toujours le voir, mais à l’envers. Il n’en restait pas moins impressionnant, et la jeune femme continuait de l’admirer, mue d’une sorte de fascination indescriptible pour cette existence. La femme se sentait comme hors du temps, se situant nulle part et partout à la fois mais toujours avec lui

    Une éternité s’écoula, une seconde s’écoula. Il s’adressa une nouvelle fois à elle. Une émotion monta en elle, sa respiration se fit plus régulière. Il allait lui poser une question. Quelle était-elle ? Qu’allait-elle répondre ? Quelle en serait l’issue ? Fixant toujours de son regard mauve l’Existence, Karsa attendait patiemment. Puis, Il termina sa phrase. Karsa sentit une tristesse presque nostalgique à l’énonciation de cette interrogation singulière. 

    Elle remit sa tête droite, rompant ainsi le contact visuel avec l'Être. Elle regardait le ciel, mais ne pouvait en dire la couleur. Quelle heure était-il ? Où se trouvait-elle déjà ? La jeune femme prit une inspiration. Elle fouillait dans sa mémoire. Puis, d’une voix mélancolique, elle répondit enfin.  

    "Ces derniers temps… Je ne rêve plus du tout..."

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  • Sam 12 Aoû - 21:38



    "En es-tu bien sûre ?"

    A la fois mélodieuse et dissonante, la voix dédoublée de l'ange corrompu laissait transparaitre, par le son et le ton, un soupçon de malice. De toute évidence, malgré ses millénaires d'existence, il n'avait pas cessé de renouveler son si grand intérêt pour l'esprit des mortels. Celle-ci était sage, peut être plus encore que sa fidèle Capella, qui lui avait offert son cœur lors d'une nuit sans lune. Faite de la plus pure noirceur, cette jeune ensorceleuse avait tout pour plaire à l'ambitieux Démon qui l'observait avec autant de passion que de gourmandise. Un sourire aux lèvres, la silhouette confuse du jeune homme se dématérialisa un court instant, disparaissant de son perchoir tout en laissant tomber le pain et les fruits pour réapparaitre debout, moins d'un mètre plus loin. Foulant la terre de ses serres affutées, il fit un pas en avant et vint joindre ses mains au plumage obscur dans son dos.

    "Il y a en ce monde... et en tant d'autres d'ailleurs... des êtres qui ne rêvent plus, mais tu n'es pas des leurs."

    A chaque interruption, le Voyageur agrémentait son discours d'un furtif claquement de langue. Sous le corps affaibli de la faiseuse, les brins d'herbe eux-mêmes semblaient alors se plier à sa volonté dans une douce impulsion, altérant le vent selon ses désirs. Qu'y avait-il, dans ce plateau dénué de tout repère et du moindre ancrage avec le monde réel, qui n'était pas issu d'un rêve ? Que pouvait-elle décemment considérer comme acquis ? Depuis combien de temps était-elle entre les mains de cet illusionniste plus ancien encore que son propre univers ?

    Aussi silencieux dans son avancée qu'il était élégant, le jeune homme à l'incertaine apparence laissa ses cheveux se métamorphoser en plumes longues et étincelantes qui dansaient telles des algues portées par les courants marins. Son visage, trop singulièrement beau pour être humain, semblait lui aussi se remodeler perpétuellement, adoptant d'innombrables formes toutes aussi avenantes mais infiniment différentes les unes des autres.

    "Les morts ne rêvent plus, ma douce. Ton esprit vit, même au cœur d'un océan de doutes, tu es donc encore de ceux et celles qui nourrissent chaque jour la grandeur de mon infini domaine."

    Dans un infime frémissement, comme s'il avait marché jusqu'à elle sans peser guère plus lourd qu'une simple plume, le Marchand de Sable planta ses griffes dans le sol et s'accroupit tout doucement aux côtés de la magicienne. Lentement, il exposa l'une de ses mains et vint entrelacer ses doigts entre ceux de l'étrangère, la lui serrant comme s'il tentait de la réconforter. Les pupilles du Démon se dilatèrent subitement, dévorant toutes les couleurs chatoyantes qui parsemaient ses yeux pour former d'autres motifs hypnotiques, ce dans un cycle infini de formes circulaires qui s'entredévoraient. Il découvrit des images, des souvenirs, des idées et ce qu'il vit vint partiellement satisfaire son éternelle curiosité. Elle n'en avait aucune idée, mais ce n'était pas la première fois qu'il s'était autorisé une telle intrusion dans ses pensées.

    Les yeux perdus dans le vide, il lui dit :

    "Es-tu convaincue de ne pas avoir rêvé, aujourd'hui ?"

    Son sourire s'élargit, mais ne parut ni malveillant ni même moqueur. Les yeux plissés en une innocente risette, le Voyageur se contenta de pointer du doigt l'emplacement du cadavre de son défunt client. En observant attentivement la silhouette difficilement lisible du corps retourné, on en venait rapidement à remettre en question sa forme. Plus la faiseuse s'y focalisait et moins ce qu'elle apercevait n'avait de sens. A bien y songer, s'agissait-il vraiment d'un cadavre ? N'était-ce pas juste une pile de rochers, d'herbe et de paille, que surmontait un tissu brun coincé là par le vent hurlant ?

    "Te souviens-tu seulement de son nom, aventurière ?"
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  • Mer 23 Aoû - 22:45
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    L'ombre d'un doute

    Karsa était bercée par la voix de l'Apparition. Dodelinant de la tête, elle fixait à présent le ciel, qui apparaissait avoir pris les couleurs des iris de l'Être. Elle crut voir des aurores boréales se peindre, flottant dans les cieux et y laisser en parcimonie leur palette polychrome. Des étoiles se dessinèrent, scintillant d'une lueur héliotrope, se mouvant avec grâce et légèreté. La terre meuble emprisonnée dans la paume de l'aventurière parue se réchauffer au creux de sa main, s'étendant onde par onde, remontant jusqu'à son bras, puis son épaule, pour enfin envahir tout son corps. Elle pouvait entendre son cœur battre. Où était-ce réellement le sien ? Hypnotisée, elle respirait lentement, sa poitrine se soulevant au rythme de ses faibles inspirations. L'aventurière ne sentait rien. C'était curieux. Aucune odeur ne lui parvenait. L'odeur du sang qu'elle avait cru respiré plus tôt, le parfum du sable réchauffé par le soleil. Pas même celle de l'air. Autour d'eux, tout était silencieux, tout était bruyant. Rien ne bougeait, mais le monde ne s'arrêtait plus de gesticuler. Privée de ces sens, Karsa se raccrochait à ce ciel. Ce ciel sublime, qui allait l'avaler à tout moment. Ce ciel, qui la regardait comme lui, la regardait. Les herbes sèches sur lesquelles la faiseuse s'était allongée l'entouraient presque, lui caressaient les mains, le visage, les cheveux, les jambes animées d'une conscience propre, valsant comme des algues au fond d'un abysse. La jeune femme se demandait si elle n'allait pas s'endormir, ainsi cajolée par une force mystérieuse. Où allait-elle mourir ? Peut-être était-ce enfin la Mort venue récupérer son âme. L'ombra guettait un signe. 

    Il y eut enfin un son. Le murmure des ailes de l'Existence, qui s'élargissèrent toujours plus immenses, toujours plus noires. Il s'approchait d'elle, avec cette aura indéfinissable, qui soulevait l'air autour d'elle et la tordait en sa propre réalité. Qu'est-ce qui était réel à présent ? Ayant clos ses paupières, subjuguée, elle se concentrait à présent uniquement sur la voix de la Manifestation ailée. Elle comprit qu'il s'approchait d'elle. Alors, elle ne bougea pas d'un cil. Son être entier était aux aguets. Son corps se raidit, son visage se fit plus dur. Elle crut reconnaître une sensation poindre dans son ventre. Elle avait peur. Une appréhension cinglante la saisissait, enserrant son cœur d'une main meurtrière, se frayant un chemin dans les tréfonds de son pauvre cerveau. Son souffle s'accélèra. L'ombra sentit l'Être se placer tout près d'elle. Si près. Tout près. 

    L'Existence lui prit alors la main. 

    En un instant, l'Apparition fit tout disparaître. La peur, la tension, la rage, l'errance. Karsa ouvrit subitement les yeux. Elle tourna légèrement la tête vers l'endroit où devait gésir son client. Un client. Ce client. Si, oui le client. Son nom. Il a un nom. Il faut qu'il en ait un. Un nom pour exister. Pour qu'il existe. La forme du cadavre ne faisait que se déformer, et la jeune femme essayait de se concentrer dessus. Alors qu'elle plissait les yeux pour mieux arriver à distinguer si oui ou non, il y avait là la preuve de son œuvre macabre, elle prit conscience d'une chose. Alors, elle entreprit de se relever. Elle referma ses doigts sur la main de l'Être. Elle pouvait le sentir, le toucher. Lui, était réel. Cette simple pensée fit monter une larme à l'œil valide de la faiseuse. Elle se releva souplement, se mettant sur les genoux, ses jambes repliées sous elle, face à celui qui lui créait un tout nouveau rêve. Karsa plongea son regard dans celui augural du Rêve. 

    - Je ne suis convaincue que d'une chose. C'est que ma destinée est maintenant liée à la tienne. Peu me chaut si un bougre y perdit la vie, si c'est ce qu'il en coûte pour te servir. La faiseuse souriait, irradiant d'une foi sans faille. 

    Et à ces mots, elle tendit doucement sa main vacante invitant alors le Rêve à la lui serrer également. 

    - Mes rêves sont fades, et bien ordinaires, mais je te les donne. Et tous ceux qui viendront ensuite.


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  • Lun 28 Aoû - 13:13
    Caressant de son pouce griffue le dos de la main de la jeune rêveuse qu'il avait épié si longtemps avant de daigner se révéler enfin à elle, le Prince ne put réprimer une risette amusée lorsque la jeune aventurière lui offrit avec toute la volonté et la ferveur du monde sa servitude entière. Les serres de la bête onirique allèrent chercher les doigts effilés de l'autre main de la pâle étrangère, la serrant doucement tout en l'élevant et conférant ainsi à ce contact un aspect curieusement cérémonieux. Il y eut un long silence durant lequel le vent murmura à l'oreille du Voyageur des choses et d'autres et ce ne fut qu'après le passage d'une intense bourrasque que la chimère reprit, son sempiternel sourire aux lèvres :

    "Fade ? Comment oses-tu te déprécier de la sorte, ma splendide amie ?"

    S'il y avait dans les propos du Marchand de Sable un évident contraste, c'était également dans le ton de ses voix que l'on percevait la dissonance de ses mots. La plus féminine semblait se montrer chaleureuse et bienveillante tandis que l'autre, plus grave et rocailleuse, paraissait autoritaire au point d'en devenir froidement cruelle. Le discours curieux était pourtant sans équivoque car, par cette étrange appellation, la créature fantasmagorique semblait avoir admis dans ses rangs la faiseuse. Nulle promesse, pas la moindre parole en l'air, si peu de fioritures pour une décision pourtant si importante.

    Les engeances démoniaques étaient toutes enveloppées d'insondables mystères mais il était admis, chez les Hommes à ailleurs, qu'offrir ainsi son âme à l'une de ces bêtes constituait un risque absolument  démesuré. L'étrangère n'avait connu qu'un infime filament de cette toile cauchemardesque qu'avait pondu l'étrangeté en sondant son esprit et pourtant, cet aperçu semblait lui avoir suffi pour concevoir la puissance insoupçonnée du maître illusionniste et des mille facettes de son royaume. D'aucuns l'auraient jugée inconsciente de vouer ainsi allégeance à celui qui pourtant n'incarnait que l'absence de toute chose réelle au profit du symbolique et de l'abstrait mais le Prince lui, savait reconnaître les plus beaux joyaux lorsqu'il les voyait.

    Son regard plongé dans celui de la jeune femme, il pesa un instant le poids des mots de cette dernière. Elle disait être prête à sacrifier la vie d'autrui en son nom et avait déjà fait preuve de cette sauvagerie lorsqu'elle avait froidement exécuté ce supposé client qui avait placé sa confiance en elle. En observant l'emplacement de la dépouille de ce dernier, Rêve venait lui-même à douter de l'existence de cet individu. Le Démon l'avait-il créé pour elle, ou avait-il été réel un jour ? Cela n'avait que peu d'importance. La seule qui comptait à ses yeux aujourd'hui se trouvait face à lui et tenait ses mains avec ardeur, après tout.

    "Ta fidélité m'honore, rêveuse. Je ne souhaite qu'enfanter un monde où chaque Homme détiendra ta sagesse et ton inébranlable foi."

    Son amour débordant et sa profonde reconnaissance se manifestèrent silencieusement par une larme d'encre qui s'écoula sur sa joue, reflétant ainsi celle qui lui faisait face dans ce moment mystique où la réalité n'était plus qu'un abstrait concept. Il relâcha les mains de celle qui l'accompagnait puis tendit une griffe vers sa propre paume, qu'il perfora sans mal d'un simple coup de serre avant d'en extraire un mince filet de son sang si unique en son genre. Dévoilant ses crocs en un sourire plein d'envie, il poussa alors un cri étrange qui sembla être celui d'une centaine d'oiseaux hurlant en cœur. Le son mystérieux se perdit en échos et quelques instants plus tard, les silhouettes lointaines de volatiles divers apparurent par delà l'horizon.

    Tandis qu'approchaient à tire d'aile les témoins de son pacte, Rêve trempa sa griffe dans le sang multicolore qui maculait son stigmate réouvert et vint alors apposer cet index crochu sur le front de la demoiselle enfin démasquée, pour dessiner alors sur sa peau l'étrange motif démoniaque qu'il réalisait parfois sans en comprendre tout à fait la signification, mais auquel il se savait lié pourtant. Rêve était et resterait à jamais une bête d'instinct et n'avait pas tendance à remettre en question ce que lui dictaient ce type d'impressions.

    "Je t'ai choisie, mon enfant."

    Ce n'était pas sans raison, après tout, qu'il avait épié ses faits et gestes avec tant d'insistance durant les quelques jours qui avaient précédé cette formidable rencontre. Des oiseaux plus pressés que d'autres se posèrent enfin sur le plateau désolé, piaillant et chantant tandis qu'ils se murmuraient des secrets inaudibles par le commun des mortels. Rêve gratifia certains visages connus d'une silencieuse salutation et lorsqu'il fut entouré enfin de cette centaine d'amis, il reprit son discours :

    "Tu seras une prêtresse. Deviens ma voix, maitresse des ombres. Sois en Shoumeï celle qui porte notre message à ceux que la solitude écrase, fais renaître les rêves de ceux qui perdent espoir. Vogue au gré de tes envies, fie toi à ce que te dicte ton cœur et fais entendre raison à ceux qui ne peuvent voir notre vérité par eux-même."

    Tandis que s'écoulait sur le front de la magicienne de fines gouttelettes aux reflets extraordinaires, Rêve porta ses serres jusqu'aux joues et lui fit une promesse :

    "Tu as jusqu'aujourd'hui tout ignoré de ma présence, mais sache que j'ai toujours été à tes côtés. Ne cesse jamais de douter de la véracité de ce qui t'entoure, ne te fie plus jamais à ton simple regard mais sois sûre d'une seule chose cependant : mon amour pour toi est indéfectible. Où que tu ailles, je serai à tes côtés."

    Comme s'il avait été compris par l'assemblée toute entière, son cri du cœur se réverbéra en une infinité de piaillements de provenances trop nombreuses pour être décomptées. La faiseuse n'était plus seule, elle était aimée.
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  • Ven 15 Déc - 19:19

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    L'ombre d'un doute


    Les yeux de la faiseuse s’écarquillèrent et sa véritable nature se dévoila peu à peu devant l’Apparition. Ne maîtrisant plus son propre organisme, son corps se mit à trembler, pris de légers spasmes. Une vapeur sombre vint noircir entièrement ses yeux, de la pupille à la sclérotique Sa peau s’assombrit pour se dévoiler en une teinte d’encre mouvante, ses cheveux se mirent à flotter dans le mouvement des plumes de l’Existence. Étrangement, seul son visage resta couleur porcelaine. Des larmes de jais s’écoulèrent le long de ses joues, laissant des traces noirâtres grossières sur sa peau abîmée. 

    Elle pouvait sentir que quelque chose allait se passer. Il y eut un moment où l’ombra prit peur. elle avait peur de ce quelque chose. Elle doutait. Ce doute s’instilla en elle méchamment, comme un venin fatal remontant en traînée glacée dans ses veines.  


    Puis, au moment où Il lui annonçait qu’Il l’avait choisi, sa tête fut rejetée violemment en arrière. Elle suffoqua et chercha son souffle. Ses yeux semblaient se révulser, et une migraine affreuse vint lui percuter le crâne. Karsa essayait de ne pas regarder. Elle ne devait pas. La peur s’empara d’elle et sa bouche s’entrouvrit douloureusement. Le ciel se déformait en une spirale infinie. Prise de panique, elle perdit l’équilibre et de ses deux mains crispées, elle s’agrippa fermement à son nouveau Souverain. 

    Elle essayait de résister à cette présence qui fouillait son cerveau, qui se repaissait de ses angoisses, de ses souvenirs, de ses cauchemars. Elle raffermit sa prise et tenta de se redresser mais une force inouïe l’en empêchait. Elle allait mourir. cette douleur était incommensurable. Elle ne pourrait pas y échapper. Karsa ne remarqua qu’elle pleurait à chaudes larmes, ses larmes sombres ruisselant de chaque côté de son visage contri. Elle crut succomber.


    Il y eut alors un éclat, un bruit blanc extraordinaire. La peur s’apaisa. Le doute disparut. Mais pas la douleur. Non la douleur, elle s’implantant plus profondément en elle. Et avec cette douleur, une conviction féroce. Le Rêve se mit alors à parler. Comme possédée, l’ombra se mit à répéter après le démon, avec une force presque belliqueuse. 


    Je serais ta prêtresse, Je serais tes yeux pour leur rendre la vue, je  deviendrais ta voix pour élever la leur, je porterais ton message à travers cette terre qu’est Shoumeï, par la force des Ombres. Je ferais renaître l’Espoir aux miséreux, aux esseulés, aux égarés, je ferais renaître leurs rêves. Je serais porteuse de Vérité pour ceux qui seront dignes de l’entendre.” 


    Au fur et à mesure de cette litanie, sa voix s'amplifiait, et sa migraine se faisait de plus en plus aiguë, de plus en plus violente. Elle avait la sensation que son crâne allait se fendre en deux, et pourtant elle continuait de proclamer : 


    Gare aux ignorants qui penseront détenir le Savoir, car le Rêve, l’Éternel, ne fait rien sans avoir révélé son secret à ses serviteurs ! Ils sauront que l’Eternel parle à ses serviteurs par l’intermédiaire de sa prêtresse. Le cœur rempli de gratitude, les fidèles de Shoumei chanteront : « Souverain, merci pour ton message qui nous guidera ces derniers jours !


    La voix de la faiseuse était méconnaissable. Sa bouche se tordit en un hurlement silencieux et son dos s'arqua de plus belle. Ses paroles résonnèrent en échos impérieux et inquiétants. Karsa laissa cette force colossale se déverser en elle et elle lâcha prise. Elle put enfin se redresser, cependant elle sentait ses dernières forces l’abandonner. Alors elle se raccrocha à Celui qui guiderait à présent son être tout entier et fit basculer sa tête douloureuse contre Celui qui était à présent son Dieu. 


    “Je…serais ta…Prêtresse” répéta-t-elle dans un souffle désespéré et elle se recroquevilla comme un enfant. 



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    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1076-reve-le-voyageur-termine
  • Dim 17 Déc - 12:52
    Les mots lourds de sens éveillaient la prédatrice arrogance de la créature fantasmée. A chaque phrase scandée par la jeune prêtresse des ombres, le Rêve quant à lui réagissait en déployant toujours un peu plus ses ailes qu'on eut dites tissées dans un voile ténébreux. La ferveur de la demoiselle à laquelle il avait conféré le but d'une existence le nourrissait, lui conférant une foi inébranlable en lui-même ainsi qu'en ses convictions nouvelles. Pour elle et pour ses autres amis, il deviendrait cette divinité dont ils avaient tous tant besoin. Le Voyageur sentait en lui s'écouler un afflux de puissance que lui attribuait cette force dépassant tout entendement.

    Ni lui ni celle qui chantait ses louanges ne semblaient percevoir les changements que subissaient l'engeance démoniaque. A mesure que le discours fantasmé par la demoiselle devenait réalité, Rêve paraissait croître à vue d'œil, s'allongeant pour adopter peu à peu la silhouette des entités draconiques que l'on pensait issues de contes et légendes. La voix de la faiseuse devenue émissaire s'affaiblit un peu, tout comme son emprise sur le col de son protecteur désormais recouvert de plumes d'ébènes. Les piaillements des volatiles s'étaient faits féroces, évocateurs d'une véritable révolution. Ceux que l'incertitude dévorait lentement s'extirperaient des ténèbres pour alimenter les aspirations des plus valeureux rêveurs.

    "A l'aube de notre nouveau Monde, tu prononceras les premiers mots."

    Les forces de la femme exaltée l'abandonnèrent peu à peu, comme si tout son pouvoir avait été mis de force entre les serres de la chimérique créature. Le Voyageur n'abandonnait jamais ceux qui acceptaient d'effectuer le plus grand saut en sa compagnie et ce fut donc tout naturellement qu'il lui offrit cette main salvatrice dont elle avait tant besoin. Les mains titanesques de Rêve vinrent épouser la silhouette frêle de sa fiévreuse amie, se glissant sous ses jambes pour venir la supporter puis, avec le ménagement et la douceur d'un père portant son enfant, il vint soulever cette dernière pour la ramener contre lui.

    Fier, immense et digne, il arborait désormais l'apparence que les forces régissant l'univers avaient bâti pour lui. Son manteau de plumes s'était saturé d'un million d'étoiles scintillantes qui berçaient de leur lueur fantastique la prêtresse qui plus jamais ne serait en proie à la solitude. Les oiseaux constituant son assemblée s'envolèrent les uns après les autres et vinrent décrire au dessus de lui un cercle parfait dans un ballet semblable à une véritable tornade tandis que leurs cris se synchronisaient, donnant naissance prestement à un chant aussi glorieux qu'inquiétant. Les ailes du géant obscur, telles deux voiles mollement agitées par un vent timide, vinrent subitement fouetter l'air et projetèrent en hauteur la silhouette massive de l'engeance démoniaque ainsi que sa protégée.

    Avec une affection que l'on devinait débordante, l'œil luisant de Rêve se posa sur le faciès aux traits tirés de Karsa. L'ouragan d'émotions qui l'avaient traversée s'était accompagné d'une souffrance qu'il estimait bien peu nécessaire et ce fut donc par amour qu'il offrit à la vaillante maîtresse des ombres le calme auquel elle aspirait légitimement. Une brume violacée quitta le bec entrouvert de la bête plurimillénaire et lorsqu'elle atteignit le visage de la jeune ombra, cette dernière put sentir une foule de parfums la ramenant à sa propre génèse. Les muscles se détendirent, les paupières frémissantes cessèrent de s'agiter et son corps, bien vite, fut ramené à la paix. L'une des mains de Rêve chassa quelques mèches noires du visage de la prêtresse, puis la paume de sa dextre épousa l'arrière de son crâne et la magie de l'Errant fit son office alors que ses voix dissonantes se faisaient mélodieuses :

    "Vois aujourd'hui ce que nous serons demain. Dors, ma tendre enfant."

    Il lui fit le cadeau d'une somptueuse illusion, un rêve à la hauteur de ses plus grands espoirs. Alors que des ombres entreprenaient leur folle danse derrière le rideau des paupières de sa plus fervente fidèle, Rêve sentit son propre cœur s'emplir d'une joie enivrante et se propulsa en hauteur pour rejoindre la ronde des oiseaux.

    Lorsqu'ils frôlèrent ensemble les nuages grondants, ils disparurent pour ne laisser derrière eux qu'un silence mortuaire.
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