- Qu'il en soit ainsi, ma plume saura retrouver votre boite aux lettres... si mes bottes n'atteignent pas votre palier d'abord bien entendu, qui sait où mes pas m'auront menée d'ici là ? Peut-être que j'entreprendrai la route vers les côtes orientales, peut-être que je serai perdue entre deux sapins au nord de Courage, peut-être que je serai à bord d'un navire voguant vers le large... Peut-être que je serai à deux pas d'ici.

En effet, sans objectif précis, il lui était impossible de connaître sa prochaine destination. Elle irait là où le vent déciderait de souffler, jusqu'à ce le monde flétrisse ou que sa lumière ne s'éteigne. Mais c'était une quête solitaire, alors pourquoi accepter de s'enticher d'une partenaire ? Maria était insistante, ça la lumina ne pouvait pas le lui enlever, mais pourquoi elle plutôt qu'une autre si elle devait accepter de la compagnie ? Peut-être que la conviction d'Iris n'était pas inébranlable après tout et qu'elle avait encore un faible inavoué pour les âmes de Sekaï, ou alors elle refusait simplement de froisser quelqu'un d'aussi enjoué que Maria. Et puis bon, ce n'est pas comme si elle allait me suivre perpétuellement, elle se détournera sans doute au profit d'une lubie nouvelle.

- Une politicienne ? Iris n'avait jamais caressé cette idée. Et pourtant ça avait du sens, si un lumina avait pour but d'aider les gens comme elle l'avait fait naguère, pourquoi ne pas se tourner vers les sphères gouvernementales ? Iris avait toujours été proche du peuple mais elle l'était littéralement, elle prodiguait réconfort et espoir aux petites gens tout en faisant partie de leur monde, mais cette même proximité était ce qui avait autant limité sa portée. Dans une autre vie, avec une autre famille, peut-être qu'elle aussi aurait aspiré à diriger un peuple... jusqu'à ce qu'une force injuste et cruelle ne vienne le balayer sans autre provocation qu'un grief vieux de cinq mille ans. Une force contre laquelle elle n'avait rien pu faire, malgré le pouvoir au creux de sa main elle avait été impuissante à sauver ne serait-ce qu'une fraction de ces gens dont le seul péché avait été de se trouver à l'ouest du monde quand la calamité avait frappé.

Les Titans avaient été défaits mais ils existaient toujours. Et si cette politicienne n'était qu'une Iris en devenir, une âme qui n'avait fait qu'éviter le pire en se cachant derrière la force militaire du Reike, jusqu'où allait sa motivation à élever la République ? Son attache à cette nation était-elle réellement aussi fondée qu'elle ne le croyait ou est-ce qu'elle se berçait d'illusions qui finiraient par voler en éclats lors du prochain cataclysme qui finirait par survenir ? Les énigmes étaient nombreuses et Iris se devait au moins de la mettre en garde. La longévité était un fardeau pesant pour quiconque s'entourait de mortels, bien plus pesant que ce que l'on pouvait imaginer. Encore fallait-il pouvoir la rencontrer, raison de plus de ne pas tomber en disgrâce auprès de Maria

- Je dois admettre que je suis piètrement informée en ce qui concerne la politique républicaine. Je dois ma citoyenneté à dame Mirelda mais au-delà de ça je n'y ai jamais vraiment prêté attention. Les maigres bribes dont je dispose viennent de commentaires peu ragoûtants de mes nombreux collègues et mentors. Tout de même... Il est possible qu'une telle rencontre soit un événement digne de contes, il serait malavisé pour moi de ne pas y mettre un minimum de formes.

Prise d'une nouvelle résolution, elle se remit sur pieds et attrapa fermement sa valise tandis qu'une bouffée d'air se soulevait du sol. Ce court répit au lac Rebirth avait été plus que singulier mais il était grand temps qu'il se termine et elle allait avoir fort à faire dans les jours à venir si tout se déroulait comme prévu. - Je pense pouvoir vous offrir un avant-goût de ce qui vous attend. D'une façon quelque peu théâtrale, elle effectua une courbette avant d'envoyer sa main libre au loin. - Ma route n'a jamais de fin, tout comme le vent elle continue jusqu'à l'horizon. Suivez mes pas et vous pourrez vous aussi goûter à un zeste de ce pèlerinage. Suivez ces pas et laissez Iris Volenthyl vous montrer une fraction de ce monde avant que votre cœur ne soit confié à un autre.

Puis elle rejeta les mèches qui cascadaient sur ses épaules avant de se racler la gorge et d'enchaîner. - Pardon, je me suis un peu emportée, l'art de la scène a été gravé en moi au cours des ans. Plus sérieusement, si vous avez un peu de temps libre à me consacrer, vous pouvez m'accompagner quelques temps le long du rivage. Si je ne m'abuse, vous risquez bientôt d'être assez occupée, c'est le moment de profiter une dernière fois du paysage avant de rentrer. J'en profiterai pour vous narrer mes aventures et vous pourrez me parler un peu de votre amie.
CENDRES