« Hum... Et pourquoi ne pas se retrouver demain pour répéter un peu avant le véritable concert ? »
« C’est une bonne idée. » avait admis la fae. « Votre spontanéité fait tout votre charme à mon sens mais si nous pouvions nous accorder sur les bases au moins cela rendra la prestation plus profonde et l’idée de passer plus de temps en votre compagnie me ravie. »

Brosser la musicienne dans le sens du poil était un réflexe extrêmement facile. Les mots franchissent les lèvres de la cantatrice sans qu’elle ne prenne le temps de les peser un instant. Mentir était une seconde nature chez cette ancienne fille des rues. S’adapter aux autres, savoir ce qui leur faisait plaisir, comment les pousser au-delà de ce qu’ils se pensent capables et les manipuler comme des pantins de bois de quelques gestes élégants pour agiter leurs fils… Allys ne connaissait que ça. Pas un pincement de remords ne viendrait à étreindre son cœur face à la douce naïveté de Maria. Il n’y avait rien de mal à cela puisque la musicienne le faisait de bon cœur, de toute manière.

Un sourire plus tard et la voilà qui suivait sa camarade dans un bruissement léger de tissu. Contrairement à Maria, qui s’était pour ainsi dire précipitée vers la fontaine pour se présenter à la hâte à Halewyn, la fae avait pris le temps de remettre ses lourds jupons en place après s’être relevée. Elle s’était ensuite dirigée à son tour vers l’homme élégant, lui offrant une légère courbette en guise de salutation.

Le rouquin était une énigme à lui tout seul. Contrairement aux autres hommes que la jeune femme avait rencontré dans sa vie, il se dégageait de lui quelque chose de mystique. Était-ce dû à ses traits délicats mais pourtant charmants ? Allys n’y était pas particulièrement sensible, même si elle savait apprécier la beauté, mais ce n’était pas étonnant que Maria ait été fascinée par sa prestance.

Des paroles élégantes leur furent alors adressées et par enchantement deux chaises apparurent sous les yeux surpris des deux jeunes femmes. Ainsi Halewyn était un magicien… Cela expliquait la danse enchantée. C’était grâce à lui. Finalement ce n’était pas une perte de temps que d’avoir accompagné la musicienne. Cette personne était intéressante, à n’en pas douter, et la blonde ne se gêna pas pour le lui faire comprendre.

« Élégant, attentionné et charmant… Vous êtes un ravissement messire Sampiero. Je vous remercie, c'est une délicate attention de votre part. »

Elle lui adressa son plus beau sourire, s’installant sur la chaise portée à son intention. Si la jeune musicienne n’osait pas aller au fond des choses, Allys voyait cette rencontre comme une opportunité et ne comprenait pas pourquoi celle-ci, qui tenait tant à parler avec lui, se montrait aussi peu bavarde finalement. Maria était-elle gênée, intimidée ? Elle avait bien tenté de plaisanter tantôt mais pourtant sa comparse restait vague dans ses demandes.

« C’était vous, cette illusion fleurie, au bal ? » questionne la fae, mettant les pieds dans le plat sans détours.

CENDRES