Khalez vole. Littéralement. Après avoir été enserré comme une furie par une puissante racine contrôlée par Akhos, voilà qu’il est comme un oiseau qui parcourt les airs. Les branchages le déchirent, évidemment, et la chute est plutôt rude, même si celle-ci est amortie par un buisson. Est-ce un avantage que l’orc soit particulièrement protégé de la douleur physique ? Peut-être pas. Car le guerrier ne se rend pas réellement compte de la gravité de ses blessures. Il a bien quelques côtes cassées, oui, mais s’il inspectait plus son corps, il se rendrait compte que les blessures infligées par l’onde de choc, les brûlures causées par la lave, et les dégâts créés par la sorcière ont déclenché une hémorragie interne. Si celle-ci n’est pas rapidement endiguée, les dommages pourraient être irréversibles. Mais la première chose dont se soucie Khalez, ce n’est pas sa santé, non. C’est son anonymat. Puisque son masque est cassé, l’homme préfère recouvrir sa tête d’un tissu, et comble de son égarement, il décide ne pas retrouver ses compagnons d’infortune. Xera aurait pourtant pu le soigner. Tadlos aurait pu faire avec lui le point sur leur mission. Il se détourne cependant d’eux pour quitter la zone du carnage. C’est avec grand-peine qu’il rejoint leur lieu d’arrivée, et le nain est déjà sur place quand le combattant arrive sur place. A sa vue, le nain écarquille les yeux, saute ses pieds, et vient l’aider à monter sur la carriole malgré sa petite taille. Le bougre a bien des questions à poser, mais l’officier est peu loquace. Il faut dire que l’orc est pris par une étrange somnolence, comme si son corps réclamait du repos. Voyant ses blessures, le nain décide de lui apposer des bandages, en espérant qu’entretemps ses camarades arrivent sur place. Mais ils ne viennent pas. Et la santé de Khalez se détériore visiblement de plus en plus. Que faire, que faire ? C’est l’arrivée d’un garde-forestier qui lui apportera sa réponse. Les gardiens de la réserve faunique ne peuvent pas ignorer l’apparition d’un incendie si flagrant au sein de la forêt, et si tôt que la fumée s’est élevée dans les cieux, l’administration sur place a contacté télépathiquement plusieurs de ses agents afin d’aller lutter contre les flammes. C’est là, dit le garde, qu’ils ont repéré deux individus : Xera et un chevalier, qui comptent apparemment rester quelques temps sur place. Autant donc s’en aller avec l’orc restant, car de tous ceux présents, c’est bien lui qui est le plus amoché. L’employé de la Réserve jette même un regard critique sur l’homme à la peau verte, et enjoint son guide de le dépêcher jusqu’à Magic pour qu’on soigne ses blessures. Il ne pourra survivre longtemps dans un tel état, lui déclare-t-il. Il a été l’objet d’un écrasement thoracique, et ce n’est pas seulement ses côtes qui sont brisées : il y a un réel risque d’œdème, qui soit fatal pour le vif guerrier.

Le nain part donc sans la Fae et la Liche. Mais qu’importe. Ceux-ci seront bien sûr pris en charge par l’administration de la Réserve. Quand les gardes-chasse et les gardes forestiers arrivent d’ailleurs sur place, ils découvrent la belle herboriste qui tournoie sur elle-même afin d’endiguer l’incendie. Il n’en faut rien de moins pour qu’ils ne s’unissent à ses efforts. Au bout de quelques longues heures épuisantes, le feu est totalement brisé et seule la terre calcinée et les arbres brûlés attestent encore de l’élan destructeur de la lave.

Les deux protagonistes restants devront bien sûr expliquer tout ce qu’il s’est passé. L’idée d’interroger les animaux est d’ailleurs une bonne idée, quoique la faune évite clairement la zone ravagée dans un premier temps. Néanmoins, les langues se délient et la campagnarde apprend dès lors que les animaux apprécient quelque peu la Reine de Trèfle. Aucun n’a souffert en sa présence, juste ces vils humains qui les chassait pour leur peau et leurs fourrures, sans se soucier de leurs petits qui grandissaient dans leurs ventres. C’est donc tout naturellement que les créatures de la forêt se sont partiellement rangées du camp de la sorcière. Et cela explique dès lors comment elle a su dresser si rapidement son empire face aux braconniers de la région. Si elle avait des alliés dans les créatures du Sekai, comment pouvaient-ils lui échapper ? En revanche, aucune bête n’a jamais vu la Dame sortir de la maison. Elle était donc bel et bien retenue prisonnière dans les sous-sols que vous avez découverts et les murs ensanglantés, voir les restes de squelettes que vous trouverez à l’arrière de votre domaine montre bien qu’Akhos a toujours été particulièrement cruelle envers ses détenus.

Tadlos aura également le bon sens d’utiliser le pouvoir de transe afin d’y découvrir quelques secrets du passé. Ils ne peut entendre les paroles qui se sont échangées, mais il arrive à voir la sorcière parler à la Présidente de Magic, sans que jamais celle-ci ne lui réponde. La magicienne s’est semble-t-il renfermée dans un mutisme éloquent. Peut-être pour se protéger psychologiquement, ou pour conserver quelques-uns de ses précieux savoirs ? La liche en sera cependant convaincue : la Dame est soumise à une forte pression et nul ne sait combien de temps elle saura résister à cette maudite Assemblée. Peut-être que cette dernière a même déjà réussi à obtenir de ce qu’elle désirait. Difficile de le savoir sans interroger la Dirigeante de l’Académie.

Quand enfin, les deux protagonistes rentreront à Liberty, et plus particulièrement à Magic pour faire leur rapport, ils apprendront avec désarroi le décès de Khalez. Les médecins sur place ont beau l’avoir pris en charge dès son arrivée, le mal était trop avancé pour que l’orc puisse être sauvé. L’homme a donc rendu son dernier soupir et ses supérieurs vont évidemment en être informés. Tadlos et Xera pourront bien sûr lui rendre un hommage avant de rentrer chez eux. Ils n’ont certes pas pu sauver la Dame. Mais ils savent au moins quelles sont les forces en présence. Et ce n’est pas un détail anodin, mine de rien.

Résumé et notes du MJ:

CENDRES